Maroc

Gouvernance de l’eau : un élan de solidarité pour limiter les fissures

On est en 2023, et pourtant l’eau est encore l’enjeu majeur du siècle. A ce jour, une personne sur quatre dans le monde ne dispose pas d’un accès à l’eau potable et une personne sur trois est privée de toilettes, selon les données 2021 de l’Organisation mondiale de la santé et du Fonds des Nations unies pour l’enfance. Pour le cas du Maroc, des efforts ont bel et bien été déployés mais il reste encore beaucoup à faire. La Journée mondiale de l’eau est une occasion de plus de rappeler à l’ordre l’ensemble de la population.

Le renforcement de la prise en compte des exigences climatiques comme étant une constante fondamentale de toute action publique ou privée a été le sujet de débat de la table ronde organisée par Bank-Al Maghrib (BAM), en partenariat avec la Coalition marocaine pour l’eau (Coalma) intitulée «Quelle gouvernance de l’eau dans un contexte de rareté ?».

Une bonne gouvernance s’impose
Dans un contexte où le stress hydrique pèse de plus en plus, Bank Of Africa a scellé avec la BEI et l’AFD une ligne de financement durable à hauteur de 60 MDH destinée à soutenir les entreprises dans l’accès, l’optimisation et le traitement des ressources en eau. Les programmes nationaux d’appui sont nombreux et les montants mobilisés sont très importants. C’est ce qu’on apprend lors de cette rencontre, qui a été l’occasion de revenir sur l’importance d’une bonne gouvernance pour garantir la sécurité hydrique, ainsi que sur les bonnes pratiques en matière de gouvernance durable et responsable de l’eau. En ce qui concerne le Plan national de l’eau à l’horizon 2025, il se décline en 4 axes, à savoir la réalisation de nouveaux barrages, le transfert des ressources Nord vers le Sud, la réalisation de stations de dessalement, ainsi que le développement de la réutilisation des eaux usées épurées.

«La Banque centrale avait indiqué, dans son rapport annuel de 2021, que face au déficit sévère en ressources hydriques, la prise de conscience de la gravité de la situation reste encore insuffisante et qu’une approche holistique demeure nécessaire pour renforcer la prise en compte des exigences climatiques comme une constante fondamentale de toute action publique ou privée», a souligné, à cette occasion, Abderrahim Bouazza, directeur général de BAM.

Il a par ailleurs tenu à relever qu’en tant que régulateur du système bancaire, les banques centrales sont tenues de surveiller les risques liés aux enjeux climatiques, en notant qu’elles avaient pris conscience que les enjeux climatiques s’interfèrent avec les objectifs de stabilité des prix et de stabilité financière, qui relèvent de leur mandat. Pour Houria Tazi, présidente de la Coalma, il est temps de transformer tous les problèmes qui existent en la matière en opportunités, et de travailler sur la gestion de la demande, qui suppose d’autres postulats et d’autres modes de gouvernance et de financement.

Contraintes et perspectives
Parmi les contraintes et défis auxquels ont fait face figurent l’augmentation des besoins en eau potable (développement socio-économique important), ainsi que la mauvaise gestion des ressources en eau par rapport à leur répartition géographique. Est également constaté un gaspillage de l’eau dû aux faibles rendements de certaines installations.

Pour y remédier, quelques perspectives ont été définies. On en retient la mise en place de la télégestion au niveau des systèmes adducteurs, les réalisations de grands programmes de réhabilitation des adductions et des réseaux de distribution, ainsi que l’amélioration du comptage hydraulique. Et enfin, l’introduction de nouvelles technologies pour la recherche des fuites et la maîtrise de la demande en eau et réduction du gaspillage de l’eau.

Promotion de la réutilisation des eaux usées épurées
Pas moins de 135 stations d’épuration réparties sur le territoire national ont été réalisées par l’ONEE, comprenant un volume des eaux usées épurées de 185 millions de m3/an, répondant à la réglementation marocaine relative aux normes de rejet (arrêtés n°1607-06 du 25 juillet 2006). Il est également relevé que la réutilisation non restrictive des eaux usées épurées nécessite un traitement complémentaire de désinfection.

De même, sur les 135 stations d’épuration, 53 produisant un volume de 106 millions de m3/an d’eaux usées épurées disposent déjà d’un traitement tertiaire (cas des STEP du Grand Nador, d’Al Hoceima, Ifrane, Oued Zem). Pour continuer à promouvoir la réutilisation, il est nécessaire, d’après les intervenants, d’équiper les stations d’épuration restantes et présentant un potentiel de réutilisation des eaux usées en traitement tertiaire.  Par ailleurs, les réflexions faites par CDG Capital portent sur un meilleur renforcement des capacités des intervenants de la chaîne sur les aspects techniques, contractuels et structuration PPP.

Autrement dit, comment allouer des risques politiques et réglementaires, risques macro-économiques, risques techniques et risques business.  A noter que cette rencontre a connu la participation de responsables issus de plusieurs ministères ainsi que des représentants d’institutions publiques et privées, dont l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Bank Of Africa, CDG Capital, Lydec et Veolia Maroc.

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO


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