Violences faites aux femmes : les chiffres alarmants du HCP
Le Haut-commissariat au plan vient de dévoiler les résultats relatifs au coût social de la violence faite aux femmes et aux filles, tirés de l’enquête nationale réalisée en 2019. Le constat est alarmant : 60,2% des victimes ont souffert de troubles psychologiques suite à une violence physique, et 79% suite à une violence sexuelle.
Selon les résultats rendus publics récemment par le Haut-commissariat au plan (HCP) sur les conséquences des violences faites aux femmes, une femme sur quatre, victime de violence conjugale, et une femme sur dix, de violence sexuelle, ont souffert de blessures et/ou de problèmes psychologiques suite à l’incident de violence le plus grave vécu au cours des douze derniers mois.
Dans le document du HCP, on peut lire que, parmi ces victimes, «les troubles d’ordre psychologique sont rapportés par 60,2%, suite à la violence physique et 79%, suite à la violence sexuelle». La même source souligne que les conséquences psychologiques les plus courantes des violences physiques et sexuelles sont des sentiments de nervosité de frustration et d’anxiété (24% en cas de violence physique et 18% en cas de violence sexuelle). Des troubles du sommeil et une sensation de fatigue permanente sont également des conséquences pouvant découler des violences physiques et sexuelles.
D’un autre côté, les résultats de cette enquête révèlent qu’en cas de violence physique, 52,2% des victimes présentent des égratignures et ecchymoses, 11,2% des entorses et dislocations, 5,5% des incisions profondes et blessures graves, 5% des blessures au tympan ou aux yeux, 5,2% des fractures ou fissurations des os, et 4,9% des cassures de dents. Chez les victimes de violence sexuelle, indique le HCP, 13,6% d’entre elles souffrent de blessures et de déchirures au niveau des organes génitaux, 11,7% d’hémorragies, 9% de maladies sexuellement transmissibles, 6,6% de blessures et ecchymoses, et 3,5% font face à des grossesses non désirées.
En outre, le HCP souligne que des effets néfastes sur la santé physique et psychique des victimes sont aussi des conséquences de la violence subie dans les espaces publics. Ainsi, poursuit-on de même source, 34,3% des femmes souffrent de troubles d’ordre psychologique des suites d’une violence physique au sein de l’espace public et 79,1% des suites d’agression sexuelle. 63,7% des victimes présentent de multiples problèmes d’ordre physique, dont des ecchymoses et égratignures en cas de violence physique et 20,5% en cas d’agression sexuelle, note le HCP. Il ressort également de cette enquête que les violences physiques et sexuelles dans le contexte conjugal se répercutent sur les activités socioprofessionnelles des victimes, notamment par un absentéisme au travail, et sur les différents aspects des rapports sociaux.
«En effet, l’absentéisme au travail, que ce soit de la victime ou de son conjoint agresseur, a des impacts négatifs aussi bien sur le ménage, quant aux pertes éventuelles de revenu que sur la société, en termes de manque de productivité», explique le HCP.
Ce dernier relève qu’en plus du contexte conjugal, l’absentéisme au travail chez les actives occupées, victimes de violence physique dans l’espace public, est un phénomène assez fréquent (soit 29,8%). Et de préciser que le nombre moyen de jours de travail perdus suite à des violences physiques, survenant dans l’espace public, est de huit jours par an par victime active occupée. Quant aux effets directs de la violence vécue dans le cadre de l’exercice d’une activité professionnelle, l’enquête montre que les réactions des victimes, suite à une violence physique ou sexuelle, se manifestent au-delà de l’absentéisme. Par exemple, 53% des victimes de violence physique et/ou sexuelle dans le cadre de l’exercice de leur activité professionnelle déclarent une diminution de leur rendement au travail, tandis qu’environ 40% d’entre elles déclarent avoir changé de travail, et 7% ont carrément quitté le marché du travail. Cette enquête a été menée entre février et juillet 2019 par le HCP avec l’appui de l’ONU Femmes-Maroc, et ce, dans le cadre de la campagne nationale et internationale de mobilisation pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes. Elle a été réalisée sur la population féminine âgée de 15 à 74 ans ayant déclaré avoir été victimes de violence physique et/ou sexuelle au cours des douze derniers mois. Elle est appréciée selon le contexte de violence : conjugal, familial, dans les lieux de travail, dans les lieux d’études et dans les endroits publics, précise le HCP.
18e campagne marocaine de lutte contre la violence à l’égard des femmes
La 18e campagne marocaine de lutte contre la violence à l’égard des femmes a été lancée mercredi à Rabat, Placée sous le signe «Marocains unis et rejetant la violence contre les femmes», cette campagne va se poursuivre jusqu’au 10 décembre prochain. Elle vise à rendre les services de prise en charge fournis aux femmes victimes de violences accessibles et efficients. Les violences basées sur le genre se sont accentuées de 31,6% durant les périodes de confinement et d’urgence sanitaire par rapport à la même période de 2019, a fait remarquer la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF). Ainsi, un total de 4.663 actes de différentes formes de violences faites aux femmes ont été enregistrés au cours de la même période, a indiqué la fédération, soulignant que la violence psychologique a représenté le taux le plus élevé avec 47,9%, suivie par la violence économique avec 26,9%, et la violence physique (15,2%).
Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco