Programme national des SIPAM : un dispositif d’accréditation nationale dans le pipe
Afin de mieux capitaliser sur les Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM), le ministère de l’Agriculture a lancé l’étude d’élaboration du Programme national des SIPAM. L’objectif est de mettre en place un réseau SIPAM national et son intégration dans le cadre des stratégies agricole et rurale. Ce programme se basera sur les critères de la FAO en mettant en place un dispositif d’accréditation nationale.
Depuis 2005, la FAO a reconnu l’équivalent de 72 systèmes du patrimoine agricole, dont 3 au Maroc, alors que d’autres candidatures sont en cours d’évaluation par l’agence onusienne. Afin de mieux capitaliser sur les Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM), le ministère de l’Agriculture, à travers sa Direction de développement de l’espace rural et des zones de montagne, a lancé l’étude d’élaboration du Programme national des SIPAM au Maroc.
L’objectif est de mettre en place un réseau SIPAM national et son intégration dans le cadre des stratégies agricole et rurale en termes de développement durable. Ce programme se fondera sur les critères de reconnaissance des SIPAM déterminés par la FAO en mettant en place un dispositif d’accréditation nationale qui soumettra les dossiers de plaidoyer à la FAO pour une reconnaissance internationale. L’étude en question sera réalisée dans quatre régions pilotes : Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Béni Mellal-Khénifra, l’Oriental et Marrakech-Safi.
Déjà, une prospection préliminaire, au titre de l’année 2011, avait révélé l’existence de plus de 500 sites potentiels alors que ceux déjà reconnus au Maroc relèvent de la région de l’Oriental, notamment le SIPAM de Figuig, reconnu en 2022, en plus du système agro-sylvo-pastoral de l’arganier dans l’espace Ait Souab-Ait Mansour, depuis 2018, relevant des provinces de Chtouka-Ait Baha et de Tiznit dans la Région Souss-Massa. A cela s’ajoute le système d’oasis froids dans les montagnes de l’Atlas.
L’intégration des SIPAM dans les stratégies agricole et rurale
Il va sans dire que le potentiel des sites SIPAM au Maroc se localise au niveau de l’espace rural en général et au niveau des zones de montagne, des oasis, des parcours et des zones arides de manière spécifique. Actuellement, avec la succession de sécheresses, la rareté des précipitations et les changements climatiques, ces espaces subissent plusieurs pressions, notamment la dégradation de la biodiversité et la perte des terres et des sols. Autant de contraintes qui nécessitent des réponses urgentes et appropriées surtout dans le cadre de la nouvelle stratégie de développement agricole «Génération Green 2020-2030» à travers son deuxième fondement qui porte sur la pérennité de développement agricole. S’agissant de la Stratégie nationale de développement de l’espace rural et des zones de montagne (SNDERZM), elle accorde la priorité à la problématique de développement de zones à potentiel SIPAM, en l’occurrence via son second volet dédié aux écosystèmes de développement intégrés et les projets environnementaux prioritaires pour l’utilisation durable des ressources naturelles et la préservation de la biodiversité. En effet, les projets qui découlent de ces deux stratégies et leurs axes concordent fondamentalement avec le concept SIPAM, selon les critères déterminés par la FAO.
Une coordination synergétique de l’ensemble des acteurs
Selon le ministère de tutelle, le contour du Programme national des SIPAM au Maroc mettra en avant les tendances des approches de développement agricole et rural à retenir pour le développement des zones à potentiel SIPAM dans les écosystèmes de montagne, oasiens et pastoraux et qui devront aboutir à une meilleure valorisation des potentialités locales de manière durable.
Il s’agit aussi de réduire les menaces pesant sur la biodiversité agricole et l’agriculture originale et durable, en plus du patrimoine culturel permettant la conservation et la sauvegarde des zones SIPAM. A travers ce programme, il est attendu la mise en place d’un Système ingénieux du patrimoine agricole marocain en se basant sur les fondements de l’initiative SIPAM FAO à travers l’intégration d’une composante SIPAM dans le cadre des stratégies agricole et rurale.
Selon l’étude en question, la mise en place d’un réseau SIPAM au Maroc révèle l’importance du caractère multi institutionnel des opérations à entreprendre au niveau local. Elle doit faire aussi appel à une coordination synergétique des opérateurs locaux, régionaux et nationaux dans le cadre de la programmation et de l’exécution des actions convenues. L’implication des bénéficiaires dans l’exécution et la gestion des actions au niveau du terroir doit être prise en considération pour garantir l’appropriation et la durabilité des projets de développement durable des sites SIPAM.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO