Union africaine : Retour par la grande porte !
Le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de l’UA. L’occasion pour le royaume de mieux défendre ses intérêts dans la région.
Après une longue période de concertations avec ses alliés stratégiques du continent, le souverain a franchi le pas décisif en officialisant le retour du Maroc au sein de la famille africaine. Dans son discours prononcé lors du 28e Sommet de l’UA à Addis-Abeba, le 31 janvier 2017, qui restera dans les annales de l’instance africaine, il a été plus question de soulever l’avenir de cette adhésion, au lieu de rester figé sur les raisons du retrait de notre pays depuis 1984. «Il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence ! Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé ! L’Afrique est Mon continent, et Ma maison», a indiqué le chef de l’État devant les dirigeants du continent, pour marquer le volontarisme sincère du Maroc de réintégrer l’union, et pas la diviser, comme cela a été martelé par les adversaires de l’intégrité territoriale du Maroc. Sans attendre la finalisation des formalités juridiques et protocolaires, au terme desquelles le royaume devait siéger de nouveau au sein de l’organisation, cette décision a été confortée par le soutien solennel exprimé par la majorité des pays africains et a été obtenue après un travail diplomatique de longue haleine menée personnellement par le roi lors de ses tournées africaines.
Au niveau national, le dernier mot a été donné au Parlement qui a donné son feu vert à l’unanimité à l’acte constitutif de l’UA, sans que le blocage, vécu par le Maroc durant cette période, ne réussisse à détourner les regards de l’ensemble de la classe politique de cet objectif vital pour la diplomatie nationale. Le rôle de l’instance législative reste déterminant en ce qui concerne le volet relatif à l’optimisation des conventions bilatérales: il s’agit de préparer des propositions de loi qui favorisent les échanges économiques et commerciaux avec les pays africains. Les actions menées depuis le retour du Maroc, en janvier dernier, se sont articulées autour de la consolidation des acquis de la résolution onusienne 2.285, tout en veillant à rallier d’autres pays africains à l’organisation afin de soutenir plus clairement la proposition du plan d’autonomie.
Vers une nouvelle génération de rapports
La décision a mûri avant d’être officialisée, durant cette étape cruciale que traverse la proposition du plan d’autonomie et au milieu d’un climat régional et international très tendu. Le renforcement de la présence institutionnelle du Maroc découlait également du souci de combler un vide important qui faisait perdre un précieux temps pour la diplomatie marocaine qui cherchait le plus souvent des canaux alternatifs pour faire passer ses messages envers les pays membres de l’UA. Avant le discours prononcé devant les chefs d’États du continent, le message royal exprimant officiellement la volonté de réintégrer l’UA avait également penché vers une approche réaliste pour convaincre les pays membres de la plus value de cette adhésion sur la concrétisation d’une politique commune africaine qui met un terme à la forte dépendance des pays africains de la conjoncture internationale défavorable, parfois provoquée par une volonté délibérée de certains acteurs internationaux pour empêcher les Africains d’harmoniser leurs positions.
En effet, plus de trois décennies plus tard, jamais l’Afrique n’a été autant au cœur de la politique étrangère et de l’action internationale du Maroc, qui a développé un modèle unique, authentique et tangible de coopération Sud-Sud. Le modèle forgé par la diplomatie marocaine menée par le roi devra non seulement consolider les domaines traditionnels de la formation et de l’assistance technique, mais également d’investir de nouveaux secteurs stratégiques, comme la sécurité alimentaire et le développement des infrastructures. «Il est temps que les richesses de l’Afrique profitent à l’Afrique. Nous devons œuvrer afin que notre terre, après avoir subi des décennies de pillages, entre dans une ère de prospérité. Certes le colonialisme n’est pas la seule cause des problèmes de l’Afrique. Toutefois, ses effets néfastes perdurent. Je le répète ! La notion de tiers-mondisme me paraît dépassée !», avait insisté le souverain dans son discours d’Addis-Abeba. Le roi avait aussi lié l’aboutissement des solutions proposées par le Maroc pour renforcer les échanges à la volonté sincère de ses partenaires à maximiser les chances de succès du nouveau schéma de développement, tout en se mettant d’accord sur des principes directeurs portant sur les investissements dans les équipements de base ainsi que sur le réseau du transport en vue de répondre aux besoins de mobilité de plus d’un milliard d’habitants en Afrique, dont la population devrait doubler d’ici 2050.