Agadir. Comment était la ville avant 1960…
Hormis le musée de la mémoire, la ville ne dispose d’aucun espace mémoriel présentant son architecture urbaine d’avant le séisme de 1960. Le projet Agadir Mémorial 1960, le premier au Maroc et en Afrique veut reproduire sous forme de mémoiroscope, en miniature et à l’identique les quartiers disparus lors de ce drame.
«…Si le destin a décidé de la destruction d’Agadir, sa reconstruction dépendra de notre foi et de notre volonté…», c’est la déclaration faite par le Roi Mohammed V le lendemain du séisme qui a frappé Agadir, le lundi 29 février 1960. Ladite déclaration est inscrite sur le mur du souvenir de la ville. Six décennies après ce drame, une nouvelle Agadir a été reconstruite et elle commémore chaque année cet anniversaire tragique où six importants quartiers de la ville ont été détruits et effacés de la carte.
Cependant, 60 ans plus tard, aucun projet n’a encore été consacré à faire revivre la mémoire du patrimoine urbain détruit lors du séisme et celle des victimes. Le projet, Mémorial Agadir 1960 sera, une fois réalisé, «le premier au Maroc et en Afrique, à reconstituer, sauvegarder, protéger et conserver la mémoire collective des victimes et le patrimoine architectural et urbain, en plus de l’histoire et l’authenticité sociologique de la ville d’Agadir d’avant le séisme. Ceci tout en développant l’attractivité touristique de la destination», tient à préciser l’Association Mémorial Agadir 1960, dont les fondateurs sont les concepteurs-initiateurs de ce projet. Ce sont deux Gadiris qui ont vécu le séisme alors qu’ils étaient, respectivement, âgés de 15 et 20 ans. Il s’agit de Abdellah M’Sahi et Lahcen Roussafi, deux retraités, le premier ancien diplomate et le second, ancien cadre de l’OCP.
Un mémoiroscope dédié à la mémoire et au patrimoine
L’idée consiste à réaliser un parc sous forme de Mémoiroscope dédié à la mémoire de la ville en reproduisant en miniature et à l’identique les quartiers disparus lors de ce séisme, qui a entraîné la mort de plus d’un tiers de la population de la ville, soit 15.000 personnes, en plus de 12.000 blessés environ, sans compter les disparus. Pour pouvoir rendre hommage à la mémoire de ces victimes, le projet prévoit la mise en place dans un jardin d’une stèle autour de laquelle les visiteurs pourront s’asseoir pour s’y recueillir et rendre hommage à la mémoire des victimes.
Pour rappel, la secousse tellurique, d’une magnitude de 5,7 sur l’échelle de Richter et qui n’a duré que 15 secondes a, en plus des victimes, rendu 35.000 personnes sans abris. Dans le détail, la zone originale à reproduire en miniature et à l’identique dans le projet couvre près de 385 ha. Cette zone englobe le port d’Agadir et la zone côtière, l’ancienne Kasbah d’Agadir Oufella, l’ancien Founti, l’ancienne Talborjt, l’ancien Ichchach et une partie de l’ancienne ville nouvelle. L’idée de ce projet de parc de reconstitution à échelle réduite a été conçue lors de la visite le 25 juin 1966 de l’un des membres fondateurs de ladite association, au parc miniature Madurodam à La Haye, aux Pays-Bas. Il y a lieu de noter que le projet Agadir Mémorial 1960 se distingue des autres projets de même type dans la mesure où il est l’unique projet miniature qui reconstruit des quartiers détruits et effacés de la carte par un tremblement de terre. Tous les autres projets de par le monde reproduisent en effet des miniatures de monuments, d’édifices et de bâtiments qui existent encore.
Le Conseil régional finance l’étude de faisabilité
L’association
Mémorial Agadir 1960 créée en juin et autorisée en octobre 2017
ambitionne que l’une des parcelles de l’ancienne ville d’Agadir abrite
son projet en raison du fait que le lieu d’implantation dudit projet
doit répondre à plusieurs critères dont les plus importants sont le
critère symbolique qui veut que ce projet soit réalisé sur un lieu où il
y a eu des destructions lors du séisme sans oublier le critère
stratégique qui permet au visiteur du parc mémoriel de pouvoir voir, de
là où il se trouve, les anciens emplacements des quartiers, dont il a
les reproductions en miniature sous les yeux. À ce jour, le Conseil
régional Souss-Massa a saisi l’importance d’un tel projet pour la
mémoire de la ville d’Agadir et pour son attractivité touristique. Il a
décidé donc de financer le lancement d’un appel d’offres international
pour réaliser l’étude de faisabilité technique et de rentabilité
économique du projet. Dans ce sens, un montant de 1,5 MDH au titre de
l’exercice 2019 a été budgétisé pour le financement de cette opération.
Une société espagnole remporte l’AO
En réponse à cet appel d’offres, deux soumissionnaires ont déposé leurs offres. La première, une société française et la seconde, une société espagnole basée à Tenerife. Après avoir procédé à l’ouverture des plis en octobre dernier et examiné les propositions des deux offres, il a été procédé à la sélection de celle de la société espagnole, Smart Liking, qui a été déclarée adjudicataire du marché et devrait donc livrer l’étude début juillet prochain. L’association Mémorial Agadir 1960 a commencé à travailler avec cette société, au début du mois de décembre dernier, en lui fournissant toute la documentation photographique, topographique, historique, démographique, touristique et autre afin de lui permettre d’entamer l’étude avant de lui faire visiter tous les emplacements des quartiers disparus le 29 février 1960 ainsi que les lieux potentiels qui devront abriter le projet.