Mutualité : Passe d’armes entre la Mgpap et la Cnops
La Mutuelle générale du personnel des administrations publiques s’est fendue d’un communiqué au vitriol contre des «pratiques illicites» de la Cnops et de son directeur.
La hache de guerre est déterrée entre la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques (Mgpap) et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (Cnops). À l’issue d’une réunion de son Conseil d’administration, la mutuelle s’est fendue d’un communiqué au vitriol qui fustige la Cnops et les pratiques de son directeur.
En premier lieu, la mutuelle condamne «la décision portant sur le retrait des mutuelles du Conseil d’administration de la Cnops, afin de s’emparer des différents acquis du secteur mutualiste et de faire taire la voix de la couverture complémentaire portée par les mutuelles, sous prétexte de transformer cet organisme en une institution étatique». Des «allégations infondées», rétorque Aziz Khorsi, directeur de la communication à la Cnops. Et d’ajouter : «La Caisse n’a aucun pouvoir pour retirer ou rajouter qui que ce soit au Conseil d’administration. Une telle démarche est régie par la loi». Qu’à cela ne tienne !
La Mgpap ne l’entend pas de cette oreille et entend «mener toutes les formes de militantisme et à recourir aux différentes procédures juridiques en vigueur afin de préserver les acquis de la mutualité et de protéger le droit d’accès aux soins aux adhérents et à leurs ayants droit». La Mgpap n’y est pas allée avec le dos de la cuillère avec le patron de la Cnops. La mutuelle dénonce en effet des pratiques illicites du directeur de la Cnops remaniant l’ordre du jour du Conseil d’administration de cet organisme afin de régler des comptes personnels avec les adhérents de la Mgpap, des fonctionnaires du secteur public et semi-public et des collectivités locales. Ceci a comme seul objectif de contrecarrer l’avancée notable de la Mgpap dans le domaine de la couverture complémentaire.
Le ministère de la Santé n’a pas échappé aux foudres de la mutuelle, présidée par Abdelmoula Abdelmoumni. La Mgpap dénonce en effet l’adhésion du secrétaire général du ministère de la Santé à la campagne de lutte contre les acquis des établissements sanitaires mutualistes en générale, et celle de la Mgpap en particulier. Pour elle, «le responsable du ministère a été influencé par le directeur de la Cnops». Contacté pour donner sa version des faits, le ministère de la Santé n’a pas donné suite à nos sollicitations. Mais dans tous les cas, pour la Cnops, la sortie tonitruante de la mutuelle générale a d’autres raisons. «La Mgpap ne voit pas d’un bon œil le projet de réforme du Code de la mutualité qui devrait se traduire pas plusieurs changements et, surtout ramener plus de transparence dans la gestion des mutuelles, dont certaines ont connu des détournements de fonds qui se chiffrent à plusieurs millions de dirhams», explique notre source. La mutuelle, qui compte près de 1,5 million d’adhérents, conteste en effet plusieurs dispositions du projet de loi qui est toujours en discussion au Parlement.
Dossiers en litige
La relation entre la Mgpap et la Cnops n’est pas au beau fixe depuis plusieurs années. Et les points de discorde entre les deux parties ne font qu’augmenter, rajoutant de l’huile sur le feu. Selon la mutuelle, il s’agit, entre autres, de l’arrêt des remboursements par la Cnops des activités du tiers payant; du refus du paiement des dossiers forclos que l’Agence nationale de l’assurance maladie (Anam) a autorisé ; du retard dans l’octroi préalable, pour les prothèses dentaires, de la forclusion appliquée sur 398 dossiers de prise en charge pour enfants scolarisés aux centres Amal ; du refus de prendre en compte le code INPE octroyé par l’Anam pour les centres psychopédagogiques Amal ; le défaut de paramétrage des nouveaux taux de remboursement des dossiers des soins ambulatoires…plusieurs dossiers non résolus qui ne font qu’attiser la tension entre les deux parties.