Taux directeur : les paris sont lancés
Entre une nouvelle baisse du taux directeur et un éventuel statut quo, les avis fusent. Pour certains professionnels, la Banque centrale se doit d’innover au niveau de sa politique monétaire, et ne plus focaliser ses actions sur les variations du taux directeur.
À l’approche de la tenue du conseil de la Banque centrale, les supputations vont bon train quant au sort du taux directeur. Si certains espèrent une énième baisse, d’autres tablent plutôt sur un statu quo. Celui-ci est établi actuellement à 1,5%.
Pour rappel, Bank Al-Maghrib (BAM) a procédé à deux reprises à la réduction du taux directeur. Une première baisse de 25 points de base a été annoncée en mars dernier, suivie d’une seconde diminution de 50 points de base prescrite en juin. Le but étant d’atténuer les effets négatifs de la crise sanitaire sur l’activité économique et ainsi renouer avec la croissance. Théoriquement, ces décisions jugées audacieuses par le marché serviraient à augmenter la capacité des banques commerciales à financer l’économie à des conditions moins onéreuses. In fine, le niveau bas du taux directeur devrait influencer la production de crédits, la masse monétaire en circulation et, de facto, l’activité économique du pays. Les taux débiteurs devraient également s’orienter vers le bas.
D’ailleurs, «ces révisions du taux directeur ont essentiellement contribué à baisser mécaniquement les taux de crédits adossés aux taux directeurs, notamment ceux mis en place par les autorités en vue de relancer l’activité économique, à savoir Damane Relance et Relance TPE», souligne un analyste.
Or, pour d’autres professionnels de la place, hormis l’effet sur ces produits de relance, l’impact de cette disposition sur les autres sources de financement sera au final différé dans le temps et dans des proportions moins importantes. De plus, le niveau de la contraction devient aussi tributaire du niveau de risque associé aux nouveaux crédits.
« Le temps de latence pour pouvoir apprécier les répercussions des baisses du taux directeur est assez long… Son impact ne pourra se faire ressentir qu’à partir du second semestre », a précisé Lotfi Sekkat, PDG de CIH Bank, lors de la présentation des résultats semestriels du groupe.
Un constat partagé par bon nombre de professionnels de la place qui tablent justement sur un éventuel statut quo de la Banque central. «Il faudra attendre de voir les effets de ces deux révisions sur l’économie réelle durant ce deuxième semestre, avant de décider d’une troisième», remarque un analyste jugeant les décisions de BAM trop accommodantes. Il tance, «Bank Al-Maghrib se doit d’assurer la stabilité du système bancaire et financier à travers une politique monétaire innovante, sans opter pour des solutions de facilité ». Au final, le marché sera fixé le 22 septembre prochain.
Aïda Lô / Les Inspirations Éco