«L’expérience marocaine intéresse la ville de Cotonou»

En marge de sa présence à la COP22, le maire de la ville de Cotonou (Bénin) s’est intéressé au modèle de développement des différentes régions et cités marocaines. Pour Léhady Vinagnon Soglo, cette expérience pourrait aider la capitale béninoise dans la réalisation de nombreux chantiers.
Les Inspirations ÉCO : Quel est l’objet de votre présence à la COP22, notamment au Sommet des élus locaux?
Léhady Vinagnon Soglo : Nous sommes venus à Marrakech pour faire entendre la voix des élus, et surtout des élus africains. En tant que responsable d’une ville qui est n’est autre que la capitale économique du Bénin, il était indispensable que Cotonou soit présente. Nous faisons face à deux défis. Le premier est relatif au développement de notre continent. Tout le monde salue le potentiel qui est le nôtre, et la présence de nombreux investisseurs en Afrique témoigne de cet engouement pour notre continent. Le deuxième est lié aux enjeux climatiques. C’est le défi d’aujourd’hui et de demain. C’est absolument indispensable que les pays africains, notamment les villes, soient présents pour prendre leur part.
Comment l’Afrique peut-elle bien négocier sa part?
À travers la tenue à Marrakech de la COP22, l’Afrique est en train de prendre sa place. Il y a eu une très forte participation des élus africains. C’est donc le moment de l’action, et tout le monde a envie que l’on transforme l’essai. Il est urgent de passer à la phase concrète avec le financement promis, surtout à travers les différents fonds qui doivent être mis à la disposition de nos pays.
Quels sont les moyens et mécanismes de financement destinés aux collectivités locales?
Il y a tout d’abord le fameux Fonds vert pour le climat. Il est vrai que la question du financement est un problème assez complexe. C’est un parcours du combattant. Dans nos pays respectifs, différents ont été ouverts, mais je pense qu’il faut rendre cela plus accessible et plus compréhensible à travers des séances de sensibilisation. Les parties nécessitant des financements doivent aussi venir avec des projets prêts à être financés. C’est ainsi que nous pourrons réellement atteindre nos objectifs. Nous voulons désormais passer à l’étape des financeme
Quels sont les défis auxquels votre ville est confrontée?
Les défis de la ville de Cotonou sont relatifs aux problèmes des inondations et tout ce qui concerne les espaces verts. Nous comptons beaucoup sur Marrakech afin de passer à la concrétisation de plusieurs projets. Plusieurs ONG et institutions financières montrent leur volonté de nous accompagner. Pour nous, la COP est un marché dans lequel il faut savoir vendre ses projets bancables. Personnellement, je me suis plus attelé au volet assainissement, et j’ai eu des échanges avec des villes, institutions financières sur tout ce qui est relatif à l’aménagement des espaces verts, à l’éclairage public, etc.
Envisagez-vous des partenariats avec des villes marocaines?
Effectivement. Nous envisageons de développer des partenariats avec des villes marocaines, notamment Tanger et Fès. Nous allons mener des visites dans ces villes afin de discuter avec les responsables locaux des possibilités de partenariat. À Fès, les discussions portent sur les voies et moyens de mener une coopération décentralisée et de traitement des déchets ménagers. À Tanger, l’objectif de notre visite est de s’inspirer de l’expérience locale de réhabilitation des places publiques. À Marrakech, nous avons beaucoup apprécié le mariage des couleurs. Nous avons donc beaucoup à tirer de l’expérience marocaine dans de nombreux domaines. Nous notons une véritable volonté de la part du roi Mohammed VI de prendre le train de la coopération Sud-Sud. Le discours prononcé à Dakar par le roi à l’occasion du dernier anniversaire de la Marche verte est fort symbolique de la volonté du Maroc de nouer des relations poussées avec ses partenaires d’Afrique subsaharienne.
Quels sont les besoins en investissements de la ville de Cotonou?
La ville de Cotonou, et plus généralement le Bénin, est la porte d’entrée d’un grand marché d’Afrique, à savoir le Nigeria. Notre pays est un havre de paix et de sécurité. Les investisseurs peuvent venir chez nous pour plusieurs raisons: nous disposons d’une stabilité politique reconnue et jouissons d’une démocratie qui connaît depuis deux décennies, d’alternances pacifiques. Le Bénin ambitionne de devenir un pays de services et qui, à cause de sa proximité avec le Nigéria, connait mieux que quiconque, la réalité de ce grand marché. Nous sommes donc le pont et la courroie de transmission qui constitue un attrait et un atout très particuliers.