Diaspora : ces MRE qui font la fierté du Maroc
On parle peu des MRE qui font la fierté de leur pays d’origine dans le monde. Dans le cadre de son cycle « Echanger pour mieux comprendre », la Fondation Attijariwafa bank a décidé d’ouvrir une fenêtre sur ces hommes et femmes qui se sont brillamment distingués dans leurs domaines d’activité respectifs hors des frontières.
Plus de cinq millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE), dont plus des 4/5 installés en Europe. S’ils sont tous compris dans l’acronyme MRE, nos compatriotes vivant hors des frontières ont des profils et parcours différents qui forcent souvent le respect. Ils sont médecins, sportifs avocats, entrepreneurs, décideurs politiques, journalistes u encore ingénieurs… Des parcours d’hommes et de femmes inspirants qui méritent d’être mis en avant. C’est tout le sens de la conférence digitale organisée par la Fondation Attijariwafa bank dans le cadre de son cycle «Echanger pour mieux comprendre». Le rendez-vous qui a eu lieu le 15 juillet en live streaming sur YouTube et Facebook Live était en effet l’occasion de revenir sur les percées de la diaspora marocaine dans le monde. Une fenêtre ouverte sur quelques hommes et femmes qui se sont brillamment distingués dans leurs domaines d’activité respectifs. Des success stories tels que Fatima Chhima, rédactrice en chef du magazine Echos d’Orient, Mohsine Korich, chef cuisinier au Kenya et Marouane Jebbar, ingénieur en télécoms et fondateur de Côte d’Ivoire drones. «Je suis parti en Côte d’Ivoire, pour la première fois, afin de rendre visite à ma sœur. Ce qui devait être un bref séjour s’est finalement transformé en une aventure entrepreneuriale», raconte Marouane Jebbar qui se souvient encore de ses débuts très difficiles.
Arrivé dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest en 2012, le natif de Fès lance deux ans plus tard sa première plateforme digitale (www.city.ci) dédiée à la promotion des établissements et sites touristiques en Côte d’Ivoire. Or, tout ne se déroulera pas comme prévu. «Pour commencer, j’avais commandé en France un drone pour des prises d’images. À peine l’appareil est-il arrivé en Côte d’Ivoire, qu’il s’écrasait au sol lors du vol d’essai», explique-t-il. Sonné, l’ingénieur parvient à le réparer lui-même. De cette expérience, qui a valu la réputation de spécialiste de ces petits aéronefs dans la métropole économique ivoirienne, est né le début d’une success story dans la technologie des drones. Marouane Jebbar emploie aujourd’hui une quinzaine d’ingénieurs dans son entreprise. Une histoire qui ressemble à celle de Rahma El Mouden, ressortissante marocaine aux Pays-Bas à la tête d’une grande entreprise de nettoyage.
Après avoir débuté comme femme de ménage dans ce pays nordique, la Marocaine, qui a témoigné dans une vidéo à l’occasion de la rencontre en ligne, dirige quatre sociétés employant aujourd’hui 400 personnes. Et les exemples de réussite ne manquent pas, mais hélas, «elles font rarement la Une des journaux», regrette Fatima Chhima. Lassée des messages stigmatisant la communauté maghrébine et arabe véhiculés par certains médias étrangers, elle a décidé de créer son propre magazine pour tenter de renverser cette tendance.
Pour Chhima, «les talents issus de l’immigration existent et sont nombreux! Nous avons des médecins, des professeurs, des avocats, etc. Les talents sont là et ne demandent qu’à exister. J’ai décidé de lancer ce magazine afin de les rendre visibles».
Cependant, la vie des MRE n’est pas seulement faite de success stories. Une enquête réalisée en 2020 par la Banque populaire en partenariat avec l’institut d’études IPSOS, révélait que 20% des MRE ont subi l’impact de la crise liée à la Covid-19 sur leurs emplois, leurs revenus et, par conséquent, sur leur stabilité financière. Ce n’est pas tout. Selon un plus ancien rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et intitulé «Talents à l’étranger : une revue des émigrés marocains», les Marocains résidant à l’étranger occupent des emplois peu qualifiés et quelques milliers parmi eux occupent également des emplois hautement qualifiés. Le rapport, qui a examiné la situation des émigrés marocains sur le marché du travail et abordé la question de leur intégration montrait que près d’un demi-million d’immigrés marocains étaient au chômage dans les 35 pays de l’OCDE, soit près de 30% de la population active marocaine dans ces pays, à l’époque. Néanmoins, que leur situation soit bonne ou mauvaise, les MRE restent majoritairement très attachés à leur pays d’origine. En effet, poursuit l’étude, qui a enquêté sur 1.500 Marocains résidant dans 10 pays, 59% déclarent posséder une propriété au Maroc, alors qu’ils s’y rendent deux fois par an. Bon nombre de MRE comptent également s’installer définitivement dans le Royaume. Concernant l’investissement, près de la moitié des sondés (45%) entend lancer, «dans le futur», un projet au Maroc.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco