Transferts d’argent : les MRE boudent les banques classiques
Afin de mieux comprendre les besoins des bénéficiaires de transferts de fonds et ceux des Marocains résidant à l’étranger, Bank Al-Maghrib et la Banque mondiale ont réalisé une étude qualitative sur le sujet.
Greenback Morocco, c’est le nom de l’étude de 70 pages. Réalisée et rendue publique le 28 avril, par la Bank Al-Maghrib (BAM) et la Banque mondiale, l’enquête qualitative vise à comprendre le comportement financier des receveurs de transferts de fonds au Maroc. Basée sur l’organisation de groupes de discussion semi-structurés, celle-ci a été adaptée aux spécificités du terrain marocain. En complément, un questionnaire a été distribué individuellement à chacun des participants en amont des réunions. La faiblesse de l’échantillon (146 personnes ) avouent les enquêteurs, limite bien sûr la précision et la portée des résultats qui ont surtout été analysés de manière combinée avec les données qualitatives afin d’apporter un éclairage complémentaire et de confirmer les tendances recueillies lors des focus groupes. Les 16 groupes de discussion étaient composés en moyenne de 8 à 10 participants.
Sur la base des résultats, les enquêteurs concluent que les expéditeurs d’aides familiales révèlent privilégier les canaux informels. «L’envoi informel via un intermédiaire mais aussi de la main à la main est apprécié pour sa gratuité, mais les répondants se rendent aussi compte des risques associés (perte, vol et manque de confidentialité)», est-il expliqué. Autres détails, l’étude souligne qu’en matière de lieu de retrait du transfert, les répondants privilégient les établissements de paiement par rapport aux banques, même s’ils ont un compte bancaire. Les enquêteurs révèlent que le principal critère de choix est la proximité du point de retrait, le second est la qualité de service (ambiance, simplicité de procédures et rapidité). «La plupart perçoit le service des établissements de paiement comme un service destiné à tous, en particulier aux classes populaires, urbaines ou rurales et incluant les personnes peu instruites ou analphabètes», est-il indiqué.
En revanche, poursuivent les rédacteurs de ce document, le transfert par virement bancaire ou en succursale de banque est jugé plus sélectif, destiné à une population bancarisée et alphabétisée. Résultat, les virements bancaires sont rarement utilisés (12% les utilisent parfois), alors même que 62% des participants de cette enquête détiennent un compte bancaire. Environ 1% des participants révèlent utiliser que l’envoi informel. Étant donné la disponibilité de plusieurs services de transferts de fonds à proximité, quelques répondants révèlent utiliser différents moyens en parallèle selon les choix de son ou de ses expéditeurs. Dans le même registre, «les participants sont unanimes à juger que le principal inconvénient de la bancarisation est le prélèvement de frais, perçus comme excessifs et souvent peu transparents», renseignent les auteurs de ce travail d’enquête.
Des réformes pour mieux cerner les besoins des expéditeurs
Concernant le profil des bénéficiaires, l’étude Greenback Morocco révèle que la moitié des bénéficiaires de transferts internationaux reçoit des mensualités régulières, c’est-à-dire tous les deux mois ou plus. Dans le détail, les transferts mensuels concernent le plus souvent des femmes dont le mari réside à l’étranger ou des parents âgés qui sont entretenus par leurs enfants. Les envois occasionnels sont effectués au moment de fêtes religieuses, de la rentrée scolaire, des vacances d’été . . . ou lors de circonstances imprévues tels que des frais médicaux. S’agissant des expéditeurs, l’étude montre que la majeure partie réside en Europe du Sud notamment en France, lequel pays est largement en tête avec 42%. Suivent l’Espagne (24%) et l’Italie (14%).
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco