Sécurité hydrique dans l’Oriental : comment la région relève le défi de la rareté de l’eau
Face à une sécheresse accrue, la région de l’Oriental mise sur une stratégie double : le dessalement de l’eau de mer, avec un projet ambitieux, et la sensibilisation citoyenne pour une gestion responsable de la ressource. Cette «recette» innovante pourra-t-elle garantir la sécurité hydrique de la région ?
La région de l’Oriental, située dans une zone semi-aride, est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique. Malgré sa faible contribution aux émissions de gaz à effet de serre, elle figure parmi les zones les plus exposées aux risques climatiques.
Cette situation se manifeste par une hausse des températures, des modifications des régimes de précipitations et une augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les inondations et les incendies de forêt. Ces changements ont des conséquences importantes sur la sécurité alimentaire, la durabilité des ressources naturelles et la santé humaine.
La sécheresse est l’un des risques majeurs auxquels la région est confrontée. Les zones à climat humide ou semi-humide se réduisent au profit de zones semi-arides et sèches. La raréfaction de l’eau est une menace pour la région, exacerbée par des années successives de sécheresse. Le déclin des précipitations et l’augmentation des températures affectent directement les ressources en eau, entraînant une baisse du remplissage des barrages et un déficit hydrique accru dans les bassins fluviaux. Les prévisions climatiques pour la région de l’Oriental indiquent une diminution continue des précipitations et une augmentation des températures d’ici 2050.
L’utilisation d’indices comme le SPI (Indice standardisé de précipitations) et le SVI (Indice standardisé de végétation) permet de suivre l’évolution des années pluvieuses et sèches, mettant en évidence la gravité de la situation.
Sensibilisation et gestion rationnelle de l’eau : un impératif pour l’Oriental
Face à cette situation critique, une gestion rationnelle et durable des ressources en eau est de plus en plus primordiale. La région de l’Oriental, comme d’autres régions du Maroc et du monde, est confrontée à des défis liés à la diminution des précipitations, à l’assèchement des puits et à la baisse des réserves des barrages. Ces défis sont aggravés par des comportements de gaspillage, d’exploitation irresponsable et de vol d’eau.
Pour surmonter cette crise, il est impératif d’impliquer toutes les parties prenantes et de sensibiliser la population à la nécessité d’adopter des pratiques responsables en matière d’utilisation de l’eau. La promotion de l’éducation environnementale, l’intensification des campagnes de sensibilisation et la mise en place de procédures juridiques efficaces pour protéger les ressources hydriques sont des mesures essentielles.
La collaboration entre les différents acteurs, y compris les associations et les médias, est aussi importante pour accroître la prise de conscience collective sur l’importance d’une gestion optimale de l’eau. La promulgation de procédures juridiques pour protéger ces ressources et la promotion d’une approche ciblée pour économiser l’eau sont également des mesures importantes.
Le dessalement de l’eau de mer : une solution innovante pour l’Oriental
Face à la baisse des ressources en eau traditionnelles, l’exploitation des ressources non conventionnelles, comme le dessalement de l’eau de mer, devient une solution de plus en plus pertinente. Dans ce sens, la région se penche actuellement sur la construction d’une station de dessalement d’une capacité de 250 millions de m3/an.
Cette station permettra de répondre à la demande croissante en eau potable et en irrigation, avec une première phase produisant 140 millions de m3/an, dont 110 millions pour l’eau potable et 30 millions pour l’irrigation. Ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027. Il utilise des technologies avancées pour récupérer l’énergie et réduire les coûts de production.
De plus, la station sera alimentée en électricité par des sources d’énergie renouvelables, contribuant ainsi à la durabilité environnementale du projet. Les installations comprennent des prises d’eau de mer, une station de pompage, un système de traitement primaire, un système de filtration, un réservoir d’eau potable, un filtre de reminéralisation et un poste d’osmose inverse. La technologie d’osmose inverse, combinée à un système de récupération d’énergie, permet de produire de l’eau potable de qualité tout en minimisant la consommation d’énergie.
Mobilisation régionale et perspectives d’avenir : vers une gestion intégrée de l’eau
Le Conseil de la région de l’Oriental a fait de la résolution du problème de la pénurie d’eau l’un de ses deux objectifs stratégiques dans le cadre du Programme de développement régional (PDR). La région s’engage à promouvoir un développement intégré et durable, en améliorant l’attractivité de son territoire, en renforçant sa compétitivité économique et en encourageant l’entrepreneuriat. La gestion durable des ressources naturelles, en particulier de l’eau, est au cœur de cette stratégie.
Le Conseil a reçu de nombreuses pétitions et demandes visant à remédier aux problèmes liés au manque d’eau. Pour y répondre, un plan d’action d’urgence intégré est en cours d’élaboration, en collaboration avec les différents partenaires et intervenants.
Ce plan vise à fixer les priorités, à identifier les zones les plus touchées, à rationaliser l’exploitation des ressources en eau disponibles et à unifier les capacités matérielles et humaines des différents acteurs. Le premier Forum régional de l’Oriental sur l’eau, organisé en juin 2024, s’inscrit dans cette dynamique de mobilisation et de recherche de solutions durables.
Cet événement a permis de réunir plus de 200 participants pour discuter des solutions possibles, en tenant compte des spécificités régionales et locales, et d’échanger sur des sujets innovants tels que l’utilisation des eaux non conventionnelles, les techniques d’économie d’eau et l’intelligence artificielle.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO