GTNF : Pour un monde sans tabac
Comment un pays peut-il devenir non-fumeur d’ici dix à quinze ans ? La réponse à cette question a focalisé les échanges lors du Global Tobacco & Nicotine Forum, tenu le mois dernier. Des intervenants de haut niveau ont apporté un éclairage sur les mesures à prendre en considération pour atteindre cet objectif.
Depuis son lancement en 2008 à Rio de Janeiro à ce jour, le Global Tobacco & Nicotine Forum (GTNF) est devenu un lieu d’échange international d’opinions et d’idées entre les spécialistes de santé publique, les représentants gouvernementaux, les investisseurs et les membres des industries du tabac et de la nicotine. L’édition 2020 de cet événement mondial s’est tenue du 21 au 24 septembre derniers. Le GTNF a mis l’accent sur la façon dont l’industrie peut induire un changement durable par l’innovation et la réglementation, en répondant à la demande croissante en nouveaux produits de la part des consommateurs. Il s’agit de relever les défis continus qui exigent de notre société mondialisée que ses citoyens soient de bons citoyens corporatifs et responsables. Plusieurs panels de qualité se sont déroulés lors de l’événement : l’avenir de la nicotine pour les années à venir; comment avancer les objectifs de la lutte antitabac ?; comment les produits du tabac à risque modifié peuvent impacter positivement la santé des fumeurs ?…
L’avenir de la nicotine
Le premier panel du GTNF s’est concentré sur une question essentielle : que faut-il pour qu’un pays devienne non-fumeur d’ici dix à quinze ans ? Chaque participant a fait part de ses réflexions, concluant qu’un effort conjoint entre la communauté scientifique et les organismes de santé publique, dont la FDA, était nécessaire, pour accélérer le processus visant à mettre fin à l’utilisation de produits combustibles et à promouvoir l’objectif d’élimination des maladies et de la mortalité liées au tabagisme. Dans ce sens, Michael Cummings, professeur au Département de psychiatrie et des sciences du comportement de l’Université de médecine de Caroline du Sud, a assuré qu’«envisager un monde où les cigarettes ne créeraient plus ou ne maintiendraient plus la dépendance, et où les adultes qui ont besoin ou veulent de la nicotine pourraient l’obtenir à partir de sources alternatives moins nocives, doit être la pierre angulaire de nos efforts – et nous pensons qu’il est vital que nous recherchions un terrain d’entente». Pour parvenir à cet objectif, il faut mettre en place un processus réglementaire qui encourage l’innovation et l’investissement dans des produits à faible risque, promouvoir la recherche scientifique collaborative et trouver des moyens de soutenir le dialogue entre les multiples parties prenantes. Clifford E. Douglas, directeur du Réseau de recherche sur le tabac aux États-Unis, a expliqué de son côté, qu’«un marché sans combustion peut être réalisé au cours des prochaines années aux États-Unis si la FDA va de l’avant avec sa proposition de VNLC et si les principaux fabricants coopèrent réellement». Pour lui, il est essentiel que les fabricants de tabac saisissent la vente de cigarettes et autres produits de tabac combustibles contenant plus du seuil minimum de nicotine. Il s’agit d’un délai rapide, mais pas déraisonnable pour mettre fin à ces ventes d’ici le 31 décembre 2025.
Potentiel des produits à risque modifié
Le panel dédié aux produits du tabac à risque modifié s’est concentré sur l’évaluation de la compréhension et des perceptions des informations sur les risques modifiés pour les produits du tabac, en explorant les cas concrets de deux produits comme IQOS de Philip Morris International et SNUS, de Swedish Match, qui ont obtenu un ordre de modification des risques. Les panélistes ont expliqué le processus pour obtenir cette reconnaissance par la FDA, et l’impact qu’elle a eu sur la population en général et sur les fumeurs en particulier. En outre, Moira Gilchrist, vice-présidente de la communication stratégique et scientifique chez Philip Morris International, a eu l’occasion d’expliquer l’importance de cette décision historique de la FDA à IQOS et de partager ses perspectives sur l’avenir de la société et de son portefeuille de produits..
Contrôle du tabagisme et réduction des risques. L’association internationale créée
La création de l’Association internationale pour le contrôle du tabagisme et la réduction des risques (SCOHRE) a été annoncée, suite à la clôture du 3e sommet scientifique d’Athènes. Dans un climat épistémologique où les perceptions sur les effets de la nicotine sont en contradiction avec le consensus médical, l’objectif de l’association est de fournir aux parties prenantes des informations scientifiques et équilibrées sur les effets de la nicotine. SCOHRE pense que les stratégies de lutte contre le tabagisme devraient être remodelées pour inclure la réduction des dommages par l’utilisation de produits alternatifs potentiellement à moindre risque, en plus des mesures traditionnelles de sevrage tabagique et de prévention du tabagisme. .
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco