Maroc

Bilan du gouvernement. El Othmani assume ses décisions

Un an et demi après le début de l’actuel mandat gouvernemental, l’heure des bilans est venue. Saâd Eddine El Othmani, en sa qualité de chef de gouvernement, a affirmé jeudi dernier face aux Marocains,  présider et diriger le gouvernement, insistant ainsi sur sa responsabilité directe dans toutes les décisions prises, et à leur tête celle du non-changement d’heure. 

Heure d’été
des explications peu convaincantes
Le maintien de l’heure d’été a accaparé une bonne partie du grand oral, par ailleurs première sortie  du chef de gouvernement sur les deux chaînes Médi1 TV et Al Oula. Cette heure supplémentaire -de trop, comme d’aucuns la qualifieraient- a suscité l’ire d’une large frange de la société et rencontré un refus catégorique sur les réseaux sociaux. Mais elle sera malgré tout maintenue, a réaffirmé le chef de gouvernement. Selon lui, l’enjeu a trait à la sécurité énergétique du pays et n’obéit à aucun diktat extérieur. Mais il a aussi affirmé que le maintien du GMT +1 a été la résultante d’une large concertation avec plusieurs institutions qu’il n’a pas nommées. Il a surtout reconnu le cafouillage qui a accompagné l’adoption définitive et permanente de l’heure d’été. Il a promis que l’étude y afférente est multidimensionnelle et sera rendue publique. Celle-ci a été confiée au cabinet PWC qui aurait affirmé que les résultats avaient été livrés à temps. Pour El Othmani, il est aberrant de changer d’heure quatre fois par an. Et d’ajouter que ces vacances scolaires ont été une aubaine pour mûrir la réflexion autour du temps aménagé pour les élèves. Mais si une certaine flexibilité a été tolérée dans l’administration, le flou total entoure l’application de ces horaires pour les enfants des salariés du privé. El Othmani ne se sent pas particulièrement concerné, estimant que ces derniers peuvent mener leur propres négociations avec le patronat. «Nous continuons l’évaluation, et il est hors de question d’abandonner l’heure d’été vu son importance dans la rationalisation de la facture énergétique, tout en évitant le risque de coupures de courant lors des périodes de pointe», a-t-il renchéri.

Dialogue social
une nouvelle offre gouvernementale dans le pipe
El Othmani a affirmé qu’une nouvelle proposition gouvernementale devrait être présentée vendredi aux syndicats lors d’une rencontre qui s’inscrit dans le processus de dialogue social. Le chef de gouvernement a souligné que ce dernier continuera malgré le stand-by qui l’a marqué depuis sa reprise, il y a un mois. Il a ajouté que la revalorisation des allocations familiales sera appliquée dès début 2019, dans le cadre d’un accord avec les syndicats… ou non. Il a mis en avant la complexité du processus de négociation avec chaque syndicat pour parvenir ensuite à un consensus. Les retraites, qui constituent également un chapitre important du processus de dialogue social, devraient connaître une dynamique. El Othmani a annoncé à cet effet qu’une commission est en train de préparer une étude dans le cadre de la réforme globale à laquelle le gouvernement tient mordicus.

Crise entre les composantes du gouvernement
Sur ce sujet particulièrement sensible, le chef de gouvernement a expliqué la complexité de la gestion des sensibilités politiques et les confrontations qui peuvent naître de l’interdépendance des secteurs. «J’effectue jusqu’à 15 arbitrages par semaine entre les ministres», a-t-il révélé. El Othmani n’a pourtant pas été prolixe concernant l’épisode assez conflictuel avec le PPS au sujet de la suppression du Secrétariat d’État chargé de l’Eau. Il a toutefois affirmé que l’idée de se délester des secrétariats d’État est le fruit d’une réflexion personnelle qui n’a jamais -ou pas encore- été abordée au sein de la majorité. Il a par ailleurs affirmé que l’équipe gouvernementale est assez homogène et soudée pour mettre en œuvre son programme. «Nous sommes attachés à la cohérence et à la convergence entre les différents départements gouvernementaux, et nous veillons à ce que les divergences ne se répercutent pas sur la gestion gouvernementale», a-t-il soutenu.

Nouveau modèle
de développement du Maroc
Interrogé sur la commission ad hoc demandée par le souverain et qui doit recueillir les propositions et réflexions au sujet du modèle de développement, le chef de gouvernement a indiqué qu’elle n’a pas encore été constituée. Mais il a mis en avant les deux études menées avec l’OCDE qui portent sur le diagnostic et l’amélioration des indicateurs. Pour lui, il s’agit d’un débat complexe, parfois philosophique, qui nécessite un certain temps pour être mûri. Il n’a pas manqué de vanter les valeurs du travail, de la bonne gestion du temps et du respect de la loi qui sont des prérequis pour améliorer le rendement de l’économie nationale et prétendre à un meilleur modèle de croissance. Dans ce sens, il a annoncé que la loi sur les PPP sera revue pour impliquer davantage le secteur privé dans les projets structurants, comme les autoroutes par exemple.

L’emploi
une priorité
L’emploi est un enjeu majeur, sinon l’enjeu premier pour tout gouvernement. El Othmani a souligné à ce propos que l’emploi représente un axe central dans lequel de grands efforts ont été déployés. Il a étayé son propos en se référant au PLF 2019 qui, selon lui, contient plusieurs mesures visant à réduire le taux de chômage à travers l’encouragement du secteur privé, des associations et des auto-entrepreneurs. S’ajoute à cet arsenal une armada de mesures dont les plus saillantes ont trait à l’adaptation de la formation au marché du travail et la signature de conventions régionales pour impliquer les régions dans la politique de l’emploi. Dans ce sens, a-t-il expliqué, le gouvernement œuvre au développement de la formation professionnelle, mais aussi à la création de nouveaux établissements orientés vers des métiers prometteurs et l’encouragement de l’investissement industriel national et étranger afin de promouvoir ce secteur.

Santé
la priorité est de réformer le Ramed
Le secteur de la santé a accaparé une bonne partie de l’émission de jeudi soir. Les déficits se sont accumulés, et les citoyens exigent de plus en plus des soins de qualité. Il n’a pas omis le fait que ce secteur social impacte directement le classement du Maroc sur l’indice du développement humain. El Othmani n’a, certes, pas de baguette magique pour faire basculer les choses en un seul mandat, mais une certaine marge de manœuvre est exploitable. À ce sujet, le chef de gouvernement a indiqué que ce domaine doit bénéficier d’un intérêt particulier, notant l’existence de dysfonctionnements liés principalement à la gouvernance du système de couverture médicale RAMED. Il a préconisé -l’idée n’est pas nouvelle- la mise en place d’un organisme spécial chargé de traiter les problèmes relatifs à ce système ainsi que le renforcement des ressources humaines qui souffrent d’un déficit aigu. Pour remédier à cette situation, El Othmani a fait savoir que le budget alloué au secteur de la santé sera augmenté tous les ans, appelant à cet égard à la conjugaison des efforts de l’ensemble des intervenants des secteurs public et privé pour réaliser les objectifs escomptés.

Enseignement
la gratuité est sacrée
En ce qui concerne la contractualisation dans l’éducation, El Otmani a précisé que toutes les académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF) ont ratifié le statut relatif aux enseignants contractuels qui définit l’ensemble des engagements et droits de cette catégorie. Et d’assurer que la situation des contractuels est «stable et leurs droits sont garantis». Dans ce contexte, le chef de gouvernement a rappelé le lancement d’un programme pour la formation de 200.000 enseignants à l’horizon 2028, soit 20.000 cadres compétents et bien formés qui seront d’un grand apport pour le système de l’éducation et de la formation. Il a par ailleurs insisté sur l’attachement du gouvernement à la gratuité de l’enseignement, assurant qu’«il n’existe aucune intention de renoncer au principe de gratuité».



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