Audiovisuel: opérateurs publics et privés en guerre contre les fake news
Qu’il s’agisse des opérateurs publics ou privés, la lutte contre la propagation du coronavirus domine l’ensemble des programmes diffusés depuis la proclamation de l’état d’urgence sanitaire. Si un état des lieux est actuellement en cours de préparation quant aux données chiffrées des émissions qui ont été consacrées à la sensibilisation des auditeurs et des téléspectateurs par le gendarme du secteur, le principal constat qui se dégage concerne la forte mobilisation qui a été affichée par les opérateurs privés notamment.
Concernant le pôle public, le chantier de l’enseignement à distance a accaparé aussi l’attention, ce qui a réduit la contribution des chaînes publiques au spot de sensibilisation préparé par le département de la Santé, même si un effort considérable a été ressenti au niveau des bulletins d’informations. Il est à noter que les recommandations qui ont été émises le 18 mars dernier par la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) ont été entièrement respectées. Tous les spots de sensibilisation au Coronavirus sont maintenant diffusés sur toutes les chaînes publiques, dans les deux langues nationales, arabe et amazighe et avec le langage des signes pour les télévisions. La HACA a également demandé que la nature et les moyens de transmission du virus ainsi que les gestes-barrières recommandés pour en limiter la propagation soient aussi transmis dans les deux langues.
Les fausses informations pulullent sur les réseaux sociaux
Depuis la proclamation de l’état d’urgence sanitaire, les réseaux sociaux ont constitué souvent la source de fausses informations dont l’objectif est de mettre les personnes connectées durant cette période de confinement sous le joug de la peur. La plupart des opérateurs privés, de la radio essentiellement, ont pu durant ces 3 dernières semaines instaurer une relation dynamique sur les réseaux sociaux en vue de relayer les informations qui sont tirées de sources fiables et autorisées. La cible formée par les jeunes a également influencé positivement le contenu des débats organisés avec des médecins, des économistes et des sociologues à propos des retombées de la crise sanitaire mondiale qui n’a pas épargné le Maroc. Le principal fait marquant a été la forte mobilisation affichée par les opérateurs audiovisuels pour lutter contre les fausses informations. Des rubriques ont été créées pour dissiper toutes les craintes des citoyens contre plusieurs risques qui dépassent la strict cadre sanitaire. Ainsi plusieurs types de fausses informations ont été étalées par les médias, lesquelles ont été réfutées soit par les organismes ou les instances qui ont fait l’objet de la fausse information soit en faisant appel à des enquêtes de terrain concernant essentiellement l’approvisionnement des marchés, la lutte contre la hausse illégale des prix et les meilleures pratiques préventives contre la Coronavirus. Il est à noter que la HACA a insisté lors de la dernière décision du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle sur la priorité qui doit être accordée à la lutte contre les fausses informations via «un effort d’information rigoureux et exhaustif et une démarche de sensibilisation rationnelle et responsable en vue d’obtenir des résultats probants en matière de consolidation de la prise de conscience collective et de lutte contre la circulation des fausses informations relatives au Coronavirus et aux moyens de s’en préserver individuellement et collectivement». La Haute autorité de l’audiovisuel appelle donc à renforcer le seuil de la mobilisation exceptionnelle des médias publics et privés durant cette étape pour que les citoyens bénéficient des informations justes et fiables durant cette période de crise.
Des normes strictes pour les émissions
La haute autorité a déjà fixé le cadre des émissions dédiées aux informations sanitaires diffusées par les opérateurs audiovisuels publics et privés. La liste ciblée par la HACA englobe les émissions en studio, les programmes de débats, les émissions interactives avec le public via le téléphone, les messages électroniques ou les réseaux sociaux ainsi que les émissions spéciales. Le principal souci est de renforcer l’encadrement des programmes traitant de la santé par une recommandation définissant un certain nombre de règles précisant la qualité des intervenants, les contenus des programmes et des discours publicitaires sur ce sujet. Concernant le volet lié au contenu des programmes diffusés, le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle reste intransigeant à propos de l’interdiction «d’établir des diagnostics relatifs à l’état de santé des auditeurs qui les appellent pour demander conseil» et de veiller à ce que les intervenants dans les émissions évitent de prescrire des traitements et d’inciter les auditeurs à solliciter l’avis d’un spécialiste.
Les correctifs à apporter
Durant cette période cruciale de la lutte contre la propagation de ce virus mortel, les opérateurs audiovisuels seront dans l’obligation d’accompagner les efforts destinées à assurer de bonnes conditions pour le confinement. La HACA insiste dans ce registre sur la simplification des messages transférés aux téléspectateurs et aux auditeurs, vu que plusieurs catégories demeurent jusqu’à présent négligées dans la cible des programmes. Le contexte particulier de la mobilisation nationale exceptionnelle contre la propagation dudit virus justifie l’intensification des messages diffusés aux élèves parce que la période actuelle ne doit pas être confondue avec des vacances prolongées. Cette exigence découle de la nécessité de renforcer la prise de conscience des citoyens sur la nécessité de suivre les consignes émises par les pouvoirs publics en vue d’éviter la propagation du virus. Le suivi assuré par la HACA devra également se focaliser durant ce mois d’avril sur la qualité du débat qui est quotidiennement ouvert par les opérateurs en vue de mieux informer sur les mesures préventives à prendre et nouvellement décrétées.