Saisonnières marocaines. Un rapport pointe des irrégularités, la filière dément
La filière andalouse des producteurs de fraises a démenti catégoriquement le contenu d’un rapport élaboré par huit ONG internationales qui dénoncent de possibles irrégularités et abus dans les champs de fraises où s’affairent les saisonnières marocaines.
Le dossier des saisonnières marocaines est un sujet qui attise les passions de l’autre rive de la Méditerranée. Mardi, un nouveau rapport a fait son apparition faisant état d’un chapelet de dépassements et d’irrégularités dans les exploitations agricoles où sont recrutées les journalières marocaines. Le document élaboré par huit organisations de défenses des droits humains, dont la célèbre ONG Women’s link Worldwide a été envoyé par ces organisations à de nombreuses instances onusiennes pour les sensibiliser autour de ce dossier. Le texte en question pointe du doigt des irrégularités ayant affecté le travail saisonnier de la plupart des Marocaines dans les champs de fraises à Huelva. Pour les rédacteurs, cet appel vise à mettre le gouvernement espagnol devant sa responsabilité. De plus, les organisations réclament l’ouverture d’une enquête sur les conditions de travail et d’hébergement des travailleuses agricoles dans les exploitations agricoles. L’écrit pointe du doigt le non-respect des recommandations sanitaires liées au Covid-19 quant à l’usage des masques, des gants et des conditions d’hygiène qui favorisent la propagation du virus. De surcroît, le document estime que le contexte actuel de la pandémie aggrave la situation de vulnérabilité des travailleuses saisonnières et contribue à l’apparition d’abus aux relents sexuels et sur les lieux de travail. À cet effet, les ONG estiment que les saisonnières marocaines pourraient être exposées à des formes d’exploitation professionnelle durant cette période de crise sanitaire, au vu de la fermeture des frontières et de l’accès difficile aux soins de santé et à la justice, croit savoir le document en question. De plus, les ONG relèvent que les cas de violence sexuelle pourraient s’intensifier durant cette période exceptionnelle.
La filière se défend
Des sources au consulat général du royaume à Séville consultées par les Inspirations ÉCO affirment que la situation est suivie de près par les autorités marocaines. Une visite de terrain a été effectuée cette semaine d’ailleurs par le consul du Maroc à des exploitations agricoles pour s’arrêter sur les conditions de travail et d’hébergement des travailleuses agricoles nationales. Des garanties ont été formulées au diplomate marocain quant à l’engagement des patrons espagnols dans le respect total et strict des droits des travailleuses marocaines. Certaines exploitations sont exemplaires certes mais comme l’indique la filière, 97% sont signataires du programme Presli, le plan de responsabilité éthique du travail social et de l’égalité qui permet de mener des visites et mener des contrôles dans les lieux de travail et de vie des saisonnières.
La filière, a, d’ailleurs rejeté catégoriquement «les accusations du rapport». «Ce sont des propos fallacieux», souligne cette source autorisée au sein de l’association andalouse des producteurs de fraises Interfresa. «Le document en question n’apporte aucune preuve mais un lot infini d’accusations sans aucune preuve», insiste notre source. La filière estime que les rédacteurs de ce rapport n’ont jamais mis les pieds dans une seule exploitation agricole pour pouvoir rendre un verdict aussi tranchant.
De plus, ajoute la filière, «l’ONG Women’s Link Worldwide représente les quatre saisonnières marocaines ayant porté plainte pour abus sexuel», se défend notre interlocuteur.
Quant aux conditions de travail et à l’exposition à l’infection, la filière dément l’existence de contagion au Covid-19 et rappelle le protocole de prévention mis en place par ses soins pour éviter la propagation du virus. «Ce qui nous attriste le plus c’est que ces informations fallacieuses tombent dans les oreilles des familles des saisonnières marocaines et créent un climat anxiogène au sein des exploitations car ces femmes sont obligées de se justifier auprès des leurs. C’est lamentable !», conclut-on.
Les autorités marocaines rassurent
Le tableau n’est pas aussi alarmant comme se plait à le brosser certaines organisations. C’est en substance le verdict des autorités marocaines après une visite in situ à Huelva. Les femmes qui ont exprimé le souhait de continuer à travailler seront transférées vers d’autres fermes. Les lieux ne sont pas encore fixés mais l’opération se fera dans le respect des droits des femmes et sous la vigilance des autorités consulaires et diplomatiques marocaines en Espagne. D’après le constat, les fermes agricoles où s’affairent les travailleuses agricoles marocaines ont été épargnées. Seuls trois cas suspects ont été relevés, lesquels se sont avérés négatifs.