Nouveau gouvernement. L’Exécutif le plus réduit depuis Abdallah Ibrahim
Le remaniement ministériel ouvre une nouvelle étape dans la gestion gouvernementale avec plusieurs records qui ont été atteints. Une équipe de 23 ministres qui met un terme à la formule des gouvernements élargis.
Le nouveau gouvernement qui a été nommé par le souverain restera sans aucun doute dans les annales de la vie constitutionnelle du pays. Comme promis, la nouvelle équipe gouvernementale a été réduite de manière très significative avec un message fort qui a été lancé pour écarter toute complaisance partisane dans la formation des équipes gouvernementales et surtout qui reflète fidèlement la carte parlementaire issue des urnes. Les grands indicateurs qui se dégagent de la nouvelle équipe se rapportent aussi aux nouveaux pôles gouvernementaux qui ont été créés. La nouvelle architecture gouvernementale est devenue une nécessité après que la division des départements ministériels du gouvernement sortant a montré ses limites, ce qui a imposé un nouvel organigramme qui fait fi des secrétariats d’État et qui instaure le même statut pour tous les membres du gouvernement, avec les mêmes prérogatives en matière de prise de décisions.
Une moyenne d’âge de 58 ans
Au total et sur les 40 portefeuilles qui existaient dans l’ancienne formule, ce sont 24 qui ont été sauvegardés avec le maintien de l’ossature des plans sectoriels. La répartition qui a été opérée montre que le PJD et le RNI ont eu respectivement 7 et 4 portefeuilles alors que le MP a pu obtenir 2 portefeuilles clés, de même que l’USFP et l’UC ont chacun un poste ministériel à gérer. Toujours pour ce volet, ce sont 18 ministres et 5 autres délégués. L’autre fait marquant à côté de l’équipe ramassée de la nouvelle équipe, c’est que 4 femmes font leur entrée, ce qui a haussé le taux de renouvellement des membres du gouvernement, sachant que 7 portefeuilles sont occupés par des ministres qui n’ont pas d’appartenance politique et qui couvrent notamment les domaines des affaires étrangères, des Habous et de l’Intérieur. La moyenne d’âge du gouvernement dans son ensemble est de 58 ans. Le chef de file de la majorité possède la moyenne d’âge la plus basse avec 54 ans alors que les ministres qui ne portent pas de couleur politique au sein du gouvernement ont la plus haute moyenne, avec 62 ans. Pour les nouveaux ministres, cette moyenne est évidemment la plus jeune, avec 45 ans. Le ministre le plus jeune de la nouvelle équipe d’El Otmani est le nouveau ministre de l’Emploi et de l’intégration professionnelle, Mohamed Amkraz, qui a 41 ans alors que le ministre des Habous et des affaires islamiques est le plus âgé des ministres, avec 76 ans.
Le satisfecit de la majorité
À l’issue de la confiance royale, le chef de gouvernement a affirmé que «le gouvernement dans sa nouvelle mouture répond aux critères sur lesquels a insisté le souverain dans le discours du Trône de juillet 2019, notamment en ce qui a trait à l’intégration de nouvelles compétences et la prise en compte de la présence des femmes et des jeunes». «L’opération de rajeunissement s’avère nécessaire non seulement en ce qui concerne les hautes fonctions mais aussi au niveau du gouvernement», a-t-il insisté. Les grandes innovations concernent le rattachement de la société civile et les Relations avec le Parlement au ministère d’État chargé des droits de l’homme.
Pour sa part, le chantier de la réforme administrative a été confié directement au département de l’Économie et des finances. Le département de l’Industrie aura quant à lui la mission de gérer l’économie verte, un chantier crucial pour l’avenir de l’économie marocaine qui converge avec plusieurs départements mais c’est sans aucun doute le rassemblement des ministères de la Jeunesse et de la Culture qui retient le plus d’attention dans la nouvelle ingénierie gouvernementale. Cette démarche dénote d’une nouvelle vague de projets qui pourraient être lancés pour permettre aux jeunes d’être au centre des programmes culturels. Pour sa part, le malaise suscité par les secrétariats d’État pourra enfin être dépassé. La nouvelle architecture devra en effet mettre un terme à un réel problème affronté par la majorité gouvernementale en matière d’attributions ainsi qu’en ce qui concerne les relations avec les ministres qui supervisent ces secteurs.
Mehdi Mezouari
Membre du bureau politique de l’USFP
Je crois qu’il y a un décalage par rapport au cahier des charges fixé par le chef de l’État qui a demandé officiellement ce remaniement dans le discours du trône. Il n’y avait pas de renouveau dans ce 3e remaniement par rapport à la durée du casting, de même que la logique proportionnelle entre les partis n’a pas été très claire. On a l’impression que l’on est en face d’un réchauffé.
Aziz Chahir
Politologue et chercheur
Il s’agit plus d’un recalibrage technique que d’un remaniement qui n’a pas touché le socle du gouvernement composé essentiellement de son programme. Ce qui est intéressant à relever, c’est toujours l’absence d’information sur le déroulement des négociations qui ont été menées avant la formation du nouveau gouvernement, de même qu’on ne sait pas à qui a profité ce remaniement.
Mohammed Benmoussa
Économiste et acteur associatif
Ce qui intéresse les citoyens, au delà du casting, c’est l’efficacité du gouvernement et sa capacité à répondre à leurs attentes. Ce qui a justifié le remaniement, c’est l’inefficacité du gouvernement sortant. Il faudra rappeler les dispositions de l’article 47 de la Constitution qui permet au roi de nommer le gouvernement et je pense que le souverain a statué sur l’offre qui lui a été faite et il a dû estimer qu’elle est la meilleure offre possible.