Maroc

Covid-19 au Maroc: la note pessimiste de la Banque mondiale

La Banque mondiale a rendu publique, lundi dernier, sa note de suivi portant sur la situation économique du Maroc. L’institution prévoit une récession en raison du double choc, intérieur et extérieur, résultant de la crise de la Covid-19. Les prévisions en chiffres. 

L’économie marocaine devrait connaître une profonde récession, la première depuis 1995. L’alerte est lancée par la Banque mondiale (BM) dans sa récente note sur la situation économique du Maroc, dans ce contexte de crise sanitaire et économique. Selon cette note, il est expliqué comment la réduction des envois de fonds, le ralentissement des activités touristiques et des Investissements directs étrangers (IDE), ainsi que la baisse significative des exportations ont une incidence négative sur la position des paiements extérieurs. Cependant, nuance la Banque mondiale, la croissance devrait se redresser progressivement. À quel horizon? L’institution de Bretton Woods joue la carte de la prudence en soulignant qu’une grande incertitude plane néanmoins sur le rythme et la durée de la reprise.

La Banque mondiale souligne également que les effets économiques de la crise, notamment la baisse de la production de biens et services, la réduction des exportations, la perturbation des chaînes de valeur mondiales et le déclin du tourisme, imposent des défis redoutables et sans précédent, alors que le Maroc s’efforce d’atténuer le double impact (sanitaire et économique) de la pandémie. Le rapport fait également ressortir que les risques sont toujours orientés à la baisse. Le retard dans la mise au point d’un vaccin, de nouvelles vagues de Covid-19 et un nouveau confinement plomberaient davantage la croissance, signale la Banque mondiale. «Sur le plan extérieur, la récession en Europe pourrait être plus profonde que prévu et conduire à une diminution potentielle des exportations, des recettes touristiques, des envois de fonds de l’étranger et des IDE au Maroc, ce qui aurait des répercussions sur le solde extérieur et exercerait une pression sur les réserves de change. Une perturbation continue des marchés de capitaux mondiaux pourrait entraver l’accès aux financements», ajoute la même source.

Par ailleurs, en raison d’une période de perturbation et de confinement plus longue au 2e trimestre 2020, la production économique s’est considérablement contractée, reculant de 13,8% par rapport à une augmentation de 0,1% au premier trimestre de 2020, indique lamême source.

Concernant l’offre, la banque mondiale souligne que les industries manufacturières ont connu un recul notable de 6% au 1er semestre 2020. Ceci s’expliquant par l’arrêt des activités de plusieurs secteurs à la mi-mars, en particulier le secteur automobile. Le PIB réel, indique la Banque mondiale, devrait se contracter de 6,3% en 2020, principalement en raison de la pandémie de la Covid-19, mais également des effets de la mauvaise pluviométrie sur le secteur agricole. La demande globale, exception faite de la consommation publique, devrait diminuer considérablement. À moyen terme, la reprise économique sera probablement prolongée, alors que la production agricole retrouve son taux de croissance historique et que le secteur non agricole se relève lentement dans le sillage d’un redémarrage progressif de l’activité, selon les prévisions de la BM. Quant au secteur du tourisme, la BM table sur un redressement plus lent en raison des préoccupations concernant les vagues ultérieures de la Covid-19 et la diminution des revenus des ménages qui pourraient plomber la demande mondiale.

La Banque mondiale alerte sur le déficit du compte courant qui devrait se creuser à 9,9% du PIB en 2020 avant de diminuer à moyen terme. «Le choc extérieur a entraîné une forte régression des importations, des exportations, des recettes touristiques et des envois de fonds. Bien que les importations (à l’exception des produits alimentaires) diminuent, cela ne compensera pas entièrement la baisse des exportations et des recettes touristiques.» Sur le plan budgétaire, les revenus seront inférieurs aux prévisions en 2020 et 2021, tandis que les dépenses devraient augmenter en 2020 en raison des dépenses supplémentaires liées aux mesures de riposte à la Covid-19. Par conséquent, le déficit budgétaire global s’élargira pour atteindre 7,6 % du PIB en 2020. La dette de l’administration centrale devrait monter à 78,9 % du PIB en 2022, avant de redescendre progressivement à 76,4 % d’ici 2025, affirme la BM. Le taux de pauvreté devrait augmenter en 2020 passant de 24,4% à 27,5% de la population totale, souligne la Banque qui prévoit cependant un taux de pauvreté à la baisse en 2021 et 2022, mais à un rythme beaucoup plus lent que les années précédentes. Les indicateurs de pauvreté ne reviendront pas à la situation d’avant-crise d’ici 2022, assure la Banque mondiale. 

El Mehdi Fakir, Économiste

La crise de la Covid-19 a eu des impacts négatifs qui ont touché la productivité nationale, ce qui place actuellement le Maroc dans une situation de récession. D’un autre côté, les répercussions de cette crise sur le plan sociétal conduisent naturellement à une augmentation de la précarité et de la pauvreté. Je pense que les questions que nous devons nous poser, aujourd’hui, doivent concerner l’ampleur de cette crise, sa portée et l’efficacité des mesures qui ont déjà été prises et celles qui seront prises à l’avenir. Nous souhaitons que les effets de cette crise sur le plan sociétal ne soient pas dramatiques et que les structures ne soient pas détruites. Nous espérons réellement une reprise économique à même d’engendrer la relance souhaitée.

Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco



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