Tourisme : dans le Sud, une authenticité hors des radars
À l’écart des circuits touristiques habituels, les provinces du Sud aspirent à se frayer une place dans la diversité de l’offre touristique nationale, grâce à des atouts uniques et un potentiel encore largement inexploré.
Loin de la frénésie des grandes villes côtières et des stations balnéaires saturées, les provinces du Sud s’ouvrent aux voyageurs en quête d’un ailleurs authentique. Ces territoires, longtemps laissés de côté par les circuits touristiques traditionnels, révèlent des paysages peu connus du grand public.
«Le tourisme dans le Sud reste encore discret, presque à l’écart des itinéraires balisés et encombrés du reste du Royaume», confie Fouzi Zemrani, opérateur touristique et blogueur passionné. De Tan-Tan à Dakhla, chaque ville propose une immersion dans un Maroc pluriel.
« Les provinces du Sud recèlent pourtant un potentiel touristique encore intact», affirme Fouzi Zemrani, pour qui ces territoires pourraient s’imposer dans le paysage touristique national si leur authenticité est préservée tout en gagnant en visibilité.
Tan-Tan et Tarfaya: traditions et mémoire
Dans cette mosaïque du Sud, Tan-Tan se distingue comme la porte d’entrée du Sahara marocain grâce à son Moussem annuel, un rassemblement réunissant plus d’une trentaine de tribus nomades venant du Sahara et d’autres régions du nord-ouest de l’Afrique. Cet événement, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, permet aux visiteurs de s’immerger dans les coutumes ancestrales des peuples sahraouis.
Au-delà de ce festival, Tan-Tan se positionne comme un point de départ idéal pour des circuits désertiques, offrant aux voyageurs l’opportunité de s’imprégner de l’âme saharienne, loin des itinéraires touristiques habituels. Plus au sud, Tarfaya dévoile une histoire singulière. Ancienne escale pour les pionniers de l’aéropostale, comme Saint-Exupéry, cette ville invite à un tourisme de mémoire, où les visiteurs cherchent bien plus que du sable et de l’océan.
Le fort espagnol délabré et les ruelles tranquilles de Tarfaya racontent un passé où le désert et l’Atlantique coexistaient dans une étrange sérénité. Les passionnés d’histoire y trouvent une expérience immersive, découvrant un lieu chargé de récits où le vent évoque encore les aventures d’antan. Le musée consacré à Saint-Exupéry témoigne de cette époque fascinante, permettant aux visiteurs d’explorer un Maroc d’autrefois, où les récits des pionniers de l’aviation s’entremêlent aux légendes locales.
Laâyoune, capitale du Sahara
Laâyoune, un peu plus au sud, rompt avec cette nostalgie pour offrir un visage différent, celui d’une ville à la fois moderne et attachée à ses racines. Capitale du Sahara marocain, elle se démarque par son dynamisme avec des infrastructures développés et une vie locale riche. C’est un point de rencontre pour les visiteurs d’affaires et les passionnés de sports nautiques, attirés par les plages et les marchés d’artisanat.
En continuant vers le sud, Boujdour se révèle aux amateurs de nature intacte et de paysages indomptés. Ici, pas de grand complexe touristique mais la ville attire surtout les adeptes de l’écotourisme, ceux qui viennent pour ses rivages déserts et ses dunes sauvages.
Paradis des ornithologues, Boujdour offre un cadre unique pour observer les oiseaux migrateurs et profiter de la rencontre entre le désert et l’Atlantique, dans une simplicité que seuls les vrais passionnés de nature sauront apprécier.
Dakhla, destination d’avenir
Pour sa part, Dakhla, surnommée la perle du Sud, s’impose comme une destination incontournable au-delà des frontières. Entre ses lagons, ses dunes et ses plages infinies, elle attire de plus en plus les amateurs de sports nautiques et aspire à devenir un modèle en matière de bien-être et de tourisme durable. En parallèle à ses atouts maritimes, Dakhla développe également des retraites de bien-être et des espaces écoresponsables, répondant à une clientèle en quête d’évasion.
«Dakhla s’affirme comme une destination internationale de premier plan pour les adeptes de windsurf», souligne Otmane Amar, président du Conseil provincial du tourisme.
Si le vent constant contribue à sa renommée, c’est aussi son cadre naturel remarquable, où dunes et mer se rencontrent, qui offre aux visiteurs une expérience immersive. Chaque séjour ici devient une occasion de se connecter à une nature préservée, tandis que Dakhla se positionne comme un symbole de tourisme responsable et d’aventure authentique.
Derrière ces spécificités, le potentiel des provinces du Sud reste largement sous-exploité. La diversité des expériences proposées constitue une base solide pour un tourisme qui s’éloigne des formules classiques. Les visiteurs, de plus en plus en quête d’authenticité et de durabilité, trouvent dans cette région une alternative enrichissante aux destinations habituelles.
«Il y a toute une histoire à raconter et pourtant on ne la raconte pas», remarque Fouzi Zemrani, opérateur touristique.
Les provinces du Sud marocain, enracinées dans leurs paysages et leurs traditions, possèdent un potentiel encore largement inexploré qui mérite d’être mis en avant.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO