Séisme d’Al Haouz : les enfants entre de bonnes mains
La région d’Al Haouz, autrefois paisible, a été récemment secouée par un séisme dévastateur qui a laissé derrière lui un paysage de désolation et de deuil. Parmi les décombres et la détresse, c’est une catégorie particulièrement vulnérable qui se trouve au cœur des préoccupations : les enfants. Beaucoup d’entre eux ont perdu leurs proches, se retrouvant ainsi face à un futur incertain. Le Roi Mohammed VI a pris l’initiative de garantir un avenir stable à ces jeunes âmes meurtries. Il a ordonné le recensement de tous les enfants touchés et a décrété qu’ils soient désormais reconnus comme «Pupilles de la Nation». Mais qu’est-ce que cela implique exactement ?
Alors que la région d’Al Haouz se remet lentement de cette catastrophe, le statut de «Pupille de la Nation» devient un symbole d’espoir. Ce statut confère aux enfants ainsi désignés une protection spéciale et un soutien de la part de l’État. Cela englobe un accès prioritaire à l’éducation, aux soins de santé et à d’autres services essentiels.
«Cela signifie qu’à partir de maintenant, la protection est étendue non seulement aux enfants dont le père ou le soutien principal remplit les critères établis dans l’article 1 de l’ancienne loi de 1999, mais également aux enfants touchés par le séisme d’Al Haouz», nous explique Mohamed Najib Maaelainaine, avocat.
Et d’ajouter que «ce statut offre de nombreux avantages, notamment en favorisant l’intégration sociale des victimes et en établissant un cadre légal pour une intervention et une prise en charge immédiate en cas de futures catastrophes naturelles».
Qu’en est-il concrètement ?
Selon le dahir n° 1-99-191 du 13 joumada I 1420 (25 août 1999) qui promulgue la loi n° 33-97 concernant les Pupilles de la Nation, il est établi que l’État assure la protection des enfants marocains dont le père, ou à défaut, le principal soutien familial, est décédé, que ce soit au Maroc ou à l’étranger, suite à sa participation à la défense de l’intégrité territoriale du Royaume, à des missions de maintien de la paix ou à des opérations humanitaires ordonnées par le Roi. La protection prévue par cette loi s’étend également aux cas où le décès survient en raison de blessures ou de maladies contractées ou aggravées lors de ces événements. De même, si le père devient physiquement incapable d’assumer ses responsabilités familiales en raison de ces circonstances, les dispositions de cette loi s’appliquent. De même, en cas de disparition, si les circonstances et la période de cette disparition laissent penser que la victime est décédé pour la patrie, les bénéficiaires sont également pris en charge par la nation conformément à cette loi.
De plus, ce dahir stipule que les enfants reconnus comme pupilles de la nation ont droit à une protection morale et à une assistance matérielle conformément à cette loi jusqu’à leur majorité ou jusqu’à la fin de leurs études. Ils ont également droit aux services que peut leur rendre la Fondation Hassan II pour les œuvres sociales des anciens militaires et anciens combattants Pour ce qui est du soutien financier des pupilles de la nation, la législation précise que lorsque ces dernières ne disposent pas de ressources suffisantes pour subvenir à leurs besoins, ou si les personnes légalement responsables de leur entretien ne sont pas en mesure de le faire, l’État prend en charge, en totalité ou en partie, selon les cas, les frais liés à leur entretien, leur santé, leur apprentissage et leurs études, nécessaires à leur développement normal.
De plus, jusqu’à leur majorité pour les garçons, leur mariage pour les filles ou jusqu’à la fin de leurs études, les Pupilles de la Nation peuvent recevoir une allocation annuelle forfaitaire si leurs revenus ne dépassent pas le traitement de base associé à l’indice 100 en vigueur dans la Fonction publique, dont le montant, les conditions et les modalités d’attribution sont fixés par voie réglementaire. En ce qui concerne d’autres épreuves de la vie telles que la maladie, les frais médicaux et d’hospitalisation, la loi prévoit qu’ils soient admis gratuitement aux soins médicaux, chirurgicaux et à l’hospitalisation dans les établissements hospitaliers civils et militaires de l’État.
En matière d’éducation, les Pupilles de la Nation sont admis en priorité dans les établissements primaires. S’ils choisissent de poursuivre des études secondaires ou supérieures, ils ont le droit, dans des conditions égales, à une priorité pour l’obtention de bourses d’études. Il en va de même pour les établissements publics ou privés d’apprentissage ou de formation professionnelle. Par ailleurs, pour faciliter leur insertion sur le marché du travail, les pupilles de la nation jouissent, selon des modalités définies par la réglementation en vigueur, d’une priorité dans l’accès aux emplois publics au sein des administrations de l’État, des établissements publics et des collectivités publiques, ainsi qu’aux concours d’entrée aux facultés et grandes écoles nationales.
Mobilisation éclair
Le ministère de la Famille, dirigé par Awatif Hayar, a immédiatement mobilisé tous ses moyens humains, matériels et logistiques dès le lendemain du séisme pour apporter assistance et soutien aux familles. Cette action a été menée en étroite collaboration avec les départements ministériels, les autorités locales et la Fondation Mohammed V pour la solidarité.
De plus, les services du ministère ont lancé des sessions de formation à distance dédiées à la protection de l’enfance en cas d’urgence, à destination des travailleurs sociaux des Centres d’accompagnement de la protection de l’enfance (CAPE). Ces formations visent à transmettre des connaissances pratiques et des techniques pour protéger les enfants en situation d’urgence, afin de leur offrir un soutien social et psychologique. Quant aux enfants en situation de handicap, grâce au déploiement du programme d’accompagnement, ils ont eu droit à plusieurs mesures de soutien pour faciliter leur accès à la scolarisation.