Maroc

Egalité des genres : Moubdii entend briser le plafond de verre

Le ministère de la Fonction publique entend briser le plafond de verre au sein de l’administration marocaine, en lançant une nouvelle stratégie d’institutionnalisation de l’égalité des sexes qui sera mise en œuvre sur quatre ans. L’objectif est d’améliorer la présence féminine dans l’administration, notamment en matière d’accès aux postes de décision.

Les disparités entre les hommes et les femmes, notamment dans la fonction publique, perdurent malgré les avancées enregistrées au cours des dernières années. Le constat est dressé par le ministère de tutelle. La présence féminine dans la fonction publique est loin d’atteindre la parité. Elle ne dépasse pas 40% en 2015, contre 34% en 2002. De même, la représentativité féminine dans les hautes fonctions de responsabilité est relativement faible ne dépassant pas 16%, selon les dernières statistiques livrées par le département de Mohamed Moubdii, lors d’une rencontre organisée hier à Rabat.

Les femmes responsables dans l’administration publique se concentrent dans les emplois de chef de service, soit le niveau le plus bas de la hiérarchie des emplois supérieurs. Et plus on monte dans la hiérarchie administrative (chef de division, directeur et secrétaire général), plus la présence des femmes est faible. Une situation pointée du doigt aussi bien par le mouvement féminin que par les organismes internationaux. Leila Rhiwi, représentante du bureau multipays de l’ONU Femmes pour le Maghreb, appelle à la mobilisation pour accéder à l’égalité des genres tant souhaitée car, dit-elle, elles ne sont pas nombreuses au Maroc à occuper des postes de responsabilité dans la fonction publique : 4% seulement des inspecteurs généraux sont des femmes. Ce taux est de 10% au niveau des directeurs et 11% au niveau des secrétaires généraux.

Le même constat est dressé chez l’équipe gouvernementale : six femmes ministres sur 39 au gouvernement de 2013 et une seule femme ministre au niveau de celui de 2012. Il s’agit d’un recul par rapport au gouvernement précédent qui comprenait sept femmes ministres. La ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, Bassima Hakkaoui affiche sa déception des difficultés rencontrées par les femmes à accéder aux postes de décision estimant que la stratégie d’institutionnalisation de l’égalité des sexes dans la fonction publique tombe à point nommé pour rendre justice à la gente féminine.

Le ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration, Mohamed Moubdii, souligne l’importance de cette stratégie qui tourne autour de plusieurs axes, notamment, la mise en place et le renforcement des structures chargées de l’égalité des sexes ainsi que l’intégration de ce principe dans les structures de la fonction publique. La mise en place de telles structures dans la fonction publique constitue un moyen de garantir que les préoccupations et les intérêts des femmes, comme ceux des hommes, soient pris en compte à égalité et systématiquement lors de la conception, l’exécution, le suivi et l’évaluation des politiques et programmes du ministère.

La stratégie porte aussi sur l’inclusion du principe de l’égalité des sexes dans le système juridique, en particulier dans la gestion des ressources humaines et des compétences et la consolidation de l’égalité des sexes dans les comportements et la culture organisationnelle de l’administration publique. Les défis sont de taille. C’est la phase de la mise en œuvre et du suivi des mesures envisagées qui s’avère très décisive. L’ONU Femmes accompagnera le ministère en matière de conseil. Il est proposé d’élaborer des grilles de suivi et d’évaluation des différentes sessions de formation de sensibilisation et de plaidoyer.


 

Le chemin demeure long
Selon le rapport genre de la loi de Finances 2016, les femmes demeurent surreprésentées dans les ministères considérés comme «typiquement féminins». Il s’agit des ministères de la Santé et de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, dont le taux de féminisation dépasse 50%. Par contre, ce taux est très faible dans le ministère de l’Intérieur, car il ne dépasse pas le niveau de 10%. En matière de taux d’activité, malgré les résultats significatifs des programmes de promotion de l’emploi, les hommes sont trois fois plus nombreux que les femmes à occuper un emploi. Par milieu, la parité homme/femme est deux fois plus inégalitaire en milieu urbain qu’en milieu rural. D’après le rapport genre, l’écart de parité homme/femme en milieu rural s’explique beaucoup plus par l’importance de l’inactivité féminine par rapport aux hommes que par les difficultés d’accès à l’emploi.



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