CDG Capital décrypte les récentes décisions de la Banque centrale
Les décisions récentes prises par Bank Al-Maghrib, en l’occurrence la baisse de 50 points de bases (Pbs) du taux directeur à 1,5% et la neutralisation de la réserve monétaire obligatoire (RMO), permettront une relance conditionnée des crédits et de la demande globale intérieure, estime CDG Capital.
« L’objectif espéré suite aux différentes mesures expansionnistes prises par Bank Al-Maghrib est d’accompagner l’économie nationale en vue de surmonter les répercussions de cette pandémie, et ce à travers une facilitation de l’accès au financement à des conditions avantageuses et à un coût réduit », explique CDG Capital dans un flash « post-Conseil Bank Al-Maghrib ». Ainsi, d’après la même source, cette orientation expansionniste permettra une relance des crédits aussi bien aux entreprises, particulièrement les TPME, que les ménages, une réduction du coût de financement du Trésor public et des entreprises et établissements publics qui devraient jouer le rôle de catalyseur à travers une politique budgétaire contracyclique et une baisse du coût de la dette privée au profit des entreprises ayant accès au marché.
« Toutefois, et à l’image des expériences récentes au niveau des économies développées, la solution monétaire a démontré beaucoup de limites dans la relance économique », tient à souligner CDG Capital, notant que malgré les mesures expansionnistes menées par les Banques centrales en vue de redresser la croissance et stimuler l’inflation, « la reprise s’affiche difficile et les risques désinflationnistes se concrétisent ».
Les analystes évoquent, dans ce sens, plusieurs facteurs qui bloquent le déclenchement d’un cycle expansionniste de l’économie, notamment, la préférence pour le cash et le besoin de désendettement des agents économiques, la perte d’emploi et la reconstitution des marges d’épargne, la concentration de la demande sur les biens de première nécessité et le report des décisions d’investissement, ainsi que la rigidité des salaires, et la vigilance des banques en termes de distribution des crédits.
Sur le plan monétaire, CDG Capital s’attend à une atténuation du déficit de liquidité du système bancaire de 12 milliards de dirhams (MMDH) et une baisse de 50 points de base le TMP interbancaire, tout en précisant que suite à l’annulation de la réserve monétaire obligatoire (RMO), la maîtrise du TMP à un niveau collé au nouveau taux directeur 1,5% dépendra de la capacité de la banque centrale à déterminer avec exactitude le besoin de liquidité des banques.
« En effet, la RMO jouait le rôle de régulateur en absorbant les excédents de liquidité conjoncturels », souligne la note.
Financièrement, CDG Capital anticipe une réduction du coût de financement du Trésor public et des opérateurs économiques aussi bien les entreprises que les ménages.
« Il est à noter que l’impact sur les taux primaires et secondaires des Bons du Trésor sera immédiat sur la partie courte avec une transmission graduelle pour les parties moyenne et longue de la courbe. De même, la baisse pourrait dépasser les 50 Pbs en liaison avec la formation de nouvelles anticipations baissières sur les deux prochains Conseils de la Banque au titre de l’année 2020 », relève CDG Capital.
Cette orientation baissière, poursuit la même source, impactera également, à des degrés différents, les taux associés aux titres de la dette privée. Parallèlement, les taux débiteurs, sous pression de la banque centrale, devraient baisser graduellement, et ce avec des niveaux différents selon les risques associés aux catégories de crédits.
Les analystes de CDG Capital rappellent par ailleurs, que la baisse exceptionnelle de 50 Pbs du taux directeur à 1,5% marque « un niveau historiquement bas depuis la réforme du cadre de la politique monétaire au cours des années 90, avec la suppression de l’encadrement des crédits (1993) et la libération des taux débiteurs (1996) ».
De même, la dernière baisse de 50 Pbs remonte à janvier 2003. Depuis cette date, Bank Al-Maghrib procédait à des variations limitées à 25 Pbs.