Maroc

MHE: « Chaque avion qui vole dans le monde porte, au moins, une pièce fabriquée au Maroc »

Une belle annonce a été faite par Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, lors des RDV de l’industrie. La relance dans le secteur aéronautique ne saurait tarder et elle sera exponentielle.

«Ca va redécoller très vite et très fort dans le secteur aéronautique marocain» ! Cette annonce a été faite par Moulay Hafid Elalamy, le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, hier mardi 16 mars, lors des RDV de l’industrie, une rencontre-débat virtuelle entre les acteurs publics et privés de l’écosystème de l’aéronautique qu’il a présidée. Soyons clair, l’annonce d’Elalamy n’a rien à avoir avec l’aviation civile et, donc, la reprise des activités du segment aérien. Ici, on parle notamment de l’industrie aéronautique où le ministre fonde ses propos sur de solides arguments pour étayer son annonce. Comme premier argument, Elalamy a déclaré que «de très grands donneurs d’ordres ont pris de grandes décisions qui seront annoncées prochainement. Moi-même et certaines personnes ici présentes sont au courant de ces annonces très importantes pour le secteur». Nous n’en saurons pas plus, pour le moment, les dernières retouches étant probablement en train d’être apportées à ces dossiers.

Spirit et Hexcel annoncent des extensions d’usines
En attendant de connaître l’ampleur exacte et les effets d’entraînement bénéfiques de ces décisions sur le secteur, certains acteurs de l’écosystème aéronautique présents lors de la rencontre ont fait leurs propres annonces. C’était notamment le cas de Tom Gentile, patron de Spirit Aerosystem au Maroc qui a repris la filiale locale de Bombardier installée à Midpark, le parc industriel dédié à l’aéronautique situé à Nouaceur. Selon Gentile, «nous avons été enthousiaste pas seulement pour reprendre Bombardier, mais également pour tripler sa capacité de production au Maroc».

C’est également le cas de Thierry Merlot, Président Europe/Moyen-Orient Afrique/Asie Pacific de Hexcel. Selon lui, «Hexcel projette de se lancer à fond dans la fabrication des matériaux composites au Maroc. C’est pour raison que nous allons lancer très prochainement un projet d’extension de notre usine, pour un investissement de 240 MDH qui permettra de créer près de 200 emplois nouveaux». En plus de ces deux projets et ceux que l’on ne connait pas encore, Elalamy a avancé un second argument de taille qui plaide en faveur d’une forte reprise du secteur aéronautique. Il s’agit du fait que le Maroc soit parvenu à développer une double capacité : celle de fabriquer des pièces et celle de faire de l’assemblage. Et pas n’importe quelles pièces, parmi les 20.000 que l’on compte dans un avion ! «Lorsque vous dites à un donneur d’ordres que vous fabriquez des réacteurs et des parties chaudes aéronautiques, comme nous le faisons avec Safran, personne ne vous résiste. Pourquoi ? Parce que vous fabriquez les parties les plus complexes d’un avion», affirme le ministre. «C’est grâce à ses prouesses que le Maroc a aujourd’hui gagné la première place du secteur en Afrique, devant l’Afrique du Sud, et ses lettres de noblesse dans le secteur aéronautique mondial».

Le GIMAS a une solide feuille de route
Ses ressources humaines de qualité, son ingénierie, sa proximité géographique avec l’Europe, ses coûts compétitifs et sa vision à travers le PAI (Programme d’accélération industrielle) en ont fait un partenaire de référence mondiale. Pour autant, comme l’a dit Karim Cheikh, le président du GIMAS (Groupement des industries marocaines aéronautiques), « il faut continuer à se battre pour garder notre part de marché. C’est à cet effet que nous décidé de travailler sur plusieurs axes». Bencheikh a notamment parlé du développement des matériaux composites avec Stelia et Safran, de la décarbonation à travers la production verte de pièces moteurs, de propulsion hybride et de propulsion hydrogène, de la recherche appliquée, de la formation sans oublier l’entretien, la maintenance et la réparation avec Matis, Air France Industrie et Satys aéronautique au profit des flottes africaine et européenne. Pour booster la recherche appliquée dans le domaine aéronautique où les innovations vont très vite, le GIMAS a décidé de collaborer avec l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguerir, dont le président Hicham El Habti a présenté le supercalculateur. Rappelons que cet outil, développé en partenariat avec l’université de Cambridge, permet au Maroc d’occuper le 98e rang des superordinateurs les plus puissants au monde et la 26e place mondiale et à la 1re place africaine, en termes de puissance de calcul. Son usage intelligent peut tout changer dans l’innovation au Maroc ! Ce n’est pas tout, le royaume a également l’opportunité de se développer très prochainement dans l’expertise aéronautique. En effet, Thomas Corbel, président de LPF Aero, a annoncé qu’il projette de venir faire de l’intégration verticale à forte gamme dans le système de propulsion au Maroc.

Le secteur a bien amorti le choc provoqué par la crise
Last but not least: le dernier argument -et non des moindres- avancé par le ministre de l’Industrie pour conforter son annonce, c’est que «le Maroc a bien amorti le choc provoqué par la crise sanitaire de la Covid-19». En effet, contrairement à ce qui s’est passé sous d’autres cieux, où les avionneurs comme Boeing ou encore Airbus se sont retrouvés sous un électrochoc qu’ils ont dû encaisser en coupant dans leurs effectifs, le secteur aéronautique marocain n’a pas beaucoup souffert de la crise sanitaire. Sur les 142 usines qu’il compte, aucune n’a mis la clé sous le paillasson. Les pertes d’emplois se sont plafonnées à 10%, contre 43% au niveau mondial. Le chiffre d’affaires à l’export a reculé de 29%, contre 50 % au niveau mondial. Ceci, suite aux conséquences de la crise qui se sont notamment matérialisées par l’interruption des achats d’avions, la suspension de vols qui ont cloué les avions au sol. Selon Elalamy, malgré cette situation, des investisseurs ont renouvelé leur confiance au Maroc et projettent d’y investir à court terme.

ILS ONT DIT: 

Moulay Hafid Elalamy.
Ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique

«Chaque avion qui vole dans le monde porte, au moins, une pièce fabriquée au Maroc».

Olivier Andriès.
Directeur Général de Safran

«Nous sommes présents au Maroc depuis 20 ans. Et notre histoire avec le Maroc est un partenariat à long terme».

Hamid Benbrahim Andaloussi.
Président de Midparc

«Nous ne sommes pas dans une industrie de main d’œuvre, mais dans une industrie de valeur ajoutée».

Karim Cheikh.
Président du GIMAS

«La logique des écosystèmes structurés a fait beaucoup de bien au secteur aéronautique».

Quatre ans de PAI, le bilan

Création de cinq écosystèmes : Assemblage – Ewis – MRE (Maintenance, répatration, entretien) – Boeing
42 entreprises créées
Hausse de 88% du chiffre d’affaires (0,9 MMDH en 2015 à 1,7 MMDH en 2019 )
Hausse de 75% des créations d’emplois (10.000 en 2015 à 17 000 en 2019
Hausse du taux d’intégration (17% en 2015 à 38% en 2019 et donc l’objectif de 35% du PAI dépassé).

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco


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