Croissance: tout droit vers une année blanche !
Si le Maroc a mis en place un fonds spécial pour la gestion de la pandémie Covid-19, fonds auquel on a injecté, en l’espace de 48 heures, un montant supérieur à 10 MMDH via des dons des entreprises et des institutions privées et publiques ainsi que des particuliers, l’économie nationale sera sérieusement impactée de par son ouverture et ses interdépendances avec le monde extérieur, avertit le Centre marocain de conjoncture (CMC) dans une note de trois pages. De fait, poursuit la même source, le Maroc se trouve pris en tenaille, entre les effets dévastateurs du coronavirus et la contre-performance quasiment connue du secteur agricole.
L’avenir est sombre
«Aujourd’hui, le sérieux déficit pluviométrique constaté au cours des derniers mois préfigure une mauvaise campagne agricole dont l’ampleur a déjà poussé le ministère de tutelle à mettre en œuvre un plan d’urgence pour pallier le manque d’eau et protéger le cheptel», souligne le CMC pour lequel, compte tenu de la singularité de l’exercice 2020, les hypothèses ayant présidé à l’établissement des prévisions exploratoires pour l’économie marocaine sont conditionnées par le développement rapide des événements et, par voie de conséquence, demeurent assez fragiles. Le moins que l’on puisse dire est que ce qui s’annonce n’est pas rassurant.
L’hypothèse centrale considère que la crise sanitaire prendrait fin au milieu de l’année et que la reprise devrait se faire progressivement sans à-coups. Pire encore, la campagne agricole 2019-2020, assez sèche, engendrerait un affaissement notable de la production céréalière qui ne dépasserait guère les 40 millions de quintaux. Cependant, il existe une petite lueur d’espoir. Si la baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib d’un quart de point ne produisait aucun effet immédiat sur l’économie réelle, la politique budgétaire largement accommodante initiée par la création du fonds spécial de gestion de la pandémie du coronavirus et la solidarité agissante des Marocains pourrait en revanche bien faire éviter la faillite à bon nombre d’entreprises et sauver des emplois.
Une croissance du PIB de 0,8% pour l’exercice 2020
Quant aux autres hypothèses conventionnelles qui se trouvent derrière ce scénario, elles tablent sur un redressement du prix du pétrole au milieu de l’année pour se stabiliser autour de 50 dollars après la chute qu’il a accusée, se retrouvant en dessous de la barre des 30 dollars. «Elle supposent que l’inflation resterait contenue à un niveau assez bas. Elles présument aussi qu’avec l’élargissement de la bande des fluctuations possibles concernant les termes de change, la parité du dirham pencherait plus vers une réévaluation vis-à-vis du dollar et connaîtrait une dépréciation par rapport à l’euro», explique-t-on.
Dans le cadre de cette panoplie d’hypothèses -fragiles mais soutenables- et au vu des maigres indices précurseurs, poursuit la note, la configuration des prévisions sectorielles retenues pour le scénario de référence a permis de dégager un taux de croissance conjecturable du produit intérieur brut à prix constants d’environ 0,8% pour l’exercice 2020.
Le CMC indique à ce propos que la contre-performance économique devrait découler du retrait de l’ensemble des secteurs sous les effets multiples déclenchés par le Covid-19, de la psychose à la perte de confiance en passant par les restrictions des déplacements et le confinement, soulignant qu’en dehors du secteur agricole, qui devrait afficher une diminution de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3% en raison des conditions climatiques pernicieuses enregistrées durant l’hiver, les autres secteurs devraient pâtir des dégâts causés par le coronavirus à des degrés divers en accusant un ralentissement voire une baisse importante de l’activité.
À noter également que le secteur de l’hébergement et la restauration figure parmi les activités les plus touchées. La valeur ajoutée de celui-ci en termes réels «devrait fléchir d’environ 25% tant la reprise serait lente et difficile». Concernant les services de transport aussi bien aérien, ferroviaire que routier, ils devraient marquer le pas et leur valeur ajoutée globale connaîtrait une stagnation en glissement annuel. Quant au secteur de l’industrie extractive, il devrait subir l’impact du rétrécissement des marchés extérieurs induit par le mouvement dépressif de l’économie mondiale.
Le rythme de sa croissance pour 2020 connaîtrait un ralentissement et serait amputé de moitié comparativement à celui de l’année écoulée qui serait de l’ordre de 5%, a fait savoir le CMC qui conclut que, dans cette texture anticipée de la croissance de l’économie nationale pour l’année 2020, la contribution des activités des industries manufacturières resterait modeste et se situerait en deçà des 2% au terme de l’année.