Sidattes 2024 : le renouveau de la filière phœnicicole

Les producteurs présents à la 13e édition du Sidattes 2024 à Erfoud gardent le moral après les récentes crues intervenues après une succession d’années de sécheresse. Il faut dire que face à l’aridité du climat, la maîtrise de l’eau pour l’irrigation a toujours été une question vitale, aussi bien pour les plantations modernes que pour les oasis traditionnelles.

Après des années de sécheresse, c’est naturellement d’un bon oeil que l’écosystème oasien en général, et la filière phœnicicole en particulier, accueillent les crues récentes, qui ne manqueront pas d’impacter les récoltes. C’est dans ce contexte que se déroule à Erfoud l’édition 2024 du Salon international des dattes au Maroc (Sidattes, du 29 octobre au 3 novembre 2024).

La maîtrise de l’eau pour l’irrigation a toujours été une question vitale, aussi bien pour les plantations modernes que pour les oasis traditionnelles. C’est la raison pour laquelle cette 13e édition du Sidattes a mis en exergue les écosystèmes oasiens et leur résilience face au changement climatique, notamment les phénomènes extrêmes.

«Cette année, nous tablons sur une production d’environ 103.000 tonnes, soit moins que la saison précédente, et ce, compte tenu des conditions climatiques difficiles et d’une baisse accrue des ressources hydriques. Aujourd’hui, grâce aux récentes précipitations qu’ont connues la région et les crues des oueds, l’oasis retrouvera son dynamisme», a annoncé Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture.

Objectif 300.000 tonnes
L’enveloppe destinée au développement de la filière phœnicicole dans le cadre du contrat-programme 2021-2030 s’élève à près de 7,5 MMDH. 3,6 MMDH proviennent de la Fédération interprofessionnelle nationale de la filière des dattes(Maroc Dattes) et l’État contribue à hauteur de 3,87 MMDH .

Ce programme prévoit par ailleurs la mise en terre de cinq millions de plants de palmiers dattiers. Sur ce registre, le but est d’améliorer et d’augmenter la production pour la porter à 300.000 tonnes, soit pratiquement le triple comparativement aux prévisions de cette année.

En 2020, date d’achèvement du Plan Maroc Vert, la production moyenne a été de 149.000 tonnes avec un chiffre d’affaires de 2,9 MMDH, pour 174,5 millions de journées de travail créées. Outre la question de l’amélioration de la production, l’autre défi majeur auquel est confrontée la filière concerne la réduction de la dépendance vis-à-vis des importations et l’amélioration de l’offre exportable. L’objectif est en effet d’exporter au moins 23% de la production d’ici 2030 (soit 70.000 tonnes sur une production escomptée de 300.000 tonnes d’ici 2030).

Pour rappel, 3.600 tonnes ont été exportées en 2020, contre seulement 687 tonnes en 2023. Il est aussi question d’augmenter les capacités frigorifiques de conditionnement, et de stockage, mais aussi de renforcer les capacités de transformation des dattes.

Plusieurs conventions signées
Déployé sur une superficie de 40.000 m2, le salon est organisé autour de sept pôles et connaît la participation de près de 230 exposants parmi les acteurs clés de la filière. En marge de la cérémonie d’inauguration officielle de cette 13e édition du Sidattes, le ministre de l’Agriculture a présidé à la cérémonie de signature de plusieurs accords.

Dans le lot une convention-cadre et quatre conventions spécifiques entre Maroc Dattes et l’Office national du conseil agricole (ONCA) portant sur l’encadrement et la sensibilisation des agriculteurs et des coopératives. Une convention a également été conclue entre le Groupe Crédit Agricole du Maroc et l’Association des producteurs modernes de dattes (APM), sur le financement des activités des producteurs. Notons que pas moins de 90.000 visiteurs sont attendus cette année.

Visite de projets de développement agricole
En marge du salon, le ministre de l’Agriculture a effectué une visite de terrain à Ouled Chaker, à Erfoud, pour s’enquérir de l’avancement de programmes et projets de développement agricole et rural mis en place dans le cadre de la stratégie Génération Green.

Il s’agit notamment du Programme national de lutte contre les incendies et l’aménagement et réhabilitation des oasis, mis en œuvre dans le cadre de conventions de partenariat entre l’ensemble des acteurs concernés. Il prévoit l’aménagement de pistes, l’équipement des oasis en bouches d’incendie, l’éclairage solaire, l’installation de centres de la protection civile et de miradors de surveillance pour l’intervention rapide, l’aménagement de seguias et khettaras, la distribution de vitro plants, le nettoyage de touffes, ainsi que la formation, sensibilisation et accompagnement des coopératives de service. Un autre projet visité par le ministre porte sur le transfert des eaux de crue de l’oued Gheriss vers l’oued Ziz.

D’un montant de 11 MDH, ce projet porte sur une superficie de près de 1.200 ha et bénéficiera à 6.770 personnes. Destiné à améliorer la situation des ressources hydriques de surface mobilisées et à alimenter les nappes phréatiques, il permettra de créer 364.000 journées de travail. Un autre projet porte sur la création et l’équipement en énergie solaire des stations de pompage pour l’irrigation dans la zone d’action de l’ORMVA du Tafilalet.

Il vise à réduire la dépendance énergétique en utilisant les ressources renouvelables et à réduire les coûts d’exploitation pour les agriculteurs. Il devrait par ailleurs contribuer à atténuer les effets de la rareté des ressources en eau. Destiné à l’irrigation de quelque 1.000 ha, ce projet, qui bénéficiera à 84 associations d’usagers des eaux et à 2.670 agriculteurs, devrait créer 15.000 journées de travail.

À noter enfin que le programme de réparation des dégâts des crues enregistrées en septembre au niveau de la zone d’action de ORMVA de Tafilalet porte sur une superficie de 8.000 ha. D’un coût de 58 MDH, il profitera à plus de 10.000 agriculteurs.

Pour ce qui est de la promotion de l’emploi des jeunes, le programme comporte des projets d’appui au profit des ayant droits pour la réalisation de projets agricoles sur les terrains collectifs ainsi que des appuis aux initiatives d’entrepreneuriat.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO