Maroc

Politique de la ville : la feuille de route des collectivités territoriales

Après le renouvellement des instances représentatives au sein des régions, des provinces, des préfectures et des communes, les quatre catégories des collectivités territoriales s’apprêtent à mettre en œuvre de nouvelles orientations de la politique de la ville durant ce mandat

Le changement majeur qui a été opéré au niveau des instances décisionnelles des collectivités territoriales devra donner une nouvelle dynamique au chantier du renouvellement urbain et à la mise en œuvre des mesures destinées à atténuer les inégalités spatiales. Il faut dire que la feuille de route qui se dégage des programmes des formations politiques qui détiennent les commandes dans les conseils des régions et ceux des communes tracent une nouvelle orientation pour la politique de la ville, articulée autour d’une batterie de mesures visant à assurer une requalification urbaine au sein des zones qui souffrent le plus du déficit en infrastructures de base. Dans la ligne de mire des conseils nouvellement élus, l’adoption «d’une nouvelle approche qui se base sur une nouvelle génération de conventions visant à améliorer le cadre d’habitat au sein des grandes villes et des centres émergents», indique la feuille de route qui s’étend jusqu’à l’année 2030. La question du financement des projets figure en tête de liste des préoccupations, avec la nécessité de renforcer les dotations qui seront affectés aux conseils élus par le budget de l’État. La contribution budgétaire des conseils élus au sein des quatre catégories des collectivités territoriales demeure en effet cruciale et conditionne la continuité des projets. D’un autre côté, des contrats triennaux entre l’État et les collectivités territoriales seront finalisés. «Les villes nouvelles restent prioritaires dans le nouveau schéma, de même que la procédure de la contractualisation sera dotée d’un nouveau guide qui encadre la méthodologie de la signature des contrats avec les collectivités territoriales», précise le cadre contractuel projeté. Le plan d’action pour la période 2022-2025 prévoit dans le même registre de «poursuivre la politique de la contractualisation dans le cadre de la programmation triennale du budget, ainsi que la mise en œuvre des programmes qui concernent les centres émergents». L’option la plus envisageable sera de réviser les programmes qui sont en cours «avec la rationalisation des dépenses engagées et la prise en compte du coût des programmes».

Les exigences du nouveau modèle de développement
Les résolutions projetées pour la rentrée régionale et communale en matière d’aménagement urbain devront insérer les pistes préconisées par le nouveau modèle de développement. Les objectifs tracés indiquent que le taux d’exécution des projets liés au renouvellement urbain devra atteindre 80% durant les deux prochaines années. Il s’agit essentiellement des programmes visant la restauration des tissus urbains anciens dont le nombre est de 31 villes concernées par les programmes lancés. Des efforts supplémentaires seront également déployés pour que les pactes d’urbanisme puissent se généraliser, «avec une moyenne de 5 pactes urbains par an et sur les 5 années à venir». L’implication des conseils élus dans le façonnement de la politique de la ville devra ainsi porter le nombre des pactes d’urbanisme à 86 documents à la fin 2022. À souligner que les schémas directeurs d’aménagement urbain (SDAU) ne concernent plus une ville mais couvre la totalité des provinces et des préfectures, ce qui permet à l’ensemble des communes d’être inclus dans les programmes de requalification. Pour ce volet, les collectivités territoriales s’attendent à une accélération du processus de l’adoption des SDAU en vue de tempérer les effets de la spéculation et réduire les exceptions en matière d’urbanisme. Et ce, sans oublier la visibilité qui sera assurée aux collectivités territoriales pour la mise en place des projets d’infrastructures et la préparation des guides de référence qui fixent les normes techniques des schémas d’urbanisme.  

La planification stratégique, un nouveau mode d’emploi au niveau des provinces

Le rôle de l’accompagnement étatique aux nouvelles instances élues reste crucial. Pour ce volet, les demandes émises par les conseils élus durant le dernier mandat se sont articulés autour de la nécessité de «soutenir la planification stratégique au niveau des provinces, ainsi que l’assistance des acteurs locaux au niveau de l’ingénierie spatiale». L’État compte aussi capitaliser sur la valeur ajoutée des études «prospectives et préventives», qui ont été réalisées en vue de renforcer son soutien technique aux conseils élus. La typologie des enquêtes et prospections réalisées concerne, principalement, «la transition numérique des espaces, les études portant sur la gestion des risques ainsi que celles relatives à la mobilité et aux déplacements urbains», selon l’inventaire réalisé. Plusieurs autres domaines seront inclus dans le périmètre de la recherche dans le domaine du renouveau urbain, notamment les études portant sur la promotion des activités commerciales, le tourisme ainsi que les quartiers écologiques.

Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO



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