Maroc

Interprofession de fruits et légumes : le flou se dissipe

C’est la rencontre de tous les espoirs pour les professionnels de l’interprofession des fruits et des légumes. La réunion avec le ministre de l’Agriculture, qui s’est achevée sur une note positive, a permis aux producteurs de voir le bout du tunnel puisque bon nombre de solutions ont été exposées pour pallier les difficultés de la filière. D’ailleurs, le contrat-programme sera paraphé lors du SIAM. 

C’est la rencontre de tous les espoirs pour les professionnels de l’interprofession des fruits et des légumes. La hausse des prix de la tomate ces derniers jours a défrayé la chronique à telle enseigne que le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, s’est rendu dans le fief des cultures maraîchères, la région de Souss-Massa. Une visite tant attendue et sollicitée par l’interprofession des fruits et légumes dont les professionnels ont eu l’opportunité d’échanger directement avec le ministre et de lui soumettre toutes les problématiques dont pâtit la filière.

Relation de cause à effet
Pointés du doigt pour avoir augmenté les prix sans raison valable, les producteurs, notamment de la tomate, ont ainsi exposé à la tutelle les contraintes qui ont conduit à une baisse drastique de la production. «L’échange avec le ministre a été franc et responsable. Il a pu examiner de près les freins qui entravent le développement de la filière qu’il a d’ailleurs constatés de visu. En effet, il faut signaler que la plante s’est épuisée depuis la vague de chaleur durant le mois d’août suivi depuis décembre de températures très froides, alors que le zéro biologique de la tomate, c’est-à-dire la température à partir de laquelle la croissance est favorisée, est de 12°. Conséquence, la production est passée de 1.200 kg/ha à près de 500 kg/ha par jour», précise Laraisse Esserrghini, agronome, expert international et conseiller auprès de l’APEFEL.

Ces contraintes climatiques se sont répercutées sur les prix. En outre, les professionnels ont déclaré qu’ils vendent à perte depuis le mois d’octobre, à savoir à 1,70 DH le kilo contre un coût de revient qui s’élève à 2,30 DH et dont l’écart est rattrapé à l’export. D’ailleurs, parmi les problématiques exposées au ministre figure le coût de revient qui a explosé suite à la flambée des prix des matières premières. Et pour appuyer ses allégations, l’APEFEL a présenté une étude bien ficelée sur la filière montrant que le coût de revient en 2018 est passé de 2,50 DH/kg à 4,50 DH actuellement.

En revanche, en dépit des circonstances, les prix de vente ont été maintenus à la baisse. Ainsi, il a convenu à l’issue de cette rencontre qu’un mécanisme de régulation sera mis en place pour approvisionner le marché local. A cet effet, une commission a été créée afin d’effectuer un suivi hebdomadaire de la production à la serre afin de pouvoir gérer les quantités et maintenir une stabilité des prix. Selon un membre de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (FIFEL), il est question de vendre le kilo à 5 DH, soit un prix de vente de 6 à 7 DH pour le consommateur final.

Dans le même sillage, les producteurs ont proposé de pouvoir commercialiser directement leurs produits. Pour Laraisse Esserghini, cette possibilité permettrait de gagner non seulement en compétitivité mais aurait également un impact considérable sur les coûts.

La TVA de trop
Toutefois, l’accent a été mis sur une mesure qui risque fortement de plomber les efforts consentis pour juguler cette inflation. Il s’agit de l’application de la TVA à hauteur de 20% sur les produits phytosanitaires et biostimulants qui prend effet à partir d’aujourd’hui, 16 février. Selon les producteurs, l’application de cette mesure engendrerait des frais supplémentaires de l’ordre de 76.000 DH par hectare.

«L’agriculteur a déjà du mal à s’en sortir, et avec cette TVA non récupérable le risque s’accentue. Car j’attire votre attention sur le fait que le chiffre d’affaires à la commercialisation dépasse largement celui de la production. La chaîne de valeur n’est pas équilibrée du moment que les intervenants ne sont jamais perdants, tout le risque est assumé par l’agriculteur», se lamente-t-on auprès de l’APEFEL.

Soulevée lors de la rencontre avec le ministre de l’Agriculture, cette mesure sera discutée avec le ministère des Finances. Toujours en marge de la réunion, il a été annoncé que le contrat-programme entre la FIFEL et le ministère de tutelle sera paraphé durant le SIAM (Salon international de l’agriculture au Maroc). Une journée dédiée aux fruits et légumes sera également organisée lors de l’événement. Néanmoins, nous ne disposons pas de détails par rapport aux clauses qui seront stipulées dans le contrat-programme, ni du montant alloué. Tout porte à croire qu’une entente mutuelle commence à s’instaurer entre le département de tutelle et l’interprofession fruits et légumes. Cette nouvelle page qui s’ouvre laisse entrevoir une collaboration pérenne en dépit de la décision du gouvernement de suspendre les exportations vers l’Afrique. Certes, les exportateurs qui s’orientent exclusivement sur ce marché seront lourdement impactés, mais dans de telles circonstances, c’est l’intérêt public qui prime.

Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO

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