Le Maroc et l’Espagne plébiscitent leur coopération
Les deux ministres de l’Intérieur, marocain et espagnol, se sont félicités, lors d’une réunion à Rabat, de leur relation singulière en matière de coopération sécuritaire.
La bonne entente entre le Maroc et l’Espagne s’est institutionnalisée, du moins au niveau des hauts responsables de la sécurité des deux pays. C’est dans un esprit de convivialité qu’a eu lieu la première rencontre entre le ministère marocain de l’Intérieur, Mohamed Hassad (photo) et son nouvel homologue espagnol Juan Ignacio Zoido, mercredi à Rabat. Au terme de cette rencontre, Hassad et Zoido étaient à court de mots pour décrire la bonne symbiose entre les deux gouvernements en matière de coopération sécuritaire. De son côté, la presse espagnole a mis l’accent sur le fait qu’il s’agit du premier déplacement du chargé du portefeuille de l’Intérieur espagnol. De fait, Zoido a suivi l’exemple du président du gouvernement espagnol et a effectué son premier déplacement sous nos latitudes. Au terme de cette rencontre, les deux mandataires ont annoncé la tenue en Espagne de la deuxième réunion du comité mixte de l’accord bilatéral de réadmission des migrants. Il s’agit du pacte signé en 1992 et appliqué tardivement en 2012, en marge de la crise de l’îlot de Terre (inhabité mais accessible à la nage depuis une plage marocaine) où 82 migrants subsahariens ont débarqué avant d’y être délogés. L’annonce de la tenue de ce comité laisse entrevoir le début de la réadmission des mineurs marocains accueillis dans les centres d’accueil de Mélilia et Sebta.
La tenue de cette réunion est déjà une victoire pour les autorités de Mélilia, lesquelles ont bataillé pour la mise en application de ce traité et par conséquent pouvoir refouler aux frontières les jeunes migrants marocains.Autre dossier très attendu par les Espagnols, celui de l’annonce de l’éminente ouverture du nouveau passage à Sebta. Le ministre espagnol semble avoir obtenu des autorités marocaines la promesse de mise en service, dans de proches délais, de ce nouveau point frontalier tant espéré par l’enclave, pour décongestionner le trafic. Les deux services marocain et espagnol se sont aussi félicité des efforts entrepris pour l’interception d’aéronefs légers opérant dans le transfert de drogues dans le détroit de Gibraltar. Le communiqué du ministère de l’Intérieur espagnol a insisté sur le besoin de «consolider davantage la coopération, en unissant les forces au niveau régional ainsi que multilatéral pour contribuer activement à faire face à la montée de la menace terroriste». La visite de Zoido tombe à un jour après le coup de filet maroco-espagnol en haute mer d’un bateau transportant de la cocaïne. Or, il semblerait que ce rapprochement entre les services sécuritaires maroco-espagnol dérange certains milieux en Espagne.
À chaque coopération, des infiltrations parviennent aux médias espagnols, critiquant le labeur des agents marocains. C’est de la sorte qu’EFE a souligné que durant la première opération conjointe qui s’est soldée par la détention de 24 individus et la saisie de 2,5 tonnes de cocaïne, la précipitation des agents marocains auraient causé la perte d’une partie de la cargaison, sacrifiée par les trafiquants. Toutefois, les deux départements n’ont que de la gratitude l’un envers l’autre. Rabat et Madrid se sont félicités du degré de confiance entre les deux services d’intelligence, qui permet un échange d’informations sensibles, surtout en ce qui concerne le démantèlement de cellules jihadistes.