Maroc

Réforme de l’enseignement : quid du financement ?

Le gouvernement est attendu sur la mise en œuvre de la réforme législative de l’enseignement. Sur le plan financier, le budget du secteur en 2022 est en augmentation de 5,4 milliards de dirhams par rapport à 2021. Est-ce suffisant pour répondre aux exigences de la réforme ?

La mise en œuvre de la réforme du système éducatif est tributaire de l’amélioration du financement du secteur. Dans le projet de budget de 2022, le gouvernement compte allouer une enveloppe de 77,4  milliards de dirhams (MMDH) à l’enseignement, soit une augmentation de 5,4 MMDH par rapport à 2021. Bien que ce budget ait connu une augmentation ostensible au cours des dernières années (+ 39,2 % par rapport à 2016) et que le secteur représente plus de 22 % du Budget général de l’État, il reste encore de grands efforts à déployer pour atteindre les objectifs de la réforme tant escomptée car plus de 89 % du montant alloué au département de l’enseignement est consacré à la masse salariale et aux dépenses du personnel alors que les besoins sont énormes en matière pédagogique. Rien que la mise en œuvre des dispositions de la loi-cadre de l’éducation et de la formation nécessite un budget annuel supplémentaire de 10 MMDH. Le budget de l’État, à lui seul, ne pourra pas supporter le poids financier de la réforme tant souhaitée, comme l’a souligné, à plusieurs reprises, l’ancien chef du département de l’enseignement. Il s’avère en effet urgent de mettre en place des financements innovants.  À ce titre, les collectivités territoriales sont appelées à jouer un rôle primordial dans le financement de l’enseignement en vue d’alléger la pression non seulement sur le budget de l’État, mais aussi sur les ménages ( surtout les classes moyennes) qui contribuent à hauteur de 30 % dans le financement de l’enseignement. C’est un taux qui dépasse de loin la moyenne enregistrée dans les pays de l’OCDE (16 %).

1,9 MMDH au préscolaire en 2022
Les défis sont, ainsi, de taille pour répondre aux exigences de la réforme. Plusieurs priorités sont tracées pour l’année 2022, à commencer par le chantier de la généralisation de l’enseignement préscolaire dont la mise en œuvre sera accélérée. Le projet de budget alloue une enveloppe de 1,9 MMDH au préscolaire dont 940 millions de dirhams (MDH) pour les dépenses de fonctionnement des classes. Le département de Chakib Benmoussa entend créer de nouvelles classes du préscolaire et mettre à niveau les classes existantes en vue d’atteindre l’objectif de la généralisation en 2028. Il compte aussi investir dans les programmes de développement ayant trait à la petite enfance. Dans ce cadre, un montant de 250 MDH sera alloué en 2022 pour accompagner les crèches qui accueillent les enfants de moins de quatre ans ; et ce, en vue de créer des opportunités d’emploi et d’améliorer l’employabilité des femmes. En matière de renforcement de l’offre scolaire, quelque 2,3 MMDH seront dédiés à la construction de 230 nouveaux établissements dont 30 écoles communautaires et 43 internats. A cela s’ajoute un montant de 2,56 MMDH pour la réhabilitation des infrastructures et les équipements scolaires, dont 560 MDH pour le remplacement des salles de classe en préfabriqué. Un intérêt particulier sera, par ailleurs, accordé à l’amélioration de la qualité de formation des enseignants pour rehausser leurs compétences. À cet égard, un budget de 500 MDH sera consacré aux formations initiale et continue et de 350 MDH à la mise à niveau des centres régionaux des métiers d’éducation et de formation. Les académies régionales de l’éducation et de la formation continueront de gérer les recrutements. Le PLF 2022 prévoit la création de 17.000 postes dont 2.000 pour le recrutement de cadres pédagogiques.

Législation : la réforme en vue
Sur le plan législatif, plusieurs textes se font toujours attendre, dont celui ayant trait au secteur privé. On s’attend à ce que le projet de loi portant sur l’enseignement scolaire permette de traiter, pour la première fois, cette question. Ce texte est fin prêt et devra être bientôt mis dans le circuit législatif. Il va regrouper la loi-04-00 qui concerne l’obligation de la scolarité, la loi 05-00 portant sur la généralisation d’un préscolaire de qualité et la loi 06-00 relative à l’enseignement privé. Il doit prendre en considération les dispositions de l’article 13 et de l’article 14 de la loi-cadre qui imposent l’amendement du cadre juridique régissant ce secteur en institutionnalisant sa contribution dans l’effort global de généralisation de la scolarisation, notamment en milieu rural et pour certaines catégories sociales dont les personnes en situation de handicap, ainsi que dans l’effort de lutte contre l’analphabétisme. Mais ce qui est le plus attendu par les parents et les parlementaires, c’est la révision des conditions d’autorisation des écoles scolaires privées et l’établissement d’une nomenclature et d’une classification de ces établissements qui servira de référentiel pour l’estimation des frais de scolarité et les frais d’assurance. Outre la réforme de l’enseignement scolaire, le plan législatif comporte la révision du cadre juridique de formation professionnelle et de l’enseignement supérieur, l’amendement de la loi n° 07-00 créant les académies régionales d’éducation et de formation pour que ces entités puissent jouer pleinement leur rôle sur les plans régional, provincial et local.

Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO



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