Maroc

Haut-commissariat au plan : le recul des activités agricoles tire la croissance vers le bas

Au quatrième trimestre 2022, le HCP fait ressortir un net ralentissement de la croissance de l’économie nationale se situant à 0,5% contre 7,6% durant la même période de l’année précédente. Cette tendance au ralenti a concerné toute l’année 2022 en raison de la baisse des activités agricoles.

En attendant les chiffres de 2023, l’arrêté des comptes nationaux du 4e trimestre 2022 fait ressortir, selon le Haut- Commissariat au plan, un net ralentissement de la croissance de l’économie nationale à l’instar des arrêtés des comptes nationaux des trois premiers trimestres de l’année 2022.

Ce ralentissement est attribué à la faible croissance impactée par la diminution des activités agricoles et le ralentissement des activités non agricoles. En chiffres, ce ralentissement s’est situé à 0,5% au lieu de 7,6% durant le même trimestre de l’année précédente.

Dans le détail, ce sont les activités du secteur agricole qui ont accusé le coup en affichant une baisse à deux chiffres, notamment à hauteur de 15,1% durant le 4e trimestre de 2022. Le constat est le même durant les trois premiers trimestres de 2022, respectivement à hauteur de 14,3%, 15,5% et 15,1%. S’agissant des activités non agricoles, elles ont enregistré une évolution de 2,3% contre 2,5%, 4,2% et 3,6% durant les trois trimestres de la même année. Tirée par la demande extérieure, cette croissance a été réalisée, selon le HCP, dans un contexte de forte inflation et d’amélioration du besoin de financement de l’économie nationale.

Dans ce sens, la valeur ajoutée du secteur primaire en volume, corrigée des variations saisonnières, s’est contractée de 15% au quatrième trimestre 2022, après avoir enregistré un accroissement de 19,1% la même période de l’année précédente. Ce recul a résulté aussi du fort repli des valeurs ajoutées de l’agriculture de 15,1% au lieu d’une hausse de 17,8% et de la pêche de 12,3% contre une progression de 53,4%.

Les valeurs ajoutées des secteurs en contraction
De son côté, la valeur ajoutée du secteur secondaire, en volume, a connu un recul de 2,4% au 4e trimestre 2022 contre une augmentation de 5,4% la même période de l’année précédente. Ceci a été le résultat de la baisse des valeurs ajoutées, d’une part, de l’industrie d’extraction de 16% au lieu d’une baisse de 1,5%, et, d’autre part, du bâtiment et travaux publics de 4,6% contre une croissance de 6,8%, et de l’électricité, gaz, eau, assainissement et déchets de 4,5% au lieu d’une hausse de 7%. A cela s’ajoute l’augmentation de la valeur ajoutée des industries manufacturières de 0,4% contre une hausse de 5,1%.

Par ailleurs, la valeur ajoutée du secteur tertiaire a enregistré un ralentissement de son taux d’accroissement, passant de 6,9% le même trimestre de l’année précédente à 4,9%. Elle a été marquée par le ralentissement des activités des transports et entreposage à 7,1% au lieu de 16,1%, en plus des services financiers et assurances à 5,5% contre 5,9%.

Le constat est le même pour les services de l’éducation, de la santé et de l’action sociale qui ont affiché une baisse à 3,1% contre 3,5% ainsi que les services rendus par l’administration publique générale et la sécurité sociale (3% contre 3,7%) et la recherche et développement et services rendus aux entreprises (2% contre 8,5%). Il s’agit aussi des services immobiliers qui ont accusé un ralentissement à 1,6% au lieu de 3,1%, en plus du commerce et réparation de véhicules à 1,1% contre 7,3%. Par ailleurs, la hausse (à relativiser) a concerné l’hébergement et la restauration, avec 55,4% au lieu de 52,5% et d’autres services, avec 2,4% contre 1,8%.

Inflation en hausse, demande intérieure en baisse
Au total, la valeur ajoutée des activités non agricoles a connu, ainsi, un net ralentissement à 2,3% durant le 4e trimestre 2022 au lieu de 6,6% le même trimestre de l’année précédente. Dans ces conditions, et tenant compte de la hausse de 2,9% des impôts sur les produits nets des subventions, le Produit intérieur brut (PIB) en volume s’est accru, selon le HCP, de 0,5% durant le 4e trimestre 2022 contre une hausse de 7,6% l’année précédente.

S’agissant de l’inflation qui continue son ascension, aux prix courants, le PIB a connu une progression de 5,8% dégageant ainsi une augmentation du niveau général des prix de 5,3% au 4e trimestre 2022 contre 4,9% au même trimestre de l’année 2021. Quant à la demande intérieure, elle s’est contractée de 1,7% au 4e trimestre 2022 contre une hausse de 11,6% à la même période de l’année précédente, contribuant négativement à la croissance économique de 1,9 point, au lieu d’une contribution positive de 12,4 points.

C’est ainsi que l’investissement brut a enregistré une forte baisse de 9,6% au lieu d’une augmentation de 23,5% une année auparavant, avec une contribution négative à la croissance de 3,2 points au lieu d’une contribution positive de 6,5 points, durant la même période de l’année précédente. De leur côté, les dépenses de consommation finale des ménages ont connu un ralentissement de leur taux d’accroissement passant de 7,9% au 4e trimestre 2021 à 0,8%, avec une participation à la croissance de 0,5 point au lieu de 4,7 points. La consommation finale des administrations publiques, pour sa part, a affiché un ralentissement de son taux d’accroissement, passant de 6,1% à 4,4%, avec une contribution à la croissance de 0,8 point au contre 1,2 point.

Les exportations en augmentation
Au niveau des échanges extérieurs de biens et services en volume, aussi bien les exportations que les importations ont enregistré des fortes hausses durant le 4e trimestre 2022. C’est ainsi que les exportations ont augmenté de 19,7% au lieu de 5,8%, avec une contribution à la croissance de 6,5 points contre 1,8 point une année auparavant. De leur côté, les importations de biens et services ont affiché une hausse de 9,1% au lieu de 17%, avec une contribution négative à la croissance de 4,1 points au lieu d’une contribution négative de 6,6 points, durant la même période de l’année passée. Dans ce cadre, les échanges extérieurs de biens et services ont dégagé une contribution positive à la croissance, se situant à 2,4 points au lieu d’une contribution négative de 4,8 point durant le quatrième trimestre 2021.

Allégement du besoin de financement
Avec une augmentation, aux prix courants, de 5,8% du PIB contre 12,5% au 4e trimestre de l’année passée et une hausse de 34,4% du taux d’accroissement des revenus nets reçus du reste du monde au lieu de 21,8%, la croissance du revenu national brut disponible a connu un ralentissement passant de 13% à la même période de l’année passée à 7,6% au 4e trimestre 2022. Compte tenu de l’accroissement de 8% de la consommation finale nationale en valeur contre 11,6% enregistré une année auparavant, l’épargne nationale s’est située à 28,5% du PIB contre 28,3%.
L’investissement brut a représenté 30,5% du PIB au lieu de 32,2% durant le même trimestre de l’année précédente. Le besoin de financement de l’économie nationale s’est ainsi allégé par rapport au 4e trimestre 2021 passant de 3,9% du PIB à 2,1%.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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