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Hicham Khattabi: “Tanger est en train de se régénérer”

Il fait partie du groupe des trois cabinets d’architectes retenus pour le projet de réhabilitation et de restauration de l’emblématique «Plaza Toro» de Tanger. Hicham Khattabi revient sur l’état d’avancement de ce chantier en cours de réalisation. Dans cette interview, l’architecte se réjouit également de la dynamique de restauration des sites historiques en cours dans la ville de Tanger. Selon lui, en restaurant son patrimoine, Tanger est en train de se régénérer.  

Votre cabinet est actif dans le projet en cours de réhabilitation de la «Plaza Toro». Comment évolue ce chantier ?
Le chantier du projet de réhabilitation et de restauration des arènes de Tanger, dites «Plaza Toro», a commencé il y a quelques mois.

Nous avons d’abord consolidé la structure existante, ainsi que la façade, afin de pouvoir, par la suite, procéder à la déconstruction des gradins. Au niveau du chantier, ça avance.

Ça va prendre son temps, ce n’est pas un projet simple, c’est un projet délicat, de par sa forme circulaire. Ces arènes ne répondent pas aux normes de sécurité actuelles, donc nous devons y restaurer pas mal de choses, afin qu’elles soient aux normes lors de la livraison, ce qui lui permettra d’accueillir le public et les visiteurs en toute sécurité.

Le chantier doit durer 18 mois. Le délai de livraison sera-t-il tenu ?
Pour le moment, j’ai une date en lettres : ce sera prêt quand ce sera prêt ! A Tanger, plusieurs lieux historiques ont connu des réhabilitations ces derniers temps. Comment expliquez-vous cet engouement ?
Tanger est une ville qui a une évolution en dents de scie. Parfois, elle est au top, et parfois, complètement dans le déclin. Toute l’histoire de Tanger est ainsi faite.

Grâce à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour le Nord du Maroc, de nombreuses réhabilitations ont eu lieu ces dernières années. C’est le cas de la Médina et tout le Tanger ancien. Cela constitue la base, car c’est l’histoire de la ville. Si nous n’avons pas une Médina qui est sécurisée et bien entretenue, comment voulez-vous que l’on puisse recevoir des touristes ?

On a l’impression que la réhabilitation de la Médina permet aujourd’hui de concilier le présent avec le passé de Tanger ?
La réhabilitation de la Médina a été un travail dantesque. J’ai l’impression qu’on ne le voit pas suffisamment, car cela englobe également la réfection de l’assainissement, l’électricité, de gros travaux que le visiteur ne peut pas forcément voir. Je tiens vraiment à féliciter tous les intervenants qui ont participé à ce projet.

Ce chantier a été mené pendant la Covid, ce qui a permis de travailler tranquillement sans trop de désagréments. Effectivement, plusieurs bâtiments ont été restaurés dans la Médina. Ce qui montre que Tanger est en train de se régénérer et montre, au monde entier, comment il est aujourd’hui possible de réhabiliter son patrimoine, le faire revivre et le transformer.

Pensez-vous que cela sera de nature à créer de la  dynamique économique et d’animer le secteur touristique ?
Ce qui attire le touriste, c’est de voir de belles choses, des événements, et ce dynamisme auquel vous faites référence. Et ce dynamisme, comment voulez-vous qu’on le crée sur un terrain vide ? Il faut forcément des équipements au niveau. Aujourd’hui, Tanger est la première ville marocaine à disposer d’une cité sportive à la pointe, d’un port de dimension internationale, etc.

Des bâtiments anciens, comme «Plaza Toro», Cervantes, l’ancien marché de gros, la bibliothèque Nun, sont aujourd’hui en train de connaître une renaissance. Ce sont des trésors cachés qui contribuent au mythe de Tanger. Si on ne restaure pas ce mythe, on n’aura rien fait.

Plus généralement, en tant qu’architecte, comment voyez-vous le respect du cachet de la ville et de son environnement dans les nouvelles tendances de construction ?

Le respect des normes de construction est un chantier important. Par exemple, pour ce qui est de «Plaza Toro», c’est un défi à relever, sachant que le site est entouré de zones d’habitations.

Cela dit, globalement, Tanger est une ville qui manque d’espaces verts. On ne le remarque peut-être pas assez souvent, mais les nouveaux parcs et espaces verts, que je viens de voir à Casablanca, n’existent pas à Tanger. Ici, il faut aller loin de la ville, à Perdicaris, pour trouver un grand parc.

Dans ce contexte, si on a le moindre espace public aménageable pour attirer ne serait ce que les visiteurs locaux, cela serait une bonne chose. En tant qu’architecte, notre souci est toujours d’aller du micro au macro, c’est-à-dire, satisfaire les exigences locales immédiates d’abord, avant de penser au lointain.


Patrimoine : La réhabilitation bat son plein  

Il faut le signaler, la période de pandémie a été soigneusement mise à profit pour entamer des travaux de restauration de grands sites historiques à Tanger.

C’est le cas notamment de l’ancienne Médina, qui s’étend sur une superficie de 26 hectares et dont plusieurs monuments sont à l’origine de la grande popularité et de la célébrité de la ville du détroit au niveau international. Cela fait partie du grand programme de réhabilitation et de valorisation des médinas des cinq villes du Nord (Chefchaouen, Ouezzane, Ksar El Kébir, Larache et Tanger). Sur un investissement total de près de 1,86 MMDH, Tanger bénéficie de la plus grande enveloppe budgétaire avec quelque 850 MDH.

En plus de la Médina, d’autres sites ont également fait peau neuve et connaissent désormais une nouvelle vie. C’est le cas de la Villa Harris devenue un haut lieu d’exposition d’œuvres d’art, le Château Perdicaris, le Riad Sultan ou encore le Mausolée Ibn Battouta.



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