Maroc

Sécheresse au Maroc : la campagne agricole compromise ?

La plupart des régions du pays enregistrent un important déficit hydrique, ce qui risque de compromettre la campagne agricole, voire de provoquer des pénuries d’eau potable. Vendredi dernier, le ministère des Habous et des affaires islamiques a appelé à des prières rogatoires dans l’ensemble des mosquées du Royaume.

En cette période, toutes les régions du Royaume enregistrent un important déficit hydrique, ce qui risque de compromettre la campagne agricole et de générer des déficits en eau potable. Le pays connaît un sévère déficit pluviométrique et les réserves des barrages sont au plus bas, avec un taux de remplissage d’à peine 34% vendredi dernier, contre 46% une année auparavant.

Au cours de ce mois de janvier, quasi-sec, le pays a accusé un déficit hydrique de plus de 80% par rapport à l’année dernière et 60% comparativement à une saison normale. Les agriculteurs scrutent le ciel, désespérément bleu, avec inquiétude mais aucun nuage ne se profile à l’horizon. Dans ce contexte, le ministère des Habous et des affaires islamiques a appelé, vendredi dernier, à des prières rogatoires dans l’ensemble des mosquées du Royaume. Le ministre de l’Agriculture, du développement rural, des eaux et forêts et des pêches maritimes, Mohamed Sadiki, n’a pas caché son inquiétude, indiquant que la saison serait parmi les plus difficiles des 30 dernières années. Selon lui, seules quatre régions, sur les douze que compte le Royaume, sont proches d’une situation normale. Si les pluies sont au rendez-vous lors de la prochaine quinzaine, la situation pourrait s’améliorer dans certaines régions, notamment celles de Fès-Meknès, Tanger-Tétouan-Al-Hoceima, Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca.

Concernant celles de Souss-Massa, Béni-Mellal, Oriental et Haouz, l’impact de la sécheresse a atteint un niveau critique. L’absence de précipitations a poussé certains agriculteurs à ne pas investir dans les cultures printanières, préférant réserver leurs parcelles aux parcours naturels du cheptel. Ce choix, qui s’avère plus pratique et moins coûteux, s’explique, également, par la flambée des prix des aliments de bétail, qui a obligé nombre d’éleveurs à vendre une partie de leur cheptel. Ainsi, depuis quelques jours, il a été constaté une baisse de prix conséquente sur les marchés aux bestiaux. En plus de la sécheresse, les cultures ont également été impactées par la vague de froid qui sévit actuellement et perturbe la poussée des plantes.

Un plan d’urgence  de 2,42 MMDH
En dépit des efforts fournis et des mesures prises dans le cadre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027, certains bassins souffrent d’un déficit hydrique important, dont celui de la Moulouya (Oujda et l’Oriental), avec un taux de remplissage qui ne dépasse pas les 11%. Cette situation est due, d’une part aux changements climatiques en cours, et à la baisse des précipitations qui en découle, et d’autre part, au retard dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale de l’eau. Pour faire face au déficit hydrique, le ministère de l’Équipement et de l’eau a lancé un plan d’urgence pour 2021-2022. Nécessitant un budget de 2,42 milliards de dirhams (MMDH), ce plan vise à garantir l’approvisionnement en eau potable des bassins hydrauliques de la Moulouya, de l’Oum Er Rbia et du Tensift, en vue de faire face au déficit hydrique, désormais chronique, qui y sévit. Outre cette enveloppe, près de 1 MMDH supplémentaire a été budgété au titre de la période 2020-2021.

120 barrages d’ici 2024
Nonobstant ces mesures à caractère urgent, le ministère de l’Équipement et de l’eau a annoncé le lancement, cette année, d’un programme de 120 barrages collinaires pour la période 2022-2024. À noter que de tels barrages jouent un rôle important dans la lutte contre les inondations, sans compter l’approvisionnement en eau qu’ils assurent pour le bétail et l’alimentation de la nappe phréatique. Dans ce sens, la tutelle a alerté sur l’exploitation excessive de cette dernière, indiquant que la ville de Berrechid, à elle seule, connait l’épuisement de 2 m3 de la nappe phréatique annuellement, -1,5 m3 pour la Région d’Al Haouz- soulignant la nécessité de faire face à cette problématique d’une manière «rationnelle», basée sur la gestion intégrée de l’eau, ce qui suppose une gestion responsable de la demande.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO

 


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