Maroc

Les syndicats signent l’arrêt de mort du dialogue social

La date du prochain désœuvrement collectif qui touchera le public et le privé sera fixée dans les plus brefs délais. La liste des revendications a été rallongée.

La tension sociale gagne en ampleur. Les principales centrales du pays sont davantage montées au créneau, hier lors d’une rencontre avec la presse à Casablanca. La menace de grève plane cette fois non seulement sur les établissements publics et les collectivités locales, mais couvrent les tissus productifs privés aussi. Selon les syndicats, c’est là le moyen clé de «ramener le gouvernement à la raison» si l’on en croit les dires du meneur de l’Union marocaine du travail, Miloudi Moukharik. Un ultime recours, donc, contre la réforme des retraites du pôle public, certes, mais qui ira aussi perturber les rouages de la machine du privé et briser la neutralité choisie par le patronat jusqu’ici. Réunis dans le fief de l’UMT hier, les dirigeants des quatre centrales n’ont pas mâché leurs mots lorsqu’il s’agissait de «dénoncer la démarche unilatérale qui a prévalu dans le dossier des retraites», comme l’a souligné Moukharik. Le SG de l’UMT a joué la carte fédératrice en parlant au nom des quatre centrales et soulignant, en filigrane, que décision est prise pour aller jusqu’au bout. «La décision de la grève générale a été prise et la date sera annoncée aux militants», a ainsi lancé Moukharik, avant d’appeler l’ensemble des citoyens à «se mobiliser derrière les syndicats et leurs demandes légitimes». En bon communicateur, Moukharik a ainsi joué sur la fibre populaire, interpellant par là le citoyen quant à l’intérêt général recherché par les quatre centrales. «Actuellement, le dialogue social est au point mort et ce qui est navrant, c’est que le gouvernement veut passer de force des textes d’une importance capitale pour les générations futures». Les syndicats se disent donc déterminés à «se battre contre ces projets car il s’agit de préserver la paix sociale».

Enjeux
Le sujet sensible des retraites forme-t-il l’unique point de discorde entre les partenaires sociaux ? Dans le fond, il est aisé de relever que la liste des revendications des syndicats a été rallongée de cinq nouveaux points, plutôt d’ordre général. Accès au services de base, aux soins, à l’éducation et finalement, l’allégement de la pression fiscale sur les salaires sont donc les nouvelles demandes exprimées par les centrales avant l’entame de la grève.

En tout, le cahier revendicatif comprend aujourd’hui 15 conditions pour la reprise du dialogue social, mais qui en somme forment l’ossature du reliquat des accords du 30 avril 2011. A valeur d’aujourd’hui, les syndicats qui ont pu obtenir un 2e report de l’examen des projets de lois sur les retraites grâce au soutien de l’opposition à la Chambre des conseillers demandent à ce que le gouvernement fasse marche arrière et retire les nouvelles lois du circuit de l’adoption. Il est à rappeler que face à l’intransigeance du gouvernement, l’UMT semblait opter pour un dialogue bipartite avec le patronat «pour sortir le pays de l’impasse où il se trouve» et a soutenu l’appel formulé à propos de la tenue d’une conférence nationale du dialogue social comme une proposition de sortie du blocage actuel des pourparlers entre les partenaires sociaux. Au final, le gouvernement aura à gérer un débrayage dont il ne connaît pas l’échéance et ne peut encore moins maîtriser les retombées, notamment en dernière ligne droite vers le 1er mai et, surtout, vers la fin du mandat.


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