Maroc

Semaine du développement africain : Fortes turbulences diplomatiques

En fin de semaine dernière à Dakar, les travaux de la semaine du développement africain ont été suspendus en raison du bras de fer autour de la question du Sahara. Explications…

C’est une première ! La confrontation sur la question du Sahara a fait échouer la Semaine du développement africain. Ce grand événement annuel, organisé pour la première fois en dehors du siège de la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA) à Addis-Abeba, s’est soldé par un cuisant échec. La capitale sénégalaise Dakar était la première ville africaine à l’accueillir du 23 au 28 mars, dans l’espoir de déboucher sur une nouvelle feuille de route pour faire face aux inégalités et au chômage sur le continent. Bémol:  l’évènement a tourné à la confrontation politique sur la question du Sahara. La violence des échanges, les différences de positions ont été telles qu’il a été décidé de mettre fin aux travaux au bout de trois longs jours de blocage.

Causes
Le Maroc, qui vient de réintégrer l’Union africaine (UA), s’est opposé à la participation du Polisario à cette rencontre conjointement organisée par la CEA et l’Union africaine. «Nous avons adhéré à l’UA et en respectons les principes. Mais dans une rencontre où l’ONU est impliquée [via la CEA, ndlr], seuls les États membres des Nations-Unies ont le droit de participer. Par conséquent, cette entité [le Polisario, ndlr] n’a pas de place ici», a répété, à plusieurs reprises, Abdellah Ben Mellouk, membre de la délégation marocaine. Cet avis est pourtant partagé par le secrétariat de la CEA, qui s’est rangé du côté du Maroc.

La CEA a même indiqué qu’elle ne pouvait tenir cette réunion en présence d’un État non membre de l’ONU. «Le fond du problème est que l’Algérie essaie progressivement de faire entrer la pseudo-RASD dans le système des Nations-Unies, et cela, nous ne l’accepterons jamais», confie, en aparté, Taleb Berrada, l’ambassadeur du Maroc à Dakar. Quant à la partie adverse, dont les contre-attaques sont coordonnées avec souplesse par l’Algérie, et vigoureusement menées par l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Zimbabwe, elle rétorquait que «tous les États membres de l’UA ont le droit de participer aux rencontres conjointes de l’Union». Cet avis est lui aussi partagé par les services juridiques de l’UA, ce qui a contribué à l’impasse et installé un dialogue de sourds.

Au final, il est clairement apparu qu’il était impossible, avec ces positions figées, de concilier les deux parties. À la surprise et au grand dam des participants, la présidence de la réunion a annoncé, au bout de trois jours de blocage, que les travaux sont annulés. Cette issue malheureuse, annoncée le samedi 25 mars, est d’autant plus inquiétante que le problème a été soumis, la veille, aux hautes sphères décisionnelles africaines. C’est dire que la question doit faire l’objet d’un examen approfondi afin qu’une solution définitive soit trouvée au plus vite, estime-t-on parmi les participants.


Pierre Ndiaye
Président du Bureau des comités des experts CEA/UA

En dépit des concessions faites par les parties, aucun consensus n’a pu être trouvé. Par conséquent, il a été décidé de reporter les travaux et d’annuler la rencontre des ministres africains des Finances et de la planification.

Taleb Berrada
Ambassadeur du Maroc à Dakar

L’Algérie essaie progressivement de faire entrer la pseudo-RASD dans le système des Nations-Unies, et cela, nous ne l’accepterons jamais. 

Apollos Nwafor
Représentant de la société civile africaine ­­

En dépit de l’urgence d’adresser des réponses aux défis que sont les inégalités, la pauvreté et le chômage, les dirigeants africains ont une nouvelle fois préféré échouer sur une question politique et ont mis de côté les difficultés des citoyens africains.



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