Maroc

Pénuries des enseignants : l’UNESCO appelle à accélérer les réformes

Un tout récent rapport de l’Unesco souligne l’ampleur des défis que le Maroc doit relever pour combler le manque d’enseignants et assurer une éducation universelle et de qualité. Face à une pénurie accrue d’enseignants qualifiés, des solutions urgentes sont nécessaires pour garantir l’avenir de l’éducation dans le pays.

Dans un contexte mondial où l’accès à une éducation de qualité est défini comme un objectif essentiel des Nations Unies pour 2030, le Maroc se trouve face à un défi de taille. Selon le dernier rapport mondial de l’Unesco sur les enseignants, publié en 2024, le pays, comme beaucoup d’autres, est confronté à une crise de pénurie de personnel enseignant qualifié, une situation alarmante qui menace l’objectif d’une éducation inclusive et équitable. Alors que le nombre d’enseignants requis mondialement s’élève à 44 millions d’ici 2030, l’ampleur des besoins pour le Maroc souligne une nécessité d’action rapide et coordonnée.

Un besoin massif en enseignants qualifiés
Dans plusieurs régions, notamment en Afrique du Nord et Asie de l’Ouest, le ratio élèves-enseignant est au-dessus des normes. Bien que les données spécifiques au Maroc ne soient pas fournies pour 2024, un chiffre souvent cité pour le pays indique un ratio de 27 élèves par enseignant dans le primaire, nécessitant des efforts accrus pour recruter et former davantage de personnel.

Le rapport souligne que la réduction de ce ratio est cruciale pour atteindre l’objectif de qualité d’apprentissage. Le rapport met également en avant que, dans plusieurs pays, les conditions de travail pour les enseignants restent peu attractives, compromettant l’attractivité de la profession et accentuant les problèmes de recrutement et de rétention.

Au Maroc, par exemple, les conditions salariales et sociales des enseignants reflètent une précarité significative. Près de 60% des enseignants marocains ont indiqué avoir renoncé à des soins médicaux en raison de contraintes financières, illustrant un quotidien souvent difficile à concilier avec les exigences du métier. En 2023, le salaire moyen des enseignants s’élevait à 8.288 DH.

Ce chiffre, en deçà des rémunérations de professions comparables, constitue un frein pour attirer de jeunes talents vers le secteur de l’enseignement. L’Unesco souligne ainsi que cette précarité salariale, combinée à une absence de perspectives de progression de carrière et à des affectations souvent éloignées, pèse lourdement sur la profession, augmentant les taux de démission et limitant l’engagement des enseignants en poste. L’Unesco recommande donc une révision des salaires pour attirer et retenir les talents.

Par ailleurs, améliorer les infrastructures scolaires et garantir un environnement de travail sain et motivant s’avère crucial pour la pérennité du système éducatif marocain. Dans les zones rurales, où les défis logistiques et matériels sont plus importants, les conditions de travail doivent être renforcées par des incitations telles que des primes de déplacement et des programmes de logement, afin de garantir la présence d’enseignants qualifiés.

Par ailleurs, la formation continue représente un levier essentiel pour la professionnalisation de l’enseignement. Le rapport de l’Unesco insiste sur la nécessité pour les enseignants de bénéficier de programmes de développement professionnel adaptés, permettant d’acquérir des compétences pédagogiques nouvelles et de se former aux technologies éducatives.

En effet, avec la digitalisation croissante des méthodes pédagogiques et l’usage accru des outils numériques, le Maroc doit investir dans des programmes de formation qui intègrent ces nouvelles compétences. Des pays comme la Corée du Sud ont mis en place des groupes de travail où jeunes enseignants et mentors expérimentés partagent leur savoir-faire et leur expérience, contribuant ainsi à la montée en compétences collective. Adapter ce modèle au contexte marocain pourrait être une piste pour améliorer la formation des enseignants tout en renforçant la cohésion au sein de la communauté éducative.

Vers un nouveau contrat social pour les enseignants
Le rapport propose également une vision ambitieuse d’un «contrat social» pour l’éducation, qui pourrait redéfinir les fondements de la profession enseignante.

Selon cette perspective, il est primordial que les enseignants marocains soient non seulement bien formés mais aussi valorisés en tant que piliers de la société. Un nouveau contrat social inclurait des politiques visant à rendre l’enseignement plus attractif pour les jeunes, en intégrant des perspectives de carrière claires, un meilleur statut social, et en renforçant l’inclusion des femmes et des minorités au sein du corps enseignant.

En facilitant l’accès à la profession pour des groupes sous-représentés, le Maroc pourrait diversifier et enrichir son personnel enseignant, offrant ainsi aux élèves des modèles de référence plus variés et inclusifs. L’un des points cruciaux pour l’amélioration du système éducatif repose sur les financements. Le rapport de l’Unesco recommande de consacrer entre 4% et 6% du PIB à l’éducation, une cible qui reste difficile à atteindre pour de nombreux pays à faible revenu.

Actuellement, le Maroc affecte environ 5,2% de son PIB à l’éducation, mais une hausse de cet investissement pourrait permettre de combler les lacunes en matière de ressources humaines et matérielles. Ces fonds supplémentaires seraient essentiels pour offrir des salaires plus compétitifs, améliorer les infrastructures et garantir des programmes de formation continue.

De plus, la coopération internationale et l’aide des organisations mondiales jouent un rôle clé dans l’atteinte de ces objectifs. En collaboration avec l’Unesco et d’autres partenaires, le Maroc pourrait bénéficier de programmes de soutien technique et de financements supplémentaires pour accélérer les réformes nécessaires.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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