Maroc

Fruits rouges : une alerte sans gravité pour la récolte

L’alerte sanitaire émise aux Pays-Bas après la détection de fragments de verre dans un lot de myrtilles marocaines n’a en rien entamé la confiance autour de la filière nationale des fruits rouges. Grâce au strict respect des protocoles de contrôle et à des analyses microbiologiques avant exportation qui se sont révélées négatives, les producteurs marocains poursuivent leurs activités sans interruption ni répercussion commerciale. Une sérénité qui accompagne une campagne agricole déjà remarquable par l’ampleur des récoltes et le dynamisme des exportations.

Dans l’univers feutré du commerce international, une simple alerte peut faire vaciller des empires agricoles. La filière marocaine des fruits rouges vient de l’apprendre à ses dépens. Il a suffi d’une cargaison de myrtilles, quelques fragments de verre nichés parmi les baies charnues, pour que le système RASFF (Rapid Alert System for Food and Feed) se déclenchent auprès des autorités sanitaires néerlandais, créant un frisson le long des chaînes logistiques reliant les champs d’Agadir aux étals d’Amsterdam.

Une cargaison sous surveillance
Le paradoxe est saisissant : ces fruits, symboles d’une agriculture moderne, irriguée par des investissements massifs, sont soudain devenus porteurs d’inquiétude. Avant de quitter le Maroc, le lot incriminé avait passé sans encombre les analyses microbiologiques, ultime filtre avant l’export.

Pourtant, le risque d’une contamination n’a pas été écarté. Selon les professionnels du secteur, le lot concerné a été expédié en vrac depuis Agadir pour débarquer en Espagne pour emballage et conditionnement, avant de poursuivre son chemin vers les Pays-Bas.

«Il est difficile, à ce stade, de déterminer l’origine de l’infection bien que les investigations soient toujours en cours. Quoi qu’il en soit, au niveau du Maroc, le protocole a été respecté, à savoir un suivi rigoureux de l’ONSSA qui effectue des analyses microbiologiques et virales tous les 15 jours sur les lots exportés», rassure Amine Bennani, président de l’Association marocaine des producteurs de fruits rouges.

Les contre-analyses cherchent toujours à localiser l’origine de la contamination. Car si l’alerte fait du bruit, c’est aussi qu’elle survient au faîte d’une campagne exceptionnelle. À fin avril 2025, les exportations marocaines de fruits rouges affichent des performances record, bien que la saison ne soit pas encore terminée.

Avec 179.942 tonnes exportées, contre 152.195 t l’an passé, la progression atteint 18%. Les produits frais dominent largement avec 141.492 t (+18 %), propulsés par les myrtilles, en hausse de 23% (65.077 t). La région de Souss-Massa, épicentre de la production et désormais tristement associée à l’incident, brille pourtant de mille feux agricoles, affichant 22.150 tonnes de myrtilles, soit une envolée de 43%.

À Rabat-Salé-Kénitra, la croissance atteint 31%, et même les zones historiquement plus modestes comme Fès-Meknès enregistrent une progression spectaculaire de 373%. En revanche, la région de Casablanca-Settat a connu une forte dégringolade et voit ses exportations reculer de 57%.

Une filière au sommet de sa production
Les autres segments du marché poursuivent également leur ascension. Les framboises enregistrent une hausse de 20%, atteignant 65.263 tonnes entre produits frais et transformés. Là encore, c’est la région de Souss-Massa qui accapare la part du lion en termes de production.

Tandis que les fraises marquent le pas avec une baisse de 4% (17.586 tonnes) notamment en matière de produits frais. Alors qu’une évolution de 10% est enregistrée au niveau du volume global. Et c’est la région de Rabat-Salé-Kénitra qui se place en tête de liste. Les «autres fruits» progressent spectaculairement de 47%, bien que sur des volumes modestes. Les produits transformés, eux, gagnent 19%, portés par les framboises transformées (+25%) et les fraises transformées (+22%).

Seul bémol, les myrtilles transformées n’ont augmenté que légèrement (5%), signe que le mécanisme de valorisation des produits agricoles au Maroc peine toujours à décoller. En somme, à une trentaine de jours de l’achèvement de la saison de récolte, les prémices de la campagne des fruits rouges s’avèrent prometteuses et les producteurs s’attendent à une progression à deux chiffres.

Ces derniers tablent, en effet, sur une croissance entre 10 et 20% du volume global. Mais l’incident de contamination pourra-t-il représenter un obstacle. A en croire le président de l’association professionnelle, aucun impact n’est à déplorer.

«Pour l’heure, l’origine de la contamination n’est pas encore déterminée, mais, au Maroc, nous sommes sûrs de la qualité irréprochable de nos fruits. Nous continuons à exporter et aucun de nos clients n’a réagit face à la nouvelle. Il n’y a pas eu d’impact réputationnel», se réjouit Bennani.

Le Maroc continue de consolider sa place sur l’échiquier international des fruits rouges. Avec des volumes exportés en perpétuelle évolution, le Royaume s’impose comme un acteur incontournable. À l’échelle européenne, il s’affirme comme l’un des principaux fournisseurs, rivalisant désormais avec des poids lourds comme l’Espagne et le Portugal. Pour les professionnels, l’enjeu n’est plus seulement de produire plus, mais de renforcer les standards de qualité et de sécurité, afin de transformer ce succès quantitatif en leadership durable.

Amine Bennani
Président de l’Association marocaine des producteurs de fruits rouges

«Pour l’heure, l’origine de la contamination n’est pas encore déterminée, mais au Maroc, nous sommes sûrs de la qualité irréprochable de nos fruits. Nous continuions à exporter et aucun de nos clients n’a réagit face à la nouvelle. Il n’y a pas eu d’impact réputationnel.»

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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