Gaz naturel liquéfié : un terminal méthanier envisagé à Mohammedia
L’initiative vient de l’Agence nationale des ports qui a lancé un appel d’offres pour sélectionner l’entreprise qui va l’aider à édifier un terminal méthanier dans l’enceinte du port de Mohammedia, à vocation énergétique. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 25 courant pour remettre leurs offres de prix. L’étude devra être livrée dans 7 mois.
Mohammedia offrira prochainement une alternative à la fermeture du Gazoduc Maghreb Europe ! C’est du moins ce qu’envisage l’Agence nationale des ports (ANP) qui a choisi l’ancien port d’hydrocarbures du pays pour y implanter un terminal méthanier. Entendez une installation permettant de regazéifier du gaz naturel liquéfié (GNL) transporté par voie maritime par les expéditeurs depuis les zones de production. L’ANP vient de lancer un appel d’offres international dans ce sens à la fin de l’année dernière.
Depuis, le Cahier des prescriptions spéciales (CPS), sous le N°26/AOO/DI/DG/ANP/2021, peut être téléchargé via le portail des marchés publics. Les bureaux d’études et entreprises de travaux publics intéressés ont jusqu’au 25 janvier prochain pour remettre leur pli. Selon les termes de référence, les candidats devront proposer des scénarii d’actualisation du poste C du port de Mohammedia, en vue d’installer un terminal gazier (Gaz naturel liquéfié) et une unité flottante de stockage et de regazéification (Floating Storage and Regasification Unit-FSRU). L’étude devra être livrée dans un délai de 7 mois, c’est-à-dire vers la fin du mois d’août 2022, au plus tard. Elle devra séquencer les diverses étapes de réception et déchargement, de stockage, de regazéification et d’émission sur le réseau de transport national. À signaler que dans la première étape, le navire méthanier (bateau de 200 à 350 m de long) arrive au terminal et est amarré au quai de déchargement. Des bras articulés viennent ensuite se brancher sur les cuves du méthanier, pour permettre le déchargement de la cargaison et le transport du GNL vers les réservoirs. Le GNL passe par des canalisations conçues pour résister aux très basses températures (- 160 °C). Ensuite, dans la seconde étape, il est stocké dans des réservoirs cryogéniques (conçus pour les très basses températures) capables de résister à une température de – 160 °C pour le conserver à l’état liquide. L’enveloppe extérieure des réservoirs est en béton armé précontraint ou en acier. Leur isolation permet de limiter les évaporations. Malgré la qualité de l’isolant, il y a de faibles entrées de chaleur dans les équipements contenant du GNL. Cela conduit à une légère évaporation du produit. Ces gaz d’évaporation sont récupérés pour être par la suite réincorporés dans le GNL, grâce aux compresseurs de gaz d’évaporation et au recondenseur.
Ce recyclage des évaporations permet d’avoir un terminal n’émettant aucun rejet de gaz naturel en fonctionnement normal. Dans la troisième étape de regazéification, le GNL est prélevé dans le réservoir, mis sous pression puis regazéifié grâce à des échangeurs. Chaque réservoir est en effet équipé de pompes immergées qui assurent le transfert du GNL vers des pompes haute pression. Le GNL mis en pression, à environ 80 fois la pression atmosphérique, est alors vaporisé dans des regazéifieurs. Plusieurs technologies sont utilisées sur les terminaux : des regazéifieurs à ruissellement d’eau qui utilisent l’eau de mer ; des regazéifieurs alimentés par une boucle fermée d’eau chaude ; ou des regazéifieurs autonomes, dits à combustion submergée. Dans la quatrième et dernière étape, où le GNL est revenu à l’état gazeux, le gaz naturel subit alors différents traitements et mesures avant son émission sur le réseau de transport national.
Pour le moment aucun détail n’a filtré sur la capacité de traitement du futur port méthanier de Mohammedia. Mais, il faut savoir que si l’ANP a choisi ce site, c’est parce que le plan directeur portuaire national (PDPN) à l’horizon 2030 a attribué à ce port la vocation d’un port énergétique. Maintenant, il faut se demander si le gaz produit à Mohammedia sera destiné à alimenter les centrales à cycle combiné d’Ain Béni Mathar et Tahaddart qui sont situées respectivement au Nord-Ouest de la ville qui est au Sud d’Oujda et au Nord du village de Tahaddart au Sud de Tanger ? Non, répond un consultant en énergie qui a requis l’anonymat. Selon lui, ce gaz sera certainement destiné à la production électrique, mais pour d’autres centrales.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO