L’«entrepreneuriat social» au cœur de la culture de la pomme de terre à Berrechid
L’innovation sociale est le thème de la 3e édition des «Rencontres Responsabilité & Performance» qui ont lieu à Casablanca les 1er et 2 novembre. Et c’est bien Muhammad Yunus, récipiendaire du Prix Nobel de la Paix en 2006, qui lance, lors de sa première visite au Maroc, un projet de culture de pomme de terre baptisé «Moulat El Khir». Un projet de 3 MDH auquel ont contribué, en leur qualité de partenaires, l’entreprise canadienne McCain, ainsi que trois autres marocaines œuvrant dans l’agroalimentaire, à savoir Agropros, Label’Vie et Yozifood, et qui verra le jour à Berrechid.
«Démarrer petit pour devenir grand», c’est ainsi que définit Muhammad Yunus la vision du projet «Moulat El Khir» qui débutera en janvier 2018. Animés par la volonté d’extirper certaines familles rurales de la précarité, les initiateurs de cette initiative visent à recruter des ouvriers agricoles vivant dans l’extrême pauvreté. Dans ce sens, ce sont dans un premier temps 15 familles qui contribueront à mettre en marche ce projet qui compte recruter 10 femmes de différents ménages. Ces dernières percevront un salaire supérieur au SMIG agricole (1.900 DH). «Les ouvrières percevront un salaire mensuel de 3.000 DH», déclare Karima Essabbak, entrepreneur chez McCain. Et d’ajouter: «L’ensemble des bénéfices des ventes permettront de financer des programmes d’éducation pour les enfants de la communauté, surtout pour les petites filles».
Autre objectif prôné par les co-constructeurs de ce projet: la création d’une valeur ajoutée. Dans ce sillage, Jean Bernou, CEO Continental Europe chez McCain Foods, avance que «Les entreprises sociales vivent souvent des subventions de l’État». Bernou a en outre fait savoir que les terres où seront cultivées les pommes de terre ont été louées par la société McCain.
Spécificités des pommes de terre
La variété de pomme de terre au cœur de ce projet réside dans son exploitation culinaire diverse, permettant ainsi la consommation d’une seule variété au lieu de deux (pommes de terres à peau rouge et à peau blanche). Une partie de la production (900 tonnes/an) sera vendue à Label’Vie tandis qu’une autre partie, sous forme de frites, sera vendue aux restaurants par le biais du distributeur Yozifood.
Suppression des intermédiaires
La suppression des intermédiaires figure parmi les objectifs de ce projet. «Il y a tellement d’intermédiaires avant que le produit atterrisse à Label’Vie», a affirmé Hanane Amaraoui, directrice des Achats du groupe. Elle a aussi fait savoir que, dans un premier temps, la distribution se fera dans les magasins Premium. Quant au prix de vente, il sera supérieur de 4% par rapport à celui du marché. Cela s’explique par les différentes opérations que constituent le nettoyage, le tri et l’étiquetage. Amraoui a aussi fait part de l’ambition de Label’Vie d’exporter le produit. «Nous comptons créer un carrefour à travers l’expansion à l’international», conclut-elle.