Plantes médicinales et aromatiques. La production du romarin en déclin
La Maroc a toujours été connu pour sa filière de plantes médicinales et aromatiques qui se distinguent par une forte teneur en principes actifs et en antioxydants, notamment pour des espèces telles que le romarin. Cependant, la récolte attendue est loin d’être prometteuse, surtout pour celles poussant à l’état sauvage, contrairement aux plantes cultivées qui arrivent à tirer leur épingle du jeu.
La rude vague de sécheresse qui sévit au Maroc depuis plus de six ans n’a pas épargné la plupart des plantations. Parmi elles, la filière des plantes aromatiques et médicinales, qui regorge de potentiel dans plusieurs régions du pays. Bien que certaines d’entre elles, comme le romarin, demeurent résistantes à un climat aride, la prochaine récolte risque d’être peu fructueuse, sauf pour la production cultivée.
Des adjudications en suspens
En effet, il est important de signaler que 98% de la récolte des plantes médicinales et aromatiques émane de la production sauvage, tandis que la part des plantes cultivées ne représente que 2%, avec de faibles superficies dédiées. À titre d’exemple, la superficie consacrée à la production sauvage de romarin est estimée à un million d’hectare, tandis que la production cultivée ne représente que 10.000 hectares. À noter que cette plante pousse dans différentes régions du pays, à savoir l’Oriental, le Gharb et le Sud au niveau de Ouarzazate.
C’est ainsi que le volume de la production varie d’une région à l’autre, comme l’a confirmé Mehdi Benchekroun, propriétaire du domaine éponyme. «La production cultivée a elle-même été impactée par la sécheresse. Le manque d’irrigation augmente la chaleur et la salinité du sol, mettant les plantes en état d’hibernation. Elles ne meurent pas, mais elles ne produisent rien. Toutefois, la situation reste maîtrisable, mais le recul de la récolte est palpable, en raison d’un manque de régénérescence», indique-t-il.
Par ailleurs, le romarin connaît deux périodes de récolte. La première démarre dès le mois de juin au niveau de la région du Gharb. Pour les autres régions, elle commence à partir du mois de septembre. Pour gérer les productions sauvages, qui sont de la responsabilité du département des eaux et forêts, des adjudications de parcelles sont lancées pour la gestion de la récolte. Il semblerait qu’à l’heure actuelle, les adjudications ne sont toujours pas lancées, mais les autorités concernées favorisent les coopératives locales.
Un manque à gagner
Les récoltes sont principalement destinées à l’export. D’ailleurs, le Maroc en est le 12e exportateur mondial, selon les chiffres disponibles. Quant à la production exportée, elle est estimée à 52.000 tonnes pour les 600 espèces identifiées, pour une production annuelle de 140.000 tonnes annuellement. Le chiffre d’affaires à l’export dépasse ainsi 825 millions de dirhams.
Pour disposer de chiffres plus récents, nous avons contacté l’Agence nationale de plantes médicinales et aromatiques (ANPMA). Cette dernière a précisé que des études sont toujours en cours pour la valorisation de la filière. À cet effet, des programmes de valorisation des plantes médicinales et aromatiques ont été lancés en 2023 dans la perspective de développer les unités d’extraction des principes actifs et de conservateurs naturels. À noter que les plantes marocaines sont très prisées à l’international de par leur forte teneur en antioxydant utilisé dans le processus de production de plusieurs industries, dont les cosmétiques, les produits pharmaceutiques et l’alimentation.
Néanmoins, tout porte à croire qu’au niveau du marché international, la demande pour les antioxydants a fortement reculé au point que certaines unités d’extraction botaniques ont mis la clé sous le paillasson, notamment en Espagne. Par contre, le marché marocain représente un fort potentiel dans ce créneau surtout qu’il est pleine restructuration.
Selon certaines informations, de nouvelles unités étrangères auraient ouvert au Maroc. Quant au prix pratiqués, des négociants indiquent qu’actuellement le cours à l’international se situe autour de 4 DH le kilo, ce qui représente une baisse.
En dépit des efforts consentis, le secteur fait face à une série de contraintes liées, notamment à la transformation et la commercialisation, puisqu’une bonne partie de la production est destinée à l’export. Un manque à gagner que le Royaume devra combler pour renforcer sa position pas seulement en tant qu’exportateur de produits bruts, mais également de principes actifs.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO