Photographie. À grands taxis, grande exposition !
Les photographes Mamoun Rtal Bennani et Jules Rouffio exposent à la Galerie CDA de Casablanca leurs dernières œuvres du 6 février au 11 mars. Une odyssée qui se veut mécanique baptisée «Benz-Benz».
Quand le respect des bons vieux taxis et la beauté des paysages se croisent, cela donne «Benz- Benz» de Mamoun Rtal Bennani et Jules Rouffio . C’est au croisement du rural et de l’image que les deux photographes ont décidé de sillonner le Maroc, fascinés par sa géographie et les Mercedes 240 qui redessinent ses routes. Cette exposition est l’occasion de pérenniser le témoignage du grand taxi dans le quotidien du Marocain. Le parti-pris esthétique de ces photos est documentaire et révèle une ambition de mémoire.
«On l’appelle Grand Taxi non seulement parce qu’il emprunte de longs trajets, mais aussi parce qu’avec ses sept places, c’est un hôte généreux. Il est aussi bien souvent le seul moyen de transport accessible à des populations vivant dans des territoires ruraux et urbains enclavés», précisent les artistes.
Des centres-villes bondés, où il rythme un désordre codifié, il traverse aussi de longues routes austères, redessinant les lignes des multiples paysages, et arborant des allures de pionnier. Le voyage en Grand Taxi est collectif, il est l’occasion de rencontres, synthétisant ainsi un mode de vie qui étreint toujours l’aléatoire et l’inattendu. «Icône presque kitsch, vestige d’une idée surannée de la modernité urbaine, la Mercedes-Benz 240 arpente ses derniers kilomètres, elle est déjà patrimoniale. Un véritable défi de son ère. Elle subjugue par son espace et sa résistance ; au total 45.000 véhicules circulent à travers le pays, dont 8.000 uniquement à Casablanca !». Une traversée du Maroc contemporain au fil des sillons creusés par son plus dévoué laboureur: le Grand Taxi. Le voyage commence à Casablanca, pour rejoindre les hauts plateaux enneigés du Moyen-Atlas. Il se poursuit vers le sud-est du pays, à Merzouga, porte du désert, à Ouarzazate, puis Taliouine, le coeur de la vallée du safran, avant de rejoindre Agadir. Il longe ensuite la côte atlantique en traversant la région d’Essaouira, la ville de Safi, avant d’échouer à Jorf El Asfar, où se trouvent les grandes aciéries qui récupèrent et transforment les carcasses éreintées des taxis sortis malgré eux de leurs circuits. L’exposition photographique est à découvrir du 6 février au 11 mars.