Maroc

Conjoncture : pourquoi la croissance a rebondi plus que prévu ?

L’économie nationale connaîtra un rebond de 6,7%, en 2021, plus que les prévisions de croissance initiale. Le wali de Bank Al-Maghrib en explique les raisons.

Comme nous l’annoncions dans notre édition du 22 décembre, Bank Al-Maghrib (BAM) a relevé ses prévisions de croissance de l’économie nationale à 6,7% en 2021. Cette croissance est soutenue par les progrès réalisés en matière de vaccination, le maintien du stimulus budgétaire et monétaire et la très bonne campagne agricole. En somme, trois facteurs importants ont joué : le stimulus budgétaire, le coup de fouet monétaire et la campagne record de 103 millions de quintaux de la campagne 2020-2021. Ainsi, la valeur ajoutée agricole augmenterait de 18,8% et celle des activités non-agricoles de 5,3%. En définitive, les deux composantes, à la fois agricole et non-agricole, vont jouer de façon sensible.

«C’est pour cela que, dans nos dernières prévisions, le rebond est actuellement de l’ordre de 6,7%», explique Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib. La croissance économique nationale a enregistré en 2020 une contraction de 6,3%. Pour ce qui est de l’inflation, «les données sur les prix à la consommation font ressortir des hausses sensibles au cours des derniers mois pour certains produits alimentaires et pour les carburants et lubrifiants, en relation essentiellement avec des pressions externes liées à la flambée de leurs cours sur les marchés internationaux. Toutefois, l’inflation devrait rester à des niveaux contenus au cours des deux prochaines années», indique Abdellatif Jouahri, lors de la conférence de presse à l’issue de la réunion du conseil de BAM.

Maintien des niveaux élevés de plusieurs matières premières
La tendance haussière des cours des matières premières induite notamment par la reprise de la demande mondiale s’est fortement accélérée ces derniers mois. Selon le wali, «le renchérissement des denrées alimentaires reflète en particulier de fortes hausses des cours du sucre (37,9% en glissement annuel en novembre), des huiles végétales (51,4%) et, dans une moindre mesure, de ceux des viandes (17,6%)». Ainsi, il annonce leur maintien «à des niveaux largement supérieurs à ceux d’avant crise», au cours des deux prochaines années.

Les conséquences de ces évolutions sur le niveau de l’inflation
Le renchérissement des matières premières, conjugué à l’amélioration de la demande, au goulot d’étranglement au niveau de la production de certains biens ainsi qu’à l’augmentation du coût du fret, continue de générer de fortes pressions sur les prix à la consommation. Aux États-Unis, l’inflation s’est élevée à 6,8% en novembre. Son niveau le plus haut au cours des quarante dernières années. Elle ressortirait, en moyenne, à 4,7% en 2021 et devrait s’accroître à 6,1% en 2022 avant de ralentir à 3,7% en 2023. Dans la zone euro, l’inflation dépasserait la cible de la BCE, s’établissant à 2,5% en moyenne cette année et s’accélérerait à 3%, en 2022, avant de revenir à 2% en 2023. Face à ces pressions inflationnistes et à leur persistance, plusieurs banques centrales, aussi bien des économies avancées qu’émergentes ou en développement, ont procédé à des resserrements de leur politique monétaire à travers des hausses de taux et/ou des réductions de leurs programmes d’achats d’actifs. Les hausses de taux les plus récentes ont été annoncées, notamment au Royaume-Uni, en Russie, en Norvège, au Brésil, au Mexique, au Chili, au Pakistan, en Hongrie…

S’agissant de la BCE, elle a décidé, le 16 décembre, de maintenir inchangés ses taux directeurs, de mettre fin, en mars 2022, à son programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP) et de renforcer son programme d’achats d’actifs (APP) avant de le réduire progressivement. Aux États-Unis, à l’issue de sa réunion des 14 et 15 décembre, la FED a décidé, tout en gardant inchangée la fourchette cible du taux des fonds fédéraux à [0-0,25%], de doubler, à partir de janvier prochain, le rythme de réduction de ses rachats d’actifs à 20 milliards de dollars pour les titres du Trésor et à 10 milliards de dollars pour les titres adossés à des créances hypothécaires. Elle devrait mettre fin à ce programme plutôt en mars 2021. Le wali rappelle qu’à l’issue de la réunion de la FED et de son comité de politique monétaire, il est prévu de procéder à trois augmentations du taux directeur des fonds fédéraux en 2022.

Dissipation des prix alimentaires au niveau international en 2022 et 2023

Acteurs économiques et ménages ont assisté, cette année, à une accélération de l’inflation au Maroc. Selon le wali, «elle reste quand même à des niveaux contenus». Après avoir été à 0,7%, en 2020, l’inflation s’est accélérée à 1,3% sur les onze premiers mois de 2021, tirée notamment par sa composante sous-jacente, qui est passée de 0,5% à 1,5%. Cette composante sous-jacente est portée par la hausse sensible des prix de certains produits alimentaires, en lien avec l’évolution de leurs cours internationaux. Selon les prévisions de BAM, elle ressortirait à 1,7% en 2021 et à 2,7% en 2022, avant de revenir à 1,8% en 2023 avec la dissipation prévue des pressions extérieures. «Cela veut dire qu’en 2022 et 2023, les prix alimentaires au niveau international commenceront à se dissiper», explique Jouahri. Toujours dans la composante sous-jacente et dans le même sens, après une baisse de 12,4% en 2020, les prix des carburants et lubrifiants ressortiraient en hausse de 13,5% cette année et de 4% en 2022, avant de se contracter de 1% en 2023. Cependant, malgré la nette accélération de sa composante sous-jacente, l’inflation devrait rester à des niveaux contenus et s’établir, selon les projections de BAM, à 1,4% en 2021 et à 2,1% en 2022, avant de reculer à 1,4% en 2023.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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