Hausse du SMIG : les patrons réclament un délai de six mois
La question sera au centre de la prochaine réunion du dialogue social. Les patrons lui préfèrent la généralisation de l’IPE à tous les secteurs, sur la même période. La priorité actuelle étant, selon eux, de sauver les emplois existants.
Les patrons sont vent debout contre la hausse du SMIG ! Face au sujet, qui a occupé une bonne partie du temps consacré aux questions/ réponses, lors du point de presse organisé, mercredi au siège de la CGEM, pour présenter les priorités du patronat pour la rentrée 2020-2021, les opérateurs campent fermement sur leur position. En effet, ils demandent au gouvernement et aux partenaires sociaux, qui se réuniront prochainement, de «repousser de six mois la hausse du SMIG, déjà effective dans certains secteurs». Ils proposent de la remplacer par une Idemnité pour perte d’emploi (IPE) généralisée à tous les secteurs sur la même période, c’est-à-dire sur six mois. C’est de cette manière que le président de la CGEM, Chakib El Ajl et son équipe entendent participer à l’élan de solidarité requis en ces temps de crise. En effet, l’IPE est financée aux 2/3 par les patrons et le reste est pris en charge par les salariés.
Priorité aux secteurs en grande difficulté
L’IPE sera prioritairement accordée aux TPME autres que celles du tourisme qui a déjà son plan de relance. «À ce jour seul le secteur du tourisme a eu son plan de relance, sachant que plusieurs secteurs sont en grande difficulté notamment le textile, la restauration, l’événementiel, l’enseignement privé, le commerce etc. Ce sont essentiellement ces TPME qui composent notre tissu entrepreneurial qu’il faut appuyer et accompagner au regard de leur rôle moteur dans l’équilibre socio-économique», a notamment expliqué le patron des patrons, qui a également apporté d’autres arguments pour justifier la demande de report de la hausse du SMIG. Selon lui, actuellement, le principal but du patronat est de sauver des emplois, ce qui est, dit-il, incompatible avec la hausse du SMIG qui risque de fragiliser certains secteurs et de faire flamber les pertes d’emplois. Des patrons ont même évoqué l’impact que cette hausse pourrait avoir sur l’informel qui représente déjà 50% de l’économie marocaine.
Seule la moitié de l’enveloppe prévue pour l’IPE est consommée
Tout en rappelant que seuls 250 millions de DH sur 500 millions de DH consacrés à l’IPE sont à ce jour consommés, Abdelilah Hifdi, le président du groupe CGEM à la Chambre des Conseillers est lui allé plus loin. Comme si les obligations qui pèsent déjà lourdement sur les pouvoirs publics ne suffisaient pas, et que Mohamed Benchâaboun, ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration «ne sait plus où donner de la tête» pour trouver des fonds, Hifdi demande à l’État de participer également au financement de l’IPE et d’essayer d’alléger les conditions d’accès, ce qui permettra à un plus grand nombre d’en bénéficier. S’inscrivant dans une démarche moins lobbyiste, le vice-président de la CGEM et président de la Commission TPE-PME, Mohamed Talal a déclaré : «nous défendons l’IPE pour les TPME parce que la croissance passera par la consommation. Il faut donc relancer la demande intérieure et les entreprises marocaines ont un important rôle à jouer à cet effet». Comment ? «Elles doivent revoir leurs produits notamment en travaillant sur des propositions de substitution aux importations», dixit Talal.
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco