A Fès, les artisans souffrent en silence
Le moral des artisans est en berne. Malgré les dispositifs mis en place par l’État, beaucoup d’artisans se trouvent toujours privés de revenus. Les mesures de confinement imposées par le gouvernement pour restreindre la propagation du virus Covid-19 ont eu un impact concret sur la vie quotidienne des artisans de la Région Fès-Meknès, dont la plupart d’entre eux ne sont ni des Ramedistes ni des affiliés à la CNSS. Beaucoup d’artisans échappent aux conditions d’éligibilité dans les mesures de sauvetage économique du gouvernement. La pandémie a fragilisé des milliers d’artisans traditionnels en raison de la difficulté qu’ils rencontrent pour commercialiser leurs produits, sans pouvoir garantir leur gagne-pain quotidien. Il est à noter que ce secteur occupe une place primordiale dans la région du fait qu’il est le premier pourvoyeur d’emplois puisqu’il y génère des revenus pour plus de 105.100 artisans.
À Fès, le secteur de l’artisanat fait vivre plus de 260.000 personnes, soit 27% des habitants de l’ancienne médina. Le chiffre d’affaires de cette activité s’élève à plus de 4 MMDH, soit 47% des exportations marocaines du secteur. En totalité, la région compte 38.045 entreprises et coopératives d’artisanat et pas moins de 376 organisations professionnelles. Actuellement, presque tous les artisans à Fès craignent une disparition en cascade. Plusieurs d’entre eux ont mis en jeu leur patrimoine personnel et familial et se sont retrouvés rapidement en difficulté.
En ce moment, la plupart des artisans s’interrogent sur l’initiative que le gouvernement s’apprête à prendre pour soutenir les artisans traditionnels afin de promouvoir leurs produits dans ce contexte de récession qui frappe l’économie nationale et mondiale.
Dans ce cadre, le parlementaire Driss El Alaoui El Houssaini, membre de la Chambre de l’artisanat de la Région Fès-Meknès, a envoyé une demande au chef du gouvernement et à la ministre du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale les invitant à intégrer les artisans et leurs familles dans la catégorie sociale la plus démunie qui bénéficiera de l’aide sociale de l’État, ce qui va sans doute les aider à surpasser cette conjoncture. Rappelons que la dernière enquête réalisée par la Confédération marocaine des TPE-PME a révélé que les structures les plus impactées par cette crise sanitaire sont les TPE, de même que les auto-entrepreneurs, avec un taux de 90%. Les PME et les coopératives, quant à elles, affichent un taux respectif de 8% et 2%. Il est à noter que les très petites et moyennes entreprises (TPME) couvrent 95% de la sphère entrepreneuriale marocaine. Sans cesse animée par ses nombreux bazars, ses commerces, ses artisans et ses marchands ambulants, l’ambiance qui caractérise les ruelles étroites de la médina s’est drastiquement métamorphosée et a fait de cette cité médiévale du monde une cité fantôme.