Maroc

Énergies renouvelables : à quand l’éolien offshore ?

Depuis le dernier discours de la Marche Verte qui y avait fait référence, le chantier n’a pas encore été mis sur les rails. Pourtant, il s’agit d’une nouvelle option qui a un énorme potentiel. Selon la Banque mondiale, le royaume pourrait produire 199 GW facilement exportable sur ses 3.500 km de côte.

La production d’électricité à partir de source éolienne offshore n’est apparemment pas encore à l’ordre du jour au Maroc ! Près de quatre mois après le dernier discours de la Marche Verte où le roi y avait explicitement fait référence, cette nouvelle option n’a pas encore été mise sur les rails par les autorités compétentes. Pourtant, cette niche a sérieusement de quoi donner un coup de fouet à la production d’électricité à partir de sources renouvelables.

Les autorités compétentes peu impliquées
Contacté par les Inspirations ÉCO, Mohamed Oumeh, le directeur des Énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique au département de l’Énergie, des mines et de l’environnement , explique: « Aujourd’hui, nous sommes surtout concentrés sur l’hydrogène, qui est un énorme défi où il faut rapidement finaliser notre feuille de route. Ceci étant, nous ne perdons pas de vue que l’éolien offshore est également important et qu’il va falloir s’en occuper. Mais pour résumer, ce n’est pas notre priorité, à l’heure actuelle». Au sein de l’Agence marocaine de l’énergie durable (Masen), l’explication donnée est que «les capacités produites par nos projets onshore répondent suffisamment à nos besoins. Cela étant dit, Masen est agnostique en matière de technologies, c’est-à-dire qu’il ne se cantonne pas à une seule technologie. Le groupe étudie et/ou développe des technologies différentes pour répondre aux besoins spécifiques du réseau, au prix le plus compétitif. Ainsi, le groupe continue d’évaluer les différentes ressources, notamment l’éolien offshore, et d’explorer les possibilités de développement d’autres sources d’énergie notamment l’hydrogène ou la biomasse». En somme, ce que l’on peut comprendre, c’est que l’éolien offshore n’est pas dans les agendas officiels. Il n’en demeure pas moins que le potentiel du Maroc en matière d’énergie éolienne est très important, pas seulement en ce qui concerne l’énergie éolienne conventionnelle, mais aussi l’énergie éolienne offshore. «C’est trop attrayant pour qu’on l’ignore», avait notamment signalé Mark Leybourne, spécialiste principal de l’énergie à la Banque mondiale, lors de la publication du rapport «Going global: Expanding offshore wind to emerging markets», en 2019.

Pourtant le potentiel est énorme…
Selon Leybourne, si l’éolien offshore venait à être correctement exploité, le Maroc pourrait devenir un grand exportateur d’énergie vert vers le marché européen, en particulier vers des voisins proches, comme l’Espagne et le Portugal. En effet, sur ses 3.500 km de côte, le royaume a la possibilité de produire 199 GW. La côte ouest du Maroc située le long de l’océan Atlantique a d’excellentes vitesses de vent dans les eaux peu profondes et plus profondes adaptées pour l’éolien offshore. Elle compte deux zones bien adaptées aux fondations fixes dans les régions méridionale et centrale du pays, avec un potentiel technique de 11 GW pour la zone la plus méridionale et de 10 GW pour le milieu. Plus loin du rivage, il y a une bande d’eau jusqu’à 1.000 m de profondeur avec des vitesses de vent dépassant 9 m/s qui conviendrait à l’éolien flottant offshore avec un potentiel technique total de 135 GW. Ceci, sans oublier que sur la côte nord, notamment la façade méditerranéenne, il y a une autre bande d’eaux avec un potentiel éolien flottant de 43 GW. Selon la Banque mondiale, qui a fourni ces données, la transmission aux centres de demande, entendez la liaison avec le réseau électrique national, sera très facile. En effet, des points d’accès au réseau existent à proximité des zones de développement potentiel. Et grâce aux 2 milliards de DH d’investissements prévus par l’ONEE (Cf. Les Inspirations ÉCO n°2796 p.11), ce dispositif sera substantiellement renforcé et facilitera même l’acheminement de l’électricité produite vers les principaux centres de demande de Rabat et de Casablanca et, pourquoi pas, vers l’Europe.

…Les financements de l’UE ou de la Chine…
En effet, l’éolien offshore pourrait potentiellement faire partie du package que le royaume compte mettre en place pour vendre de l’énergie propre à l’Europe, en particulier à l’Espagne et au Portugal. Le Green Deal européen pourrait aider financièrement le Maroc à se lancer (Cf. Les Éco)… et, pourquoi pas, la Chine qui ne demande qu’à être sollicitée ! En tous cas, la question mérite d’être sérieusement décortiquée.

…Et l’infrastructure existe
Ceci est d’autant plus nécessaire que le royaume dispose d’une usine de fabrication de pales d’éoliennes et d’instituts de formation des ressources humaines dédiés. La grande usine de Siemens Gamesa, qui a démarré sa production en avril 2017, est stratégiquement située dans la zone industrielle de Tanger Automotive City, à proximité de Tanger-Med, l’un des plus grands ports d’Afrique, et est positionnée entre l’Europe et l’Afrique. Siemens Gamesa est le plus grand développeur de parcs éoliens en Europe et son investissement à Tanger a contribué à la création de 600 emplois directs et environ 500 emplois indirects, ainsi qu’à l’ouverture d’un centre de formation pour faciliter le transfert de connaissances. Le développement de l’éolien offshore sur le littoral marocain pourrait non seulement booster rapidement la croissance de cette unité industrielle, mais aussi permettre la création d’un écosystème industriel et ouvrir des perspectives de développement intéressantes vers le reste du continent africain.

Extraits du discours royal de la Marche Verte

«Au cours de cette année, et en totale conformité avec les principes du droit international, le Maroc a mené à terme la délimitation de ses espaces maritimes, en les incorporant dans l’arsenal juridique marocain (…) Nous continuerons à œuvrer pour le développement d’une véritable économie maritime dans ces territoires que Nous chérissons tant. Cette zone, qui abonde en ressources et en potentialités, sur terre comme en mer, servira ainsi de passerelle et de trait d’union entre le Maroc et sa profondeur africaine (…) . À cet égard, il importe d’investir dans les espaces maritimes, tant pour le dessalement de l’eau de mer que pour l’exploitation des énergies renouvelables d’origine éolienne ou hydrolienne».

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco



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