Maroc

Carburant : Le diesel résiste au Maroc

En déclin continu sur les plus gros marchés mondiaux, le diesel vit encore de beaux jours au Maroc où il reste plébiscité par l’écrasante majorité des acheteurs de voitures neuves. Pourtant, dans le monde, sa mort a été annoncée ou tout au moins programmée. Explications…

Inventé il y a plus d’un siècle par un certain Rudolf Christian Karl Diesel, le moteur du même nom avait eu droit à une seconde vie avec l’avènement, à l’aube des années 2000, de l’injection directe par rampe commune. Son succès commercial aidant, les motorisations carburant au mazout ont gagné leurs titres de noblesse, jusqu’à devenir le carburant de toutes les possibilités, y compris en matière de sportivité. Aujourd’hui, cette euphorie semble bien lointaine. Du moins, à l’échelon européen et mondial où le diesel est en perte nette de vitesse.

Un repli mondial
En effet et alors qu’il représentait un peu plus de 50% des immatriculations neuves en Europe à fin 2016, le diesel a vu sa part reculer l’an dernier d’environ 3,7%, selon les estimations du cabinet d’études de marché Jato Dynamics. Taxé davantage que l’essence et accusé de tous les maux (pollution urbaine, détérioration atmosphérique, cancer…) à cause des particules nocives qu’il émet, le moteur diesel vit actuellement une désaffection grandissante dans le monde. C’est plus le cas dans les pays de l’hémisphère nord, où la clientèle se tourne désormais vers les voitures à essence et hybrides, voire électriques. Après un basculement de la demande l’an dernier sur plusieurs marchés (comme la France), ce mouvement est en passe de se généraliser à l’échelon du Vieux continent au terme des deux premiers mois de 2018. Les chiffres avancés par Jato Dynamics révèlent que, dans les immatriculations neuves, le diesel ne détient désormais qu’une part de: 21% en Norvège (-34%) et en Hongrie (-16%), 31% en Suisse (-22%), 33% en Allemagne (-19%), 35% au royaume uni (-24%), 38% en Espagne (-15%) ou encore, 41% en France (-10%).

Et au Maroc, qu’en est-il ?
Pour autant et quand bien- même il est notable, le désamour pour le diesel n’est pas tout à fait mondial. Il a, non seulement, encore droit de cité sur les marchés africains et du sud-est asiatique, mais sa part reste encore élevée dans certains pays comme la Thaïlande, la Corée du Sud ou la Nouvelle Zélande, selon le rapport de Jato Dynamics. C’est aussi le cas au Maroc, où les ventes de voitures neuves en 2017 font ressortir une part de 93,3% au profit du diesel ! Dans le royaume, on achète du diesel pour deux raisons : d’abord pour les économies qu’il offre (mais uniquement) à la pompe, ensuite, en prévision de la revente et afin de préserver une certaine valeur pour son véhicule sur le marché de l’occasion. Une demande qui a tort ! Car le moteur diesel revient plus cher à entretenir, ne s’amortit qu’à partir d’au moins 20.000 km/an et s’encrasse plus rapidement lorsqu’on roule sur des trajets courts au quotidien. Du coup et en boudant l’essence, les Marocains ont non seulement réorienté l’offre des importateurs vers le diesel, mais ont également fini par faire chuter la part de certains segments, comme celui de la micro-citadine. Une catégorie de voitures qui, pour la plupart, n’avalent que du sans-plomb et qui, jadis, avaient le vent en poupe.

L’hybride, un virage inévitable
Quant aux alternatives, elles sont là. Outre le moteur- essence, de moins en moins polluant et gourmand, car profitant d’une série d’évolutions technologiques (injection directe, down sizing, stop&start…), la technologie hybride (bloc essence + moteur électrique) est à considérer, incontestablement, comme l’une des meilleures alternatives au diesel. Nettement plus sobre et moins polluante qu’une motorisation thermique, la technologie hybride se profile même comme un virage inéluctable et peut-être même obligatoire avant la généralisation de l’électrique. En attendant, la baisse du diesel est mondialement enclenchée. Les consommateurs marocains sont-ils prêts à surfer sur cette vague de changement et troquer le diesel pour des moteurs à essence et les hybrides? Cette question nous l’avons posée au président de l’Aivam: «L’expérience nous a démontré que tout ce qu’on a pu observer dans le monde en termes de tendance, a fini par toucher le Maroc», estime Adil Bennani. À quelle échéance le diesel disparaîtra de nos catalogues d’automobiles pour n’exister que sous le capot des gros utilitaires et poids-lourds ? Personne ne le sait, mais il est fort à parier qu’après l’Europe et les Etats-Unis, le Maroc attendra quelques années encore.  



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