Maroc

TPE-PME : une voix qui ne porte guère !

Le combat pour obtenir un statut clairement défini de la Très petite entreprise se poursuit. La Confédération marocaine de la TPE-PME revient à la charge pour que cette catégorie d’entreprises, qui constitue la majorité écrasante du tissu productif, soit formellement représentée auprès des institutions. Bien que le rapport de l’OMTPME ait intégré la petite entreprise dans ses statistiques, la confédération remet en question la définition qui lui a été attribuée. Toutefois, ces laissés pour compte du système comptent bien se faire entendre tôt ou tard.

La TPE-PME a toujours du mal à se faire entendre. Ces entreprises, qui représentent plus de 97% du tissu productif national, soit sept millions d’entreprises, peinent à être intégrées dans les statistiques et les études. D’où le cri de colère poussé, pour la énième fois, par la Confédération marocaine des TPE-PME.

Des chiffres biaisés
Suite à la diffusion de la 4e édition du rapport de l’Observatoire marocain de la TPME, la confédération s’est manifestée pour exprimer son désarroi face aux chiffres émis qui selon elle «seraient biaisés et ne refléteraient aucunement la réalité de ce tissu entrepreneurial». Même la définition octroyée à la TPE par l’OMTPME est pointée du doigt.

«Depuis la création de l’observatoire, nous sommes confrontés à la même problématique que nous avons essayé, d’ailleurs, de reporter aux dirigeants, mais en vain. De plus, cet observatoire a attribué la définition de la TPE aux micro-entreprises. Or, cette catégorie représente généralement les activités génératrices de revenus dans l’économie sociale et solidaire et non pas les employeurs d’entreprises. De plus, les personnes physiques ne sont pas inclues dans les statistiques, ce qui fausse les données», reproche Abdellah El Fergui, président de la Confédération de la TPE-PME.

Pour lui, il est inconcevable d’octroyer une nouvelle définition aux TPE sans consensus avec les parties concernées.

À cet égard, El Fergui a rappelé que la confédération avait travaillé avec le gouvernement, en 2012, sur la mise en place de la Charte de la TPE, qui a été publiée le 17 mai 2013 à la Bibliothèque nationale à Rabat, en présence de huit ministres et de toutes les parties prenantes, y compris le patronat. La définition qui avait alors été attribuée à la TPE est la suivante : «une entreprise qui réalise un chiffre d’affaires inférieur à 3 millions de dirhams et emploie moins de 10 personnes». Une charte qui visiblement est passée aux oubliettes depuis lors. Après moult revendications auprès des différentes parties concernées, le statut de la TPE n’est toujours pas reconnu en tant que tel. Ce qui remue davantage le couteau dans la plaie, c’est que ce tissu productif n’est intégré dans aucun programme de soutien ou de subvention.

Retour à la case départ
Toutefois, la confédération s’attache à l’espoir qu’elle puisse intégrer le tour de table de l’observatoire, comme la promesse lui en a été faite par Bank Al-Maghrib. D’ailleurs, ce dernier nous a confié qu’il envisage de rencontrer Abdellatif Jouahri afin de remettre le sujet sur la table. Chose qui lui permettra de communiquer les chiffres afférents à cette catégorie d’entreprises avec exactitude, lesquels peuvent peuvent être pris en compte dans les rapports.

À noter que pour faire entendre sa voie, la confédération avait mené des réunions et des rencontres avec le ministère des Finances, il y a de cela un an, ainsi qu’avec le ministère de l’emploi, mais sans pour autant entreprendre des mesures concrètes. Il était également question de prévoir d’autres séances de travail avec les départements concernés, lesquelles ont été repoussées aux calendes grecques.

Dans le même sillage, El Fergui fustige l’hégémonie du patronat. «Malheureusement le patronat ne soutient pas ces entreprises et ne défend que les intérêts de celles qui n’ont pas de problèmes structurels, tels que les TPE. Malgré les échanges, les représentants sont aux abonnés absents.», déplore-t-il. Mais la confédération n’entend pas courber l’échine. Elle compte frapper derechef à toutes les portes pour se faire entendre, sachant qu’en dernier recours, elle pourrait soumettre son dossier et ses doléances à la plus haute instance du pays.

«Ce tissu a le mérite d’être représenté dans les conseils d’administration des différentes institutions et au Parlement, à l’instar d’autres pays, surtout que la CGEM ne défend pas nos intérêts. Pire encore, même les programmes qui lui ont été dédiés, tels qu’Intelaka, n’ont pas abouti aux résultats escomptés. Un jour viendra où nous demanderons le retour des fonds publics dédiés à cet observatoire, par le biais de la Cour des comptes ou des tribunaux compétents», menace le président de la confédération.

Abdellah El Fergui
Président de la Confédération de la TPE-PME.

 

«Ce tissu a le mérite d’être représenté dans les conseils d’administration des différentes institutions et au Parlement, à l’instar d’autres pays, surtout que la CGEM ne défend pas nos intérêts. Pire encore, même les programmes qui lui ont été dédiés tels qu’Intelaka n’ont pas abouti aux résultats escomptés. Un jour viendra où nous demanderons le retour des fonds publics dédiés à cet observatoire, par le biais de la Cour des Comptes ou des tribunaux compétents».

Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO



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