Lutte contre la précarité. Le rural toujours prioritaire

Le chef de gouvernement a listé devant les conseillers les principales mesures visant l’atténuation de la précarité dans les zones rurales.
La justice spatiale demeure un préalable mais aussi une finalité pour l’actuel gouvernement. Lors de son interpellation au sein de la Chambre des conseillers hier à propos des moyens mis en œuvre pour la protection des couches socialement fragilisées par la faiblesse de leurs revenus, le chef de gouvernement a clairement fait savoir que le gouvernement ne badine pas avec les projets à caractère prioritaire au sein des zones ciblées par les programmes qui ont été lancés. «J’insiste à ce que la lutte contre la précarité et l’atténuation des inégalités spatiales et sociales soient des priorités», a affirmé Saâd-Eddine El Othmani qui a ajouté qu’il s’agit «d’un processus et que les efforts fournis par les gouvernements précédents n’ont pas été suffisants».
Les politiques publiques qui ont trait à ce vaste domaine d’intervention concernent essentiellement l’enseignement et la santé, «du moment qu’elles sont les principales causes des dépenses des familles», a précisé le chef du gouvernement. Les dotations annuelles pour l’enseignement ont totalisé 68 MMDH pour cette année 2019 et englobent le soutien direct des familles pour la scolarisation de leurs enfants. El Othmani a promis qu’au cours de cette année 2019, l’élargissement des prestations sociales sera opéré au profit de la scolarisation. Le nombre des communes devra augmenter «avec le passage du ciblage géographique à celui social», a indiqué le chef de gouvernement concernant l’intégration des zones urbaines dans le champ d’application du programme Tayssir. Parmi les nouveaux modes cités pour la lutte contre la précarité se trouve la hausse des dotations de la santé pour atteindre 28 MMDH. «l’amélioration de la couverture médicale de base est une priorité», a assuré le chef du gouvernement qui a indiqué aussi que le gouvernement travaille actuellement sur le scénario apte à donner un important élan à ce chantier crucial pour le pays.
Comment agréger les programmes
Le gouvernement a finalisé le cadre d’action d’un comité chargé du pilotage de la stratégie nationale de développement rural. La réduction des inégalités territoriales sera le thème principal sur lequel le comité stratégique devra se pencher. Il s’agit de la validation des programmes qui imposent des critères d’éligibilité pour le soutien des communes à surmonter le déficit en infrastructures.
Le diagnostic réalisé par le gouvernement sur cet aspect montre qu’un certain nombre de dysfonctionnements subsistent, essentiellement le manque de coordination dans la mise en œuvre des stratégies, la longueur des procédures, le chevauchement des compétences et des difficultés à appliquer les textes au niveau local. La principale conclusion a été que chaque intervenant a tendance à «décliner le développement durable selon les particularités de leur secteur, ce qui nécessite de rompre avec la complexité et la multiplication des projets et des comportements qui nuisent à l’économie des ressources ou à l’équité», ajoute le diagnostic qui a poussé à la création de ce comité.
Par ailleurs, de nombreuses administrations ministérielles, de nombreuses agences et plusieurs fonds concourent dans l’effort de lutte contre la pauvreté, chacun traçant une feuille de route qui lui est propre, ce qui a amené le gouvernement à procéder à la création de ce comité stratégique qui aura en tête de liste de ses missions «le périmètre d’action de chacun pour assurer une mise en œuvre efficace». De son côté, l’approche de conventionnement sera évaluée. La Stratégie nationale de développement rural (SNDR) évalue son bilan, après plus de 6 ans d’application avec l’audit des programmes conventionnés et financés par le Fonds pour le développement rural et des zones de montagnes (FDRZM). Le diagnostic projeté porte sur l’ensemble des projets qui ont été mis en œuvre durant les 6 dernières années, soit plus de 800 projets de développement intégré répartis sur 146 programmes conventionnés. L’objet de l’audit concerne d’abord 26 programmes dont 10 projets de territoire qui ont été sélectionnés à partir des études élaborées par le gouvernement, les agences de développement, l’INDH et les stratégies sectorielles. La 2e catégorie des programmes audités concerne 62 initiatives pour mesurer l’impact du ciblage territorial qui a été effectué au sein des «nouvelles provinces afin de leur permettre de booster la dynamique de développement des territoires ruraux», indique l’argumentaire de l’Exécutif. La dernière catégorie des programmes destinés au rural porte sur le bilan de la procédure de l’appel à projets qui a été appliquée «pour encourager l’émergence de projets émanant des territoires, leur donner un nouvel élan, concrétiser l’approche territoriale participative ascendante et soutenir l’action des acteurs locaux».