CGEM. Les patrons s’attendent au pire
Le coût économique et social de la crise sanitaire sera lourd. C’est en dressant ce bilan que Chakib Alj, le président de la Confédération générale des entreprises au Maroc (CGEM), a entamé son discours, prononcé jeudi, à l’occasion du Conseil national de l’entreprise (CNE) tenu en présence de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, en tant qu’invité d’honneur.
Il faut dire que ce CNE se tient dans une conjoncture bien particulière. Le tissu entrepreneurial subit depuis de longs mois les effets du contexte sanitaire, si bien qu’au «vu du peu de visibilité que nous avons, une cohabitation avec le virus s’impose pour limiter les dégâts», recommande le patrons des patrons. Une série de mesures a été, certes, activée par le gouvernement en partenariat avec le patronat et d’autres institutions, mais les attentes des entrepreneurs demeurent encore nombreuses pour pouvoir faire face à l’onde de choc du nouveau coronavirus.
Chakib Alj déplore d’ailleurs «que la mobilisation, la réactivité et le sens de l’urgence observés en début de crise, notamment au sein du Comité de veille économique, ne sont plus palpables, alors que la survie des entreprises, et donc la pérennité des emplois, sont extrêmement menacés». Il insiste ainsi sur l’enjeu que représente cette mobilisation, estimant qu’il «y va sérieusement de notre équilibre social». Et pour que le cap de la relance puisse être amorcé, Alj défend la révision des Accords de libre échange, l’encouragement de l’innovation via par exemple l‘instauration du crédit impôt-recherche, la modernisation du système judiciaire, la mise sur pied de la réforme de la charte de l’investissement et le déploiement d’un e-gov efficient au profit du citoyen, de l’entreprise et du secteur public. Cela, en plus de l’amélioration du volet fiscal, «soubassement indispensable pour instaurer les bases d’une économie plus résiliente et compétitive», estime le président de la confédération patronale. À ce titre, rappelons que la CGEM a prévu de rendre publiques ses recommandations pour le projet de loi de Finances 2021, lundi prochain.
Une série de priorités
Pour cette rentrée économique, plusieurs dossiers chauds sont inscrits à l’ordre des priorités de la confédération patronale. Sur le volet social, Alj cite l’amélioration de l’Indemnité Perte d’Emploi (IPE) et/ou l’instauration d’autres mécanismes comme une indemnité de chômage. Il insiste également sur la mise en place de systèmes incitatifs à la déclaration des salariés à la CNSS, ainsi que sur l’amendement de la Loi sur la grève et du Code du travail «sur lesquels nos positions sont claires et inchangées», souligne-t-il. Autre priorité : le patron des patrons fait part du satisfecit du gouvernement à propos de la circulaire du chef de gouvernement sur l’activation de la préférence nationale, mais «ce n’est pas suffisant. De nouvelles dispositions de la réglementation des marchés publics doivent être mises en place pour rendre effective cette préférence nationale», martèle-t-il. Ce que les patrons veulent, c’est une montée en cadence de la commande publique à travers les partenariats public-privé, explique Alj. Un cadre spécifique pour la TPME marocaine ou encore l’activation du Fonds d’investissement stratégique font partie des autres grandes attentes du patronat.
Plan de relance industrielle 2021-2023 : trois chantiers dans le pipe
Le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, a annoncé trois chantiers stratégiques pour renforcer le positionnement de l’industrie marocaine dans le cadre du plan de relance industrielle (PRI) 2021-2023. Il s’agit en premier lieu de confirmer la place industrielle du royaume et conquérir de nouveaux marchés et des territoires industrielles en utilisant la commande publique comme catalyseur, a précisé Elalamy dans une présentation au Conseil national de l’entreprise de la Confédération générale des entreprises du Maroc. Le deuxième chantier porte sur l’amélioration de la compétitivité de du Maroc, en déroulant la phase II de la stratégie industrielle pour devenir la base mondiale la plus compétitive à destination de l’Europe, a-t-il ajouté, notant que le troisième vise à positionner le royaume comme base industrielle décarbonée et circulaire, en mobiliser une partie des énergies renouvelables du royaume, au service d’un ancrage industriel.
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco