Quelles perspectives économiques pour le Maroc ?
Les premiers signes de la reprise pointent du nez. Les exportations de l’automobile renouent avec une croissance positive (+3%). Pareil pour les exportations du secteur agro-alimentaire qui ont, pour leur part, enregistré une hausse de 12,6%. La branche textile et cuir voit aussi ses exportations s’améliorer de 7,7%.
La reprise générale se profile-t-elle à l’horizon ? Des premiers signes favorables semblent émerger, sans toutefois apparaître nettement. En effet, le ralentissement de l’économie nationale au troisième trimestre a été moins important qu’au trimestre précédent. Selon la note de conjoncture du troisième trimestre, publiée par le Haut-commissariat au Plan (HCP), l’économie nationale a fléchi de 8,7% à fin septembre, au lieu de 14,9% à fin juin. Le HCP souligne tout de même que cette régression s’est faite sous l’effet d’une contraction de 9% de la valeur ajoutée, hors agriculture et d’une baisse de 6,2% de l’agriculture.
Un contexte extérieur, moins pénalisant
Le contexte international aurait été moins pénalisant pour l’économie nationale, avec la levée partielle des restrictions des déplacements et l’amélioration progressive de l’activité au niveau mondial. Des signes favorables de reprise seraient apparus dans les principaux pays avancés, après une baisse de 12,1% de la croissance en zone euro et de 9,1% aux États-Unis, au deuxième trimestre. Portée par la hausse de la demande et la réouverture des commerces de détail dans plusieurs pays, l’activité industrielle dans les pays avancés se serait légèrement améliorée, mais sans pour autant retrouver son niveau d’avant la crise. Les craintes d’un reconfinement et d’une nouvelle vague de la pandémie Covid-19, ainsi que les restrictions de voyages dans certains pays, ont eu pour effet de limiter la demande mondiale énergétique face à une offre encore pléthorique exacerbée, entre autres, par la reprise de la production libyenne de pétrole. Au niveau du commerce mondial, les échanges internationaux ont pris de l’élan au troisième trimestre. Bénéficiant d’un léger regain de dynamisme des importations des principaux partenaires commerciaux. C’est dans ce contexte que la demande mondiale adressée au Maroc s’est améliorée de 9,3% par rapport au deuxième trimestre. Sa baisse en variation annuelle se serait atténuée, pour atteindre -10,2%, après une chute de 17,9% un trimestre plus tôt.
Allégement du déficit commercial national
Au niveau national, le déficit commercial des biens et services, en volume, se serait allégé de 10,2% au troisième trimestre 2020. Les exportations, moins pénalisées par le contexte extérieur et les mesures sanitaires restrictives, ont baissé de 16,9% en variation annuelle, au lieu de 28,7% un trimestre plus tôt. Les importations de biens et services, en volume continuent, pour leur part, sur leur trend baissier au troisième trimestre, mais à un rythme moins prononcé qu’au trimestre précédent, soit -15,4% au lieu de -25,7%. En revanche, les importations des biens alimentaires se seraient inscrit en hausse de 17,3%, alimentées par les importations de blé, d’orge et de thé, alors que celles du sucre et du maïs se sont repliées.
Légère remontée des prix à la consommation
Au troisième trimestre 2020, les prix à la consommation se sont redressés de 0,7%, après avoir quasiment stagné au trimestre précédent. Cette évolution résulte d’une augmentation de 0,9% des prix des produits alimentaires, notamment les produits frais et d’un retournement à la hausse de 0,4% des prix des produits non-alimentaires.
Perspectives au 4e trimestre
Sous l’hypothèse d’une poursuite des vagues locales sporadiques d’infections, et donnant lieu à des interventions ciblées plutôt qu’à des confinements nationaux, la demande mondiale adressée au Maroc s’améliorerait de 0,5% au quatrième trimestre 2020 par rapport au troisième trimestre, mais sa variation annuelle demeurerait négative, se situant à -8,9%. La demande intérieure poursuivrait, pour sa part, son redressement progressif modéré. Dans l’ensemble, la consommation domestique fléchirait de 7,9%. Les dépenses en services non-marchands, particulièrement sociales, resteraient relativement dynamiques, situant la hausse de la consommation publique à 5,7%. L’effort d’investissement resterait relativement modéré, notamment dans les produits industriels et de construction et sa reprise serait lente et progressive. Dans ces conditions, les activités hors agriculture devraient poursuivre leur tendance baissière, au quatrième trimestre 2020, affichant un repli de 5,2%, au lieu de 9% au troisième trimestre. Dans le secteur secondaire, la baisse de la valeur ajoutée se situerait à 5,3%. L’activité industrielle poursuivrait son rétablissement et celle de la construction se redresserait légèrement, mais elles seraient toujours pénalisées par une demande peu dynamique. La production d’électricité se redresserait, également, dans le sillage de la reprise graduelle des activités industrielles. Dans le secteur tertiaire, l’activité poursuivrait sa reprise modérée dans le commerce, le transport interurbain et la restauration, alors qu’elle resterait relativement dynamique dans les services non-marchands, notamment sociaux et de santé. Dans l’ensemble, le secteur contribuerait pour -2,8 points à l’évolution du PIB.
Modeste Kouame / Les Inspirations Éco