L'invité des ÉcosMaroc

Le taux directeur et son impact sur le secteur bancaire (VIDEO)

Face à une conjoncture internationale marquée par un mouvement inflationniste sans précédent, revoir la politique monétaire s’impose. Pour endiguer l’inflation, les banques centrales ont opté pour la révision à la hausse des taux directeurs, et les banques restent en front-office. Younès Benjelloun, directeur général de CFG Bank, s’est prêté au jeu de «l’Invité des ÉCO» pour apporter son éclairage quant aux retombées du contexte actuel. 

Bank Al-Maghrib vient de relever, pour la deuxième fois cette année, son taux directeur à 2,5%. Quelles répercussions sur le système bancaire national ?
Il faut relativiser plusieurs choses. Premièrement, la hausse que nous connaissons actuellement intervient sur plusieurs registres. D’abord au niveau de la Banque centrale, ensuite au niveau des bons du Trésor et enfin avec la répercussion sur les crédits.

Par ailleurs, je tiens à apporter une précision fondamentale : pour un particulier qui a déjà contracté un crédit immobilier, il y a zéro impact. La proportion des crédits à taux variable au Maroc est faible, l’écrasante majorité optant pour des taux fixes. Les emprunteurs immobiliers, dont l’encours est estimé à près de 150 milliards de dirhams (MMDH), ne vont rien subir. Lorsque les taux vont augmenter, de 20 ou 30 points de base, cela va représenter le niveau des taux de crédit d’il y a 3 ou 4 ans.

L’augmentation n’atteindra pas des niveaux stratosphériques. J’ai préféré commencer par l’immobilier pour rassurer les ménages qui s’inquiètent. On aurait été dans un autre pays, comme les États-Unis, quand la FED augmente le taux directeur, tout le monde, sans exception, subit la hausse, car la majorité des taux de crédit immobilier sont variables. Et on sait combien ce crédit pèse dans les charges, pas seulement au Maroc, mais dans le monde. Maintenant, pour les nouveaux emprunteurs, ils vont payer un peu plus cher qu’il y a un an, mais cela ne devrait pas impacter significativement le coût global de leur crédit. Idem pour les crédits à la consommation.

Néanmoins, le recours à ces derniers n’est pas énorme au Maroc par rapport à des pays de grande consommation. Les encours représentent, en totalité, environ 50 MMDH, alors que l’ensemble des crédits bancaires est estimé à 1.100 MMDH. Donc les crédits à la consommation ne sont que de l’ordre de 5% du total. Toutefois, pour un pays comme les États-Unis, les taux d’intérêt sur les crédits à la consommation sont variables contrairement à l’Europe. Comme tout le monde paye avec une carte de crédit, elle est adossée à un taux d’intérêt qui varie instantanément. Ainsi, lorsqu’il monte, cela ralentit mécaniquement la consommation puisque tout devient plus cher.

La revue du taux directeur à la hausse représente une véritable solution pour endiguer l’inflation. Quid du Maroc dont l’inflation est principalement importée ?
La décision de revoir le taux directeur à la hausse, et ce n’est peut-être pas fini, peut freiner l’inflation. Cela dit, il y a bien une inflation marocaine – comme l’a souligné le wali de Bank Al-Maghrib – qu’il faut ralentir, car il n’y a pire ennemi, qui peut déstabiliser une économie, comme l’inflation. On voit bien comment les pays ont utilisé les moyens les plus drastiques, quitte à plonger leur économie dans une récession, pour tuer l’inflation. Et comme celle-ci est importée, la décision de faire augmenter le taux a été retardée au maximum.


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