Conjoncture : les secteurs porteurs qui dynamisent l’industrie
Le secteur national de l’industrie peut aborder l’avenir avec optimisme. Une enquête, menée par le ministère de tutelle, révèle une nette reprise après les turbulences de la pandémie. Avec près de 11.000 entreprises scrutées, cette étude met en lumière une croissance significative du chiffre d’affaires, une diversification sectorielle et une confiance renouvelée des investisseurs.
Près de 11.000 entreprises industrielles ont été passées à la loupe dans le cadre d’une enquête d’envergure, mobilisant près de 120 enquêteurs pour décortiquer les rouages de l’économie industrielle. L’étude, menée par le ministère de l’Industrie et du Commerce, a ciblé les entreprises comptant plus de 10 employés et opérant principalement dans le secteur industriel.
Cette investigation a accordé une attention particulière à l’inclusivité, en mettant en lumière les jeunes entreprises et les petites structures. De l’aéronautique à l’agroalimentaire en passant par l’automobile, 16 secteurs industriels étaient présents. Une innovation majeure a consisté en l’introduction d’une plateforme digitale dédiée, facilitant la collecte des données et offrant aux entreprises la possibilité de remplir directement leurs questionnaires électroniques.
Performance économique
Réalisée sur les exercices comptables 2021 et 2022, cette enquête évalue la performance économique du secteur industriel et identifie ses perspectives de croissance. Il en résulte que le chiffre d’affaires global a nettement augmenté, atteignant 801,5 MMDH en 2022, dépassant ainsi les niveaux d’avant la pandémie.
Cette performance remarquable a été portée par cinq secteurs clés, qui ont cumulé près de 80,5% du chiffre d’affaires total. Il s’agit de l’agroalimentaire, la chimie et parachimie, l’automobile, les industries mécaniques et métallurgiques, ainsi que le textile et habillement. Les différentes régions du Royaume ont participé activement à la performance enregistrée.
Dans cette dynamique, Casablanca-Settat a émergé en tête avec un chiffre d’affaires de 435,6 MMDH, témoignant de son rôle majeur dans l’économie nationale. Elle est suivie de près par la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, qui a enregistré un chiffre d’affaires significatif de 145,4 MMDH. Doublant presque sa valeur entre 2018 et 2022, Rabat-Salé-Kénitra se classe troisième avec un chiffre d’affaires de 79,4 MMDH. Fès-Meknès, Marrakech-Safi, Souss-Massa, l’Oriental et Béni Mellal-Khénifra, ont contribué de manière substantielle, totalisant près de 16% du chiffre d’affaires industriel global avec une valeur de 126,7 MMDH.
Dans le sud du pays, Laâyoune-Sakia El Hamra, Dakhla-Oued Eddahab et Guelmim-Oued Noun ont enregistré des avancées notables de leur chiffre d’affaires industriel, avec une évolution moyenne dépassant les 40%. Cette croissance est principalement impulsée par les activités liées à la transformation des produits de la mer, mettant en lumière le potentiel économique des régions du sud.
Rémission
La production du secteur industriel a affiché une reprise significative après les perturbations causées par la pandémie de Covid-19. En 2022, la valeur de la production industrielle s’est élevée à 738,7 MMDH, illustrant une dynamique positive et encourageante pour l’économie nationale. Cette reprise s’est matérialisée dans divers secteurs, avec cinq d’entre eux qui ont contribué de manière prépondérante à 82,2% de la production globale.
Parmi ces secteurs, la chimie-parachimie a réalisé une production notable de 182,7 MMDH, suivie par l’agroalimentaire avec 167,8 MMDH. L’industrie automobile, les industries mécaniques et métallurgiques, ainsi que le textile et habillement ont également enregistré des performances appréciables, renforçant ainsi la diversification et la robustesse du secteur industriel marocain. La valeur ajoutée industrielle, quant à elle, a poursuivi sa croissance remarquable en 2022. Le secteur a généré une valeur ajoutée de 212,4 MMDH, franchissant ainsi la barre des 200 milliards pour la première fois de son histoire.
Cette croissance s’est diffusée à travers différents secteurs, l’agroalimentaire en tête, qui ont généré une valeur ajoutée de 50,2 MMDH, suivi de près par la chimie et la parachimie avec 49,3 MMDH. L’industrie automobile et le textile et habillement ont également contribué de manière significative à la création de richesse, soulignant ainsi la diversité et la résilience du tissu industriel.
Investissement et exportations
Après les défis posés par la pandémie, le secteur industriel se redresse avec vigueur, illustrant une confiance renouvelée des acteurs économiques dans son potentiel de croissance. En 2022, les investissements dans le secteur ont totalisé près de 33,9 MMDH. La ventilation sectorielle des investissements révèle une répartition stratégique des ressources. La chimie et parachimie est en tête, ayant enregistré un investissement de 9,2 MMDH, suivie de près par l’agroalimentaire avec 8,7 MMDH, et l’industrie automobile (8,1 MMDH). Quant aux exportations du secteur industriel, elles ont joué un rôle essentiel dans la reprise économique, représentant 46,2% du chiffre d’affaires global du secteur en 2022.
Les secteurs à forte valeur ajoutée tels que l’aéronautique, l’automobile, la chimie et parachimie, ainsi que le textile et habillement, ont été les principaux contributeurs à ces exportations dynamiques. La ventilation sectorielle des exportations met en évidence la prédominance de certains secteurs : la chimie et parachimie arrive en tête (34%), suivie de l’automobile (30,2%), l’agroalimentaire (11,8%), et le textile et habillement (10,5%). En termes de ventilation régionale, Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Rabat-Salé-Kénitra ont concentré 85,5% des exportations industrielles, soulignant leur rôle central dans le commerce extérieur du pays.
Parallèlement, les régions du sud, notamment Guelmim-Oued Noun et Laâyoune-Sakia El Hamra, se sont distinguées par leur forte orientation vers l’exportation, avec des poids respectifs de 87% et 71,2% en 2022, principalement grâce à l’exportation de produits de la mer transformés.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO